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La Izquierda Diario
22 de février de 2019 Twitter Faceboock

Macron annonce la dissolution de trois organisations d’extrême droite "pour commencer"
Lili B

Dans le contexte actuel marqué par une amplification des actes antisémites, Macron a demandé, lors du discours annuel du CRIF, la dissolution de trois organisations d’extrême droite : Bastion Social, Blood and Honour Hexagone et Combat 18. Une mesure opportuniste, en réalité dans les tiroirs depuis plus de 2 mois, adoptée par Macron qui tente d’apparaitre comme la grande figure de la lutte contre l’antisémitisme. Mais il apparaît clairement que ce ne sont pas ces seules mesures et surtout pas l’arme législative du gouvernement, celui-là même qui commémorait récemment Pétain et qui structure les inégalités sociales et le racisme structurel, qui permettra de combattre l’extrême droite et toutes les formes de racisme.

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Cette annonce a été présentée comme l’une des mesures fortes du gouvernement pour lutter contre la hausse des actes antisémites. En effet, à l’occasion du dîner annuel du CRIF - Conseil représentatif des organisations juives de France - auquel Macron s’est rendu, ce dernier a déclaré ceci : « Parce que la période met en cause ce que nous sommes, la France doit tracer de nouvelles lignes rouges (...). J’ai demandé au ministre de l’Intérieur d’engager des procédures visant à dissoudre des associations ou groupements qui par leur comportement nourrissent la haine, promeuvent la discrimination ou appellent à l’action violente ». Proposant dés lors de dissoudre « pour commencer » le Bastion Social, groupe d’inspiration fascisante né de la dissolution du GUD, Blood & Honor Hexagone et Combat 18, deux groupuscules néonazi.
 
Si cette décision a été présentée - aux côtés de la mesure visant à lutter contre la haine sur les réseaux sociaux à travers le renforcement de l’arsenal législatif et policier - comme l’une des réponses phares du gouvernement face à l’amplification des actes antisémites, celle-ci était en réalité déjà prévue par le gouvernement comme l’a affirmé Médiapart : « Depuis plus de deux mois, la décision était dans les tuyaux du ministère de l’intérieur et le motif de la dissolution de ce mouvement né des décombres du GUD (Groupe Union défense) n’était pas son antisémitisme, mais son incitation à la constitution d’un groupe armé… lors de l’acte III des ‘gilets jaunes’ ».
 
L’une des mesures phares du gouvernement pour lutter contre le fléau que représente l’antisémitisme, en hausse, est donc une mesure réchauffée qui ne sera pas en mesure de combattre l’extrême droite, l’antisémitisme et autres racismes. Et ce alors que les chiffres témoignent d’une montée et d’une banalisation du racisme, dans lesquelles le gouvernement actuel, les précédents, ainsi que la classe politique en général, ont une lourde part de responsabilité.
 
De nombreux observateurs des mouvances d’extrême droites, à l’instar de Stéphane Français, historien spécialisé dans l’étude de l’extrême droite, mettent en avant l’inefficacité de ces mesures qui ne permettent pas de combattre l’extrême droite : « C’est un simple changement de nom. L’héritage reste » - l’Action française, qui a été dissoute en 1936, existe par exemple dans les faits toujours - note Stéphane François, qui met en avant plutôt les effets d’annonces et le message politique lancés par les gouvernements à travers ces mesures.
 
Ici c’est le message de Macron et de son gouvernement qui, traversant une crise politique profonde et en grande difficulté, tentent de se positionner comme les plus fervents opposants de l’antisémitisme, et ce alors que Macron a récemment commémoré et tenté de réhabiliter Philippe Pétain, chef du régime collaborationniste de Vichy et qu’il a, dans la continuité des gouvernements précédents, participé à la banalisation du racisme et idées réactionnaires avec notamment sa rhétorique nationaliste ; mis en place nombre de lois et mesures réactionnaires, racistes, d’exclusion des minorités, à l’instar de l’entérinement dans le droit commun de l’Etat d’urgence, de la loi Asile et Immigration. Tout ceci accompagné de mesures profondément antisociales, qui accroissent les inégalités sociales et la précarisation et qui font le lit de l’extrême droite et du racisme.

Ainsi, il apparaît clair que ce n’est pas le bras législatif de ce gouvernement qui, de par ses politiques favorise en plus la montée du racisme - envers les juifs et autres minorités - et de l’extrême droite, qui va permettre de les combattre.
Combattre le racisme et les bases matérielles qui permettent son maintien et sa propagation, c’est évidement combattre ces groupes d’extrême droite, mais également l’Etat, l’ordre social qu’il protège, ses institutions, qui sont, comme l’a déclaré justement Omar Slaouti lors du rassemblement organisé à Ménilmontant pour dénoncer l’antisémitisme mais aussi son instrumentalisation par le gouvernement et la classe politique, « les architectes du racisme structurel ».
Il est en effet central de combattre le pseudo antiracisme de Macron et consorts ainsi que l’instrumentalisation qu’ils font de la montée de l’antisémitisme pour criminaliser les personnes et organisations qui luttent, réellement, elles, contre le racisme et le colonialisme. Cette criminalisation s’appuie sur la construction d’un amalgame visant à affirmer que l’antisionisme est la nouvelle forme que prend l’antisémitisme. Une opération qui vise d’une part à criminaliser l’ensemble des organisations qui critiquent et luttent contre la politique coloniale et criminelle de l’Etat d’Israël ainsi qu’à justifier l’alignement du gouvernement Macron sur la politique de l’extrême droite israélienne. Ce soutien à la politique coloniale de l’Etat d’Israël et à son gouvernement d’extrême droite d’une part, ainsi que l’amalgame antisémitisme et antisionisme d’autre part, mettent en avant le caractère hypocrite de l’antiracisme made in Macron. Ainsi, à l’heure où Macron entend combattre l’antisémitisme et l’extrême droite, il soutient un gouvernement qui mène une politique criminelle et raciste envers le peuple palestinien, et alimente lui-même une rhétorique sur laquelle capitalise une partie de l’extrême droite, entre autre Soral, celle de la confusion entre antisionisme et antisémitisme.

S’appuyant sur cet amalgame antisionisme et antisémitisme, Macron a dès lors déclaré que les associations proposant le boycott d’Israël seront traitées « sans aucune complaisance ». Avec en ligne de mire le mouvement BDS et ses soutiens, premières victimes de cette offensive.
D’ailleurs, on ne peut pas échapper à l’ambiguïté du discours de Macron tenu ce mercredi soir, dans lequel ce dernier déclare qu’il va cibler les groupuscules d’extrême droite, « pour commencer ». Le début de criminalisation opérée par le gouvernement à l’égard des forces sociales anti racistes et anti colonialistes, ainsi que la rhétorique couramment utilisé - encore récemment dans le contexte de la mobilisation des Gilets Jaunes - visant à renvoyer dos à dos les « extrêmes », laissent à penser que derrière le ciblage des « extrêmes », l’objectif du gouvernement sera également à terme de criminaliser y compris l’extrême gauche qui refuse la fausse posture antiraciste du gouvernement ainsi que son instrumentalisation de l’antisémitisme.

Tout ceci et toutes ces contradictions qui émergent démontrent le véritable visage du prétendu antiracisme bourgeois, utilisé pour tenter de reprendre la main dans un contexte d’affaiblissement profond du gouvernement et de difficulté à refermer la crise ouverte par le mouvement des Gilets Jaunes, et pour blanchir les premiers responsables, des années durant, de la banalisation du racisme sous toutes ses formes, y compris de l’antisémitisme.

 
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