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La Izquierda Diario
27 de février de 2019 Twitter Faceboock

Eborgné en 2012
7 ans après les faits, l’Etat va indemniser Casti, supporter éborgné par un flash-ball
Julian Vadis

Le 21 septembre 2012, en marge du match de football Montpellier/Saint Etienne, Florent Castineira, dit « Casti », perd son œil suite à un tir de flash-ball donné par un agent de la BAC. L’Etat a été reconnu responsable du drame en octobre dernier, et, 7 ans après, va devoir indemniser le supporter. Une victoire.

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Crédits photo : Page facebook Justice pour Casti

C’est le quotidien régional Midi Libre qui a révélé l’information. Ce mardi 27 février, le tribunal administratif de Montpellier examinait la demande d’indemnisation de « Casti », supporter montpelliérain éborgné en marge du match Montpellier/Saint Etienne le 21 septembre 2012, par l’Etat, reconnu responsable du drame en octobre dernier. Si le rapporteur public demande à ce que l’indemnisation soit de 60 000€, l’avocat du supporter mutilé a estimé que cette indemnisation devrait se situer à 140 000€. Le tribunal administratif devrait rendre sa décision d’ici 3 semaines environ.

Rappel des faits

Cette décision intervient donc près de 7 ans après un très long combat judiciaire pour « Casti », ses proches et ses soutiens, alors que l’usage des flash-ball et autres LBD est aujourd’hui au centre des polémiques dans le cadre du mouvement des Gilets Jaunes. Un combat qui a été parsemé de procédures et de véritables scandales.

Tout au long de cette affaire, la version policière consistait à affirmer que leur intervention visait à mettre fin à une bagarre entre supporters des deux clubs. Une version totalement intenable, puisque les supporters de Saint Etienne étaient alors déjà installés dans le stade, qui a directement été démenti par des témoins. Ces derniers ont assuré que le tir de flash-ball par un agent de la BAC avait été le déclencheur de l’échauffourée. Toujours selon les témoins présents au moment du drame, Casti était, quant à lui, installé dans un stand de fritte en attendant le match. Cela n’avait pas empêché la justice de blanchir l’agent responsable du tir de flash-ball, au nom de la légitime défense.

Alors que les « Ultras » de l’Europe entière ont manifesté immédiatement leur soutien au supporter mutilé, et qu’une manifestation avait même eu lieu à Montpellier en 2012, rassemblant 1500 supporters des quatre coins du continent, un premier coup de tonnerre judiciaire a retenti le 30 août 2016. Durant 4 ans, la justice avait refusé tout visionnage des caméras de surveillance, les jugeant soit inexploitables, soit introuvables. Puis les images ont finalement été visionnées par Casti, son avocat, son agresseur, la juge et le greffier... et la version policière s’écroule. Après 4 ans à plaider la légitime défense, l’agent de la BAC incriminé change alors son fusil d’épaule et nie purement et simplement les faits. Pire encore, dans un cynisme absolue, l’agent déclare « je suis policier, je suis assermenté, je n’ai jamais menti, j’aimerais en finir aujourd’hui avec cette histoire, je ne suis pas responsable des blessures de M. Castineira et j’aimerais qu’il dise la vérité », dans des propos relayés par Casti lui même sur Facebook.

Le 7 novembre 2017, nouveau scandale. La justice prononce un non-lieu en faveur de l’agent de la BAC, qui est donc blanchi de toute responsabilité dans la mutilation de Casti. Une décision qui ne manquera pas de faire polémique, soulignant le rôle de protection que joue la justice envers l’institution policière. Depuis, Casti a inlassablement poursuivi son combat, jusqu’à que l’Etat soit reconnu responsable du drame en octobre dernier, et le processus d’indemnisation qui connaîtra son dénouement d’ici à 3 semaines.

Casti appelle les Gilets Jaunes mutilés à se tourner vers la justice administrative pour engager la responsabilité de l’Etat et obtenir réparation

Ce nouveau rebond dans « l’affaire Casti » rappelle avec force que les stades de football et les quartiers populaires ont été, des années durant, de véritables laboratoires de la répression, aujourd’hui appliquée aux mouvements sociaux. Un parallèle explicite puisque la très controversée loi « anti-casseurs », qui n’est rien d’autres qu’une loi restreignant le droit à manifester, est directement inspirée de la législation « anti-hooligan » mise en œuvre depuis le début des années 2000.

C’est pourquoi le combat contre les flash-ball, le LBD et le combat pour leur interdiction ne doit pas se cantonner aux seuls mouvements sociaux, mais doit s’inscrire dans une bataille globale pour une interdiction sur l’ensemble du territoire. Ce lien, Casti lui même l’a directement fait, en encourageant tout les Gilets Jaunes à mener la bataille judiciaire pour engager la responsabilité de l’Etat et obtenir réparation.

 
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