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La Izquierda Diario
19 de février de 2019 Twitter Faceboock

Travailleurs en colère
Toulouse. Les gilets jaunes aux côtés des travailleurs d’un sous-traitant d’Airbus en grève
Pepe Balanyà

Le mouvement des gilets jaunes a marqué l’émergence dans la scène politique de larges secteurs de la société longtemps réduis au silence et ne pouvant plus se résigner à subir des conditions d’existence toujours plus dégradées : travail précaire, services publics volontairement délaissés, politiques antidémocratiques… Le ras-le-bol généralisé et la révolte semblent s’étendre maintenant aux secteurs les plus précaires du mouvement ouvrier : les travailleurs de la sous-traitance...

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Crédit Photo : Twitter Collectif Classe

Si le mouvement des gilets jaunes a dévoilé d’un côté les conditions d’existence économique et sociale à chaque fois plus dégradées auxquels doit se soumettre un nombre croissant de la population, de l’autre côté, ce mouvement-là, a aussi démontré que ces conditions de vie ne sont pas une fatalité et que l’action collective des travailleurs, des chômeurs, des retraités et de l’ensemble des classes populaires est porteuse d’un autre type de société et peut faire tomber le gouvernement. Cet éveil, cependant, ne se restreint pas aux gilets jaunes mais commence à se répandre parmi d’autres secteurs très précarisés du mouvement ouvrier : les travailleurs de la sous-traitance. Cette contagion, cependant, n’implique pas seulement le fait que d’autres personnes puissent rejoindre les gilets jaunes, mais notamment que, de par l’entrée des secteurs du mouvement ouvrier dans la lutte, l’action change de front et puisse faire un saut qualitatif en pouvant bloquer le cœur de l’économie.

Les gilets jaunes aux côtés des travailleurs en grève

C’est dans cet esprit de révolte face au ras-le-bol généralisé porté par les gilets jaunes que les travailleurs de l’entreprise Derichebourg Atis Aéronautique, un sous-traitant d’Airbus, lançaient une deuxième journée de grève ce mardi 19 février en demandant la « prime Macron » – une prime gagnée grâce à la lutte des gilets jaunes – à hauteur de 1000€, la hausse de salaires de 50€ et la renégociation des primes sur l’intéressement et la participation. 

Ce mouvement de grève, qui a été lancé le mardi 12 février par le collectif « en colère », un collectif mis en place par les salariés de cette entreprise, a réussi à rassembler 200 travailleurs chacun de ces deux mardis de grève et a été rapidement soutenu par la section UNSA SNMSAC DAA – qui avait déjà été contactée par le collectif « en colère » le 5 février – et par plusieurs gilets jaunes qui sont allés vers 7 heures du matin devant la siège social de l’entreprise, à Blagnac, aux côtés des travailleurs. 

L’accès à l’entreprise était cependant bloqué par une quarantaine de vigiles et la police observait la scène de loin. Les patrons de l’entreprise sous-traitante, malgré un chiffre d’affaires proche de 121 millions d’euros en 2017, ne sont pas prêts à céder sur les revendications des salariés et préfèrent appeler la police pour intimider les salariés. Si la politique de Macron consiste à gérer les affaires des grands patrons à l’échelle de l’Etat, la politique des patrons au sein des entreprises est celle de Macron à petite échelle : s’entourer des flics s’il y a des problèmes, ne rien céder et continuer à faire des profits sur la misère des travailleurs tant que le rapport de force leur sera défavorable. 

Face à l’obstination de la direction de l’entreprise, qui le mardi 12 février avait déjà reçu une délégation des travailleurs sans rien céder pour autant, ceux-ci ont décidé dans une assemblée générale de refaire grève vendredi 22 février et de se retrouver dès 6h au rond-point de la Crabe.

Le fait que les gilets jaunes appuient ces mouvements de grève et la révolte qui commence à se répandre à certains secteurs du mouvement ouvrier pourrait changer la face du mouvement pour lui redonner de la force si cette dynamique venait à s’étendre. D’autant plus sur Toulouse, où le fort mouvement des gilets jaunes peut renforcer des dynamiques de grève, et cela dans le principal bastion d’Airbus et de ses sous-traitants qui, d’ailleurs, pourraient entamer une vague de plus d’un millier de licenciements suite au probable arrêt de production de l’A380. 

Accompagner les blocages des ronds-points par des grèves des secteurs d’Airbus, le principal groupe industriel et économique de la France et de l’Europe, donnerait une autre dimension au mouvement. Les travailleurs ont tout intérêt à se mettre en grève dans la situation politique ouverte par les gilets jaunes, et ceux-ci ont tout à gagner à être aux côtés du mouvement ouvrier combatif.

 
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