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La Izquierda Diario
14 de mars de 2019 Twitter Faceboock

Non au prolongement du quatrième mandat !
Pour le nouveau premier ministre, des élections dans un an max’ et maintien de Bouteflika
Sadek Basnacki

Le tout « nouveau » premier ministre algérien Noureddine Bedoui et son vice premier ministre Ramtane Lamamra ont donné une conférence de presse ce jeudi. Le but étant d’annoncer les mesures prises pour résoudre la crise politique qui traverse le pays et qui a poussé Bouteflika à ne pas prétendre à un cinquième mandat tout en continuant le 4ème. Une conférence de presse qui montre que le gouvernement n’a rien à proposer aux Algériens.

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Crédit photo : AFP

C’était une grande fête après l’annonce que Bouteflika ne briguait pas de cinquième mandat. Mais aujourd’hui, le pouvoir est à la manœuvre : cela se traduit par le report des élections et le maintien du 4ème mandat de Bouteflika. Alors que la société civile réclame un changement de régime, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a été remplacé par le ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui. Avec le vice Premier ministre Ramtane Lamamra, ils seront chargés de créer un nouveau gouvernement « technocrate », tout en affirmant que seront incorporés des jeunes et des femmes. Pas de changement de cap sur le terrain politique et économique donc, mais un vernis cherchant à endormir la mobilisation.

Le processus qui mènera aux prochaines élections prendra « un an maximum » et donc le président restera en place jusque là. Le nouveau gouvernement sera chargé de mettre en place la Grande concertation nationale qui doit prétendument régler la situation en inscrivant certaines revendications à la Constitution.
Pas de quoi répondre aux aspirations démocratiques des Algériens. La mise en scène de la conférence de presse montre le décalage entre la volonté affichée du gouvernement de prendre en compte le mouvement et la réalité de ce qu’il entend réellement « lâcher ». Comme un symbole, les deux ministres, proches du président en exercice, qui prétendent changer les institutions figurent actuellement sous le portrait de Bouteflika

Il n’y a pas eu de grandes annonces, d’ailleurs personne n’en attendait. Les deux ministres ont insisté sur la nécessité de travailler mains dans la main avec l’opposition et toutes les forces vives du pays. Le problème qui se pose pour ce gouvernement à l’agonie est double. D’un côté, les premières réactions à ces annonces témoignent des difficultés du pouvoir à obtenir le soutien d’au moins une frange des manifestants pour rentrer dans ce jeu pseudo démocratique. Car le fossé qu’il y a entre les élites du pays et sa base est difficile à combler. Les manifestants souhaitent la mise en place d’une démocratie réelle et la fin de la domination de Bouteflika et de sa clique qui dirigent le pays depuis plus de 20 ans. Le départ immédiat de Bouteflika et la tenue de nouvelles élections sont deux points sur lequel les classes populaires algérienne ne comptent pas renoncer. De l’autre, les classes dominantes algériennes sont aujourd’hui divisées en deux blocs, l’un voulant le maintien d’un capitalisme d’Etat protégeant le marché intérieur, l’autre dont les intérêts dépendent des importations, et qui souhaitent un tournant libéral prononcé.

Dans ce contexte, le Premier ministre a expliqué que le président algérien restera bel et bien au pouvoir le temps de la transition. « Il ne s’agit pas de rester au pouvoir quelques mois de plus » mais pour « faciliter le processus suivant la volonté du peuple ». « C’est à la demande pressante d’une partie de notre opinion publique importante que le président a été amené à considérer [...] que cette échéance, si elle doit être la cause de division et de déchirements, ne devait pas être observée », a expliqué le vice Premier ministre. Interrogé sur le caractère « illégal » ou « anticonstitutionnel » de cette prolongation, le nouveau vice-Premier ministre a invoqué « l’esprit des textes ».Tout le long de la conférence de presse, les deux ministres ont fait en sorte de ne pas répondre à certaines questions de journalistes parfois très vindicatifs. L’un d’eux a osé, chose encore impensable il y a peu, dire que cette conférence de presse ne servait à rien et qu’ils esquivaient les questions.
La veille d’une nouvelle date de mobilisation, des rassemblements ont lieu notamment à Béjaïa, en plus de la grève générale qui touche Tizi-Ouzou, toujours bloquée au moment de la conférence de presse.

C’est bien là que se trouve une alternative progressiste pour les masses algériennes, loin des manœuvres du gouvernement cherchant à gagner du temps et à concilier les attentes diverses des classes dominantes. Au contraire, c’est par l’auto-organisation à la base dans la jeunesse mobilisée, dans les quartiers et chez les travailleurs en lutte qu’il sera possible non seulement d’étendre le mouvement, mais aussi de donner les bases matérielles au renversement du régime et à la mise en place d’une assemblée constituante révolutionnaire à même de répondre aux revendications des manifestants et des classes populaires.

 
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