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La Izquierda Diario
12 de mars de 2019 Twitter Faceboock

« Nouvelle page »
L’impérialisme en marche : Macron salue la décision de Bouteflika
Iris Serant

Alors que la candidature de Bouteflika n’est pas maintenue pour un 5e mandat, avec le report des présidentielles – et donc l’allongement de son mandat actuel – Macron se réjouit publiquement des décisions du régime, en espérant surtout que cela permettra une sortie de la crise ouverte pour le gouvernement algérien et pour l’impérialisme français.

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Si Macron avait déjà le mouvement des Gilets jaunes à essayer d’endiguer, le mouvement massif algérien n’a fait que rajouter des sueurs froides (et pas des moindres) à l’État français. Avec l’annonce ce lundi par le régime algérien du report des présidentielles et de modifications à venir au sein du gouvernement (Conférence nationale pour un projet de Constitution, commission électorale indépendante, Gouvernement des compétences nationales), le gouvernement algérien a tenté de canaliser le mouvement historique qui se déploie dans tout le pays depuis le mois de février. L’enjeu étant aussi de diviser le mouvement en cooptant des secteurs, comme ceux de la bourgeoisie qui ne rejetaient pas en bloc le régime mais uniquement Bouteflika.

Si l’enjeu est énorme pour le régime algérien pour sauver sa peau contre des manifestations inédites, un mouvement étudiant massif et l’appel à la grève générale, l’enjeu pour Macron et l’impérialisme français n’en sont pas moins important. Tous deux ayant bien saisi l’ampleur des contestations qui secouent le pays et qui risqueraient de les déstabiliser, voire de les renverser.

L’annonce a suscité la première déclaration publique du président français sur la situation en Algérie. En « tournée » en Afrique de l’Est, Macron a salué mardi à Djibouti la décision de ne pas briguer un cinquième mandat : « Je salue la décision du président Bouteflika, qui signe une nouvelle page [de l’histoire algérienne] ». Une « nouvelle page » qui signifie surtout une tentative de retour à l’ordre sous une couverture de soi-disant tournant démocratique, restant bien évidemment à la solde de la bourgeoisie nationale et de l’impérialisme français.

Avec ces déclarations flattant cette mascarade de démocratie, Macron cherche à reconsolider le régime algérien en lui redonnant une légitimité, qui vole en éclat depuis le 22 février. « Je salue la dignité avec laquelle la population, en particulier la jeunesse algérienne, a su exprimer ses espoirs, sa volonté de changement, ainsi que le professionnalisme des forces de sécurité ». Des déclarations plus que cyniques quand on voit comment Macron « salue » à coups de LBD les classes populaires qui expriment elles aussi en France leur « volonté de changement ».

L’Algérie, un enjeu central pour l’impérialisme français

En effet, Macron reste un soutien évident du régime, que ce soit avec ou sans Bouteflika, tant que cela permet de maintenir les intérêts français en Algérie. Les questions démocratiques, ici comme là-bas sont loin d’être un souci pour l’État français, tant que cela n’affecte pas les 500 entreprises françaises qui y sont implantés, les milliards – 6,4 en 2014 – d’exportations vers l’Algérie, les 2,15 milliards de stock IDE, et l’importation en énergie. Et que cela n’entraîne d’autres aspirations révolutionnaires au moment où l’État français est directement déstabilisé par les Gilets jaunes.

C’est ainsi que Macron a assuré : « Nous ferons tout pour accompagner l’Algérie dans cette transition ». La position pour l’impérialisme français est en effet délicate, car s’il n’est pas question de fermer les yeux sur l’instabilité en Algérie, trop d’ingérence serait aussi nuisible pour l’image du gouvernement français vis-à-vis de son ancienne colonie, quand une intervention militaire, si les événements venaient à s’intensifier, pourrait être envisageable, au grand risque de s’en retrouver d’autant plus déstabilisé, avec en interne une crise déjà béante ouverte par les Gilets jaunes.

Si Macron a adopté un ton rassuré, il n’en est rien. Ce recul du régime algérien est loin de satisfaire les aspirations des travailleurs et de la jeunesse, qui était encore massivement dans les rues ce mardi contre Bouteflika, et son monde.

 
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