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La Izquierda Diario
26 de février de 2019 Twitter Faceboock

Faux féminisme et islamophobie
Levée de boucliers islamophobe : Decathlon retire son hijab de sport de la vente
Anna Ky

Depuis que la marque de sport a annoncé la commercialisation en France d’un hijab de running, les personnalités politiques de tous bords s’en donnent à cœur joie pour dénoncer l’"islamisation" de Décathlon et surtout, pour s’ériger en grands défenseurs des droits des femmes. A tel point que la marque a annoncé retirer ce produit de la vente.

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Depuis que la marque Décathlon a annoncé son intention de commercialiser au-delà du Maroc – où il est déjà vendu – un « hijab de running », la toile s’est enflammée. De nombreux Tweets de personnalités politiques, membres de LREM comme de l’opposition à gauche et à droite, ont inondés les réseaux sociaux.
« Nouvelle intrusion du communautarisme islamique dans l’espace public » pour le Rassemblement National ; « contraire à la liberté des femmes » pour la porte-parole des Républicains ; « apartheid sexuel » dans un communiqué relayé par une députée du Parti Socialiste…

Si la levée de bouclier a été quasiment unanime au sein de la caste politique, instrumentalisant sans vergogne ce fait d’actualité à des fins islamophobes, les portes-paroles de la marque visée ont répondu que la polémique n’aurait pas d’impact sur la commercialisation de ce vêtement de sport.

« Nous assumons complètement le choix de rendre le sport accessible pour toutes les femmes dans le monde. C’est presque un engagement sociétal, si cela permet à des coureuses de pratiquer la course à pied, nous l’assumons avec sérénité, a ainsi déclaré Xavier Rivoire, le responsable de la communication chez Décathlon. L’engouement pour le produit a fait que nous nous sommes posé la question de le rendre disponible [au-delà du Maroc]. »

La conceptrice du hijab, s’est également positionné, revendiquant le fait « que chaque femme puisse courir dans chaque quartier, dans chaque ville, dans chaque pays, indépendamment de son niveau sportif, de son état de forme, de sa morphologie, de son budget. Et indépendamment de sa culture ».

Mais sous la pression et les menaces de boycott, la marque a fini par faire volte-face et a annoncé qu’elle n’allait pas commercialiser ce hijab. « Nous prenons effectivement décision en toute responsabilité en ce mardi soir, de ne pas commercialiser à l’heure qu’il est ce produit en France » a déclaré Xavier Rivoire ce mardi soir.

Si les motivations d’une firme telle que Décathlon sont avant-tout commerciales, ce débat d’actualité pose sans nulle doute des questions politiques profondes, dans un pays comme la France, régulièrement secoué par des polémiques autour de l’interdiction du voile ou encore la question des burkinis sur les plages. Derrière les prétextes "féministes" hypocrites, l’affaire Décathlon ne fait que refléter l’islamophobie ordinaire.

Islamophobie sous couvert de « liberté des femmes »

En France, depuis les premières "affaires" autour du voile à la fin des années 1990, les débats autour de l’interdiction du voile « au nom de la liberté » des femmes s’inscrivent avant tout dans la persécution quotidienne, islamophobe et raciste, subie par les populations musulmanes.

Des attaques qui se drapent bien souvent dans les revendications féministes. Il est bien ironique de voir la ministre de la santé Agnès Buzyn afficher des convictions déclarer, à propos du hijab de Décathlon : « J’aurais préféré qu’une marque française ne promeuve pas le voile […] Personnellement, je n’ai pas envie qu’on favorise la différenciation entre les hommes et les femmes. », alors même que les réformes du système public de santé qu’elle a fait passer ces derniers mois précarisent des milliers de travailleuses de la santé, rendant insupportables leurs conditions de vie et de travail. Alors même que le manque de budget alloué aux hôpitaux touche en premier lieu les femmes, qui n’ont pas accès à des soins décents, et met particulièrement en danger le droit à l’avortement.

En réalité, focaliser le débat sur un accessoire vestimentaire en particulier revient à nier le droit des femmes à décider elle-même comment se vêtir et comment mener le combat contre l’oppression patriarcale. Il s’agit ni plus ni moins de la stigmatisation d’un secteur bien particulier de la population, les personnes musulmanes, constamment victimes de discrimination , soumises à la violence arbitraire de la police depuis les quartiers populaires jusqu’aux plages du sud de la France, face à un État raciste et islamophobe qui attaque par ailleurs régulièrement les acquis des femmes.

 
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