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La Izquierda Diario
4 de mars de 2019 Twitter Faceboock

Justice et vérité pour Fatih et Adam !
Colère à Grenoble après le mort d’Adam et Fatih, 17 et 19 ans, dans une course-poursuite avec la BAC
Max Demian

Un drame qui évoque ce slogan, tragique, faisant référence à la mort de Zyed et Bouna en 2005, eux aussi dans une course-poursuite avec la BAC : « Quand on voit Théo et Adama, on sait pourquoi Zyed et Bouna courraient. »

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Toujours plus de répression lorsque la colère s’exprime contre cette même répression

Fatih et Adam, deux jeunes de 17 et 19 ans, ont été poursuivis par la BAC alors qu’ils étaient en scooter. Essayant d’échapper à la BAC, dont les violences et humiliations envers les jeunes de banlieue sont largement documentées, les deux jeunes ont trouvé la mort sur le pont de Catane, où ils ont été percutés par un bus. "Vous pouvez écrire que la police est responsable de leur mort", a expliqué un proche des victimes, en sortant du palais de justice de Grenoble ce dimanche. De leur côté, le parquet mettent en avant la thèse d’un "accident" comme hypothèse principale bien relayé par les grands médias.

S’il est clair que les circonstances exactes sont encore à déterminer, évoquer une mort accidentelle équivaut en définitive à dédouaner les forces de police de toute responsabilité. Une mort "naturelle" en somme comme si la poursuite de la BAC n’avait rien à voir dans l’équation. Ce serait ainsi un simple accident routier. Pire encore, il s’agit même de retourner l’accusation en pointant les deux jeunes hommes comme ayant une responsabilité dans leur propre mort. C’est notamment que tend à faire BFM-TV en affirmant que "les deux victimes - qui circulaient sans casque sur un scooter de grosse cylindrée, volé et dépourvu de plaques - ont trouvé la mort en percutant un autocar, tandis qu’un véhicule de la brigade anticriminalité les suivait."

Le procédé est connu : dédouaner les forces de police de toute responsabilité et décrire les jeunes hommes comme des "délinquants en puissance" histoire de tenter de justifier l’injustifiable. Sans même parler du fait que selon une note de la police nationale elle-même, la course-poursuite d’un véhicule n’est censée être autorisée que dans le cas d’« une situation grave », comme la « fuite d’un individu armé ayant l’intention d’attenter à la vie d’un tiers », « d’un auteur armé ou non, d’un crime de sang », « d’un auteur non identifié d’autres crimes ou délits entraînant un préjudice corporel ». Reste à savoir par quel subterfuge les policiers justifieront cette fois-ci leurs agissements. Cette énième mort de jeunes dans le cadre d’une poursuite par la police n’est pas sans rappeler celle des adolescents Moushin Sehhouli et Laramy Samoura, percutés mortellement par une voiture de la police nationale à Villiers-le-Bel (95) en 2007.

Dans la nuit de samedi à dimanche, la situation a monté en tension après l’intervention de la police suite à un appel à un rassemblement vers le lieu du drame. Un commissariat a également été pris pour cible par une trentaine de jeunes, ainsi que des voitures qui ont été brûlées, avant que ne soit mis en place un dispositif policier renforcé. Face à cette colère légitime, le procureur de Grenoble s’est empressé d’écarter toute responsabilité policière dans la mort des deux jeunes, mettant en avant le fait que ceux-ci ne portaient pas de casque et auraient commis des infractions de la route, comme s’il s’agissait d’un vulgaire accident de la route. Une version affirmée avec une certitude qui dénote avec l’annonce de l’ouverture d’une information judiciaire pour "recherches des causes de la mort". De leur côté, les réseaux sociaux sont bien plus méfiants et en appellent aux témoignages, plusieurs internautes évoquant la possibilité d’une énième "bavure policière".

Si le terme « bavure » est généralement utilisée pour pointer une dérive individuelle, nous le récusons car cette mort est en réalité l’expression d’une violence systémique de la police contre les jeunes de banlieue, et c’est cette même violence qui prévaut dans le quartier du Mistral de Grenbole, où vivaient Fatih et Adam. Un proche des victimes a elle même déclaré « Vous pouvez écrire que la police est responsable de leur mort » en sortant du palais de justice de Grenoble. Le magistrat s’en tenant pour sa part à déclarer que l’enquête ne faisait que débuter et qu’en l’état aucun choc entre la police et le scooter de Faith et Adam n’auraient pu être établis pour l’heure.

« Quand on voit Théo et Adama, on sait pourquoi Zyed et Bouna courraient. »

Toutefois, ce drame ne peut manquer d’évoquer la mort de Zyed et Bouna, devenue emblématique de cette violence de la police. Coursés par la BAC, ils s’étaient réfugiés dans une centrale EDF, avant d’y trouver la mort. Une mort qui n’est que l’ultime maillon d’une chaine de violence - le slogan "Quand on voit Théo et Adama, on sait pourquoi Zyed et Bouna courraient » rappelant avec force l’impunité des forces de police dans les quartiers et la terreur qu’ils instaurent par leur brutalité.

Non, on ne peut résumer leur mort à une simple course-poursuite de deux jeunes sur un scooter sans casques par la police. Leur mort est en définitive l’expression d’une violence systémique, doublée d’une impunité généralisée pour les forces de répression qui peuvent terroriser sans crainte et faire la loi dans les quartiers - comme vient le rappeler la relaxe des policiers qui ont coursé Zyed et Bouna ou encore les multiples rapports tronqués et faux qui ont ponctué l’affaire Adama.

Justice et vérité pour Adam et Fatih !

Crédit photo : Jean-Pierre Clatot AFP

 
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