http://www.revolutionpermanente.fr/ / Voir en ligne
La Izquierda Diario
26 de février de 2019 Twitter Faceboock

« Pas en mon nom »
Contre le 5e mandat de Bouteflika, des milliers d’étudiants mobilisés en Algérie
Iris Serant

Ce mardi, des mobilisations et des manifestations d’étudiants avaient lieu dans plusieurs villes d’Algérie, contre la cinquième candidature de l’actuel président Bouteflika.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Contre-le-5e-mandat-de-Bouteflika-des-milliers-d-etudiants-mobilises-en-Algerie

Depuis le 22 février, l’Algérie est secouée par des manifestations massives et inédites d’ampleur nationale et avec une radicalité certaine. La colère populaire s’est emparée des rues après que la candidature pour un cinquième mandat de Bouteflika ait été officiellement communiquée. Sommet de l’anti-démocratisme et de l’autocratie, les élections présidentielles de 2014 le menant une nouvelle fois au pouvoir avaient déjà été décriées, les 80 % de suffrage obtenus, avec plus de 50 % d’abstention étaient déjà la preuve d’élections grandement trafiquées. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues vendredi contre un cinquième mandat et pour une démocratisation du régime.

Des universités en ébullition, malgré la répression

Ce mardi, des milliers d’étudiants ont aussi répondu à l’appel lancé sur les réseaux sociaux dans plusieurs villes d’Algérie, notamment dans la capitale, mais aussi à Oran, Tizi Ouzou, Bouira, Boumerdès ou encore Sétif, n’attendant rien du 18 avril et de l’exhortation du gouvernement à aller s’exprimer dans les urnes.

Dans le centre d’Alger, les agents de sécurité de l’université sont allés jusqu’à cadenasser les grilles pour empêcher les étudiants d’aller manifester. Ils étaient environ 500 à décider d’occuper ce centre universitaire pour protester. Et malgré l’interdiction de manifester qui sévit dans la ville depuis 2001, ils étaient des centaines à défiler aux sons de « Bouteflika dégage ! », « Algérie libre et démocratique ».

Dans la ville, un important dispositif policier a été déployé, notamment aux approches des centres universitaires, mais les étudiants ont réussi à forcer les barrages pour aller au centre de la ville. Dans d’autres campus, comme celui de médecine, les étudiants ont dû rester sur place à cause de l’encerclement des forces de répression.

A côté de ça, 29 professeurs d’université avaient aussi pris position en signant une déclaration appelant les universitaires à se mobiliser ce mardi aux côtés des étudiants, un texte dans lequel ils déclaraient : « Nous devons nous engager à fournir les moyens politiques qui empêcheront que s’installe le vide qui permettra la reproduction d’un système politique usé. Notre responsabilité est de paver le chemin de la société qui trace sa voie vers la liberté et la justice, qui mettront fin, définitivement, à un système qui a produit violence et corruption ».

Dans un pays rongé par l’impérialisme et un gouvernement d’autant plus autoritaire, la misère sociale explose, impactant de plein fouet la jeunesse, dont près d’un tiers est au chômage. Là où plus de la moitié des 42 millions d’habitants a moins de 30 ans, la révolte qui commence à éclater dans la jeunesse scolarisée n’a rien d’anodin. D’autant plus compte tenu de la radicalité qui s’y exprime.

Organisations traîtres : « Pas en mon nom »

Le déclencheur de cet appel a notamment été le soutien ouvertement affiché de 11 associations étudiantes à Bouteflika. C’est autour du mot d’ordre « Pas en mon nom » que la mobilisation s’est organisée. Un étudiant déclarait ainsi à l’AFP : « Nous organisons une démonstration de force afin de montrer que ces 11 associations n’ont pas parlé en notre nom ».

Cette dénonciation de l’alignement des organisations étudiantes derrière le gouvernement et de leur cooptation est d’autant plus importante dans un moment où la principale organisation syndicale du pays, l’UGTA, est elle aussi derrière Bouteflika, alors même qu’une entrée massive en scène du mouvement ouvrier permettrait d’apporter une réponse de taille à la crise politique et sociale qui traverse la société algérienne, pour dépasser le corporatisme et le régionalisme des luttes isolées menées par les directions syndicales.

 
Revolution Permanente
Suivez nous sur les réseaux
/ Révolution Permanente
@RevPermanente
[email protected]
www.revolutionpermanente.com