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La Izquierda Diario
23 de mars de 2019 Twitter Faceboock

Sous la pression du gouvernement ?
Démission du maire du Havre accusé d’envoyer des photos porno à des femmes sans leur consentement
Lili B

Luc Lemmonier, ami proche et successeur d’Edouard Philippe à la mairie du Havre, a été accusé par plusieurs femmes d’avoir envoyé, sans leur consentement, des photos pornographiques de lui. Après une visite express du premier ministre ce jeudi au Havre, alors que ce scandale jette une nouvelle tâche d’huile à l’heure où le gouvernement connaît depuis samedi dernier un approfondissement de la crise politique en cours. Luc Lemmonier a démissionné.

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Crédits : CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Luc Lemmonier, anciennement chez Les Républicains et ami proche d’Edouard Philippe, qu’il a remplacé en 2017 à la tête de la mairie du Havre, vient de démissionner ce jeudi. Les raisons : ce dernier a été mis en cause par plusieurs femmes qui ont affirmé qu’il leur avait, à maintes reprises, envoyé des photos pornographiques, le mettant en scène nu, et ce sans le consentement de ces dernières. Une affaire qui a éclaté médiatiquement ces deniers jours.
Dans leurs témoignages, ces dernières ont en effet déclaré n’avoir exprimé à aucun moment leur volonté et désir de recevoir de telles photos, mettant en avant le caractère contraint de ces échanges. « Je me suis sentie salie, souillée », déclare l’une d’entre elle, poursuivant : « Je n’ai pas compris pourquoi il m’envoyait ces photos dégoûtantes,. Il m’a dit qu’il voulait me montrer qu’il était ouvert pour toutes propositions ». « C’est absolument pas normal de recevoir des photos quand on n’a rien demandé ». Trois ans après les faits, en 2014, le procureur du Havre est mis au courant. Ce dernier convoque la victime de ces échanges non consentis et son mari au parquet du Havre. Mais aucune suites judiciaires n’ont lieu.
Quelques années plus tard, l’histoire se répète. Une deuxième femme, qui a récemment diffusé les photo reçues par l’ancien maire, qui s’y trouvait nu et en érection, témoigne : « Ça a été compliqué, j’ai fait une tentative de suicide. Je suis mariée depuis plus de 20 ans, j’ai deux enfants, je suis épanouie dans ma vie couple, je n’étais pas du tout dans un jeu de séduction », explique-t-elle, affirmant qu’elle avait demandé à plusieurs reprises à l’élu d’arrêter, qui n’en a eu que faire. Ajoutant qu’elle avait voulu porter plainte mais que cela avait été « compliqué ».
En effet, suite au harcèlement sexuel qu’elle subissait, cette dernière a envoyé une lettre anonyme au Premier ministre ainsi qu’à des élus de la majorité municipale, photos à l’appui, sans qu’aucune réaction ni suite ne soit accordée. Y compris de la part du premier ministre qui a participé à étouffer l’affaire. Comme c’est la règle au sein de la classe politique, c’est silence radio, complicité entre pairs et étouffement de l’affaire. Ceci avec la complicité de l’institution judiciaire. « J’avais l’impression d’être seule, que personne ne voulait m’entendre », a t-elle déclaré dans son témoignage. Et pour cause, parallèlement au manque de réaction de la part du personnel politique et juridique qui avaient connaissance des faits, dans cette affaire, la seule personne qui a été inquiétée juridiquement c’est.. elle et son mari !
En effet, suite à la diffusion des photo envoyées par Luc Lemonnier à certains élus municipaux, photo qui étaient par ailleurs accompagnées d’insultes à son égard, ce dernier a déposé plainte le 31 mai 2018 du fait de la diffusion de ces « clichés intimes » sans autorisation. Quid de l’envoi de ces « clichés intimes » sans l’autorisation de la destinataire ? Après son refus ? Et ce avec des propos humiliants ?
Suite à cette plainte et à l’issue d’une enquête préliminaire menée par le SRPJ (Service Régional de Police Régional) de Rouen, cette dernière a en effet écopé le 18 mars 2019 d’un rappel à la loi.
Radio France a également diffusé, sous couvert d’anonymat toujours, le témoignage d’une troisième femme, qui a déclaré avoir reçu le même genre de photo après avoir sollicité le maire alors qu’elle venait de perdre son fils et était en difficulté. De plus, d’après le recueillement de témoignages de la part de France Bleu, « à en croire une employée de la mairie, plusieurs dizaines de femmes » ont vécu une expérience similaire.
Dans un communiqué sorti ce mercredi, le maire a quant à lui démenti tous ces témoignages, affirmant que les messages étaient intervenus dans le cadre de relations entre « adultes consentants ».

Cependant, sous l’effet de la pression et au vu de l’ampleur que commençait à prendre l’affaire, Edouard Philippe ayant même été sommé de prendre position puisque proche de Luc Lemonnier et ayant eu connaissance des faits avant la médiatisation de cette affaire, a changé de ton. Après le silence observé depuis le début de l’affaire, puis une tentative de défense ce mercredi via son communiqué, Luc Lemonnier a annoncé sa démission ce jeudi soir. Une décision « mûrement réfléchie » selon lui, qu’il justifie par une volonté de maintenir « l’intégrité de sa famille ». Cependant, au-delà, il est clair que cette affaire était devenue trop sensible, surtout dans le contexte actuel d’affaiblissement et de crise du gouvernement, qui se sont accélérés ces derniers jours. Il est quasi évident que ce dernier a mis la pression sur Luc Lemonnier pour qu’il démissionne de son poste de maire.

En effet, Edouard Philippe, qui a déclaré ce vendredi que la décision prise par son successeur était « responsable », avait effectué la veille, en toute discrétion et ce quelques heures avant l’annonce de la démission, un aller-retour au Havre. Une coïncidence qui n’en est pas une et qui témoigne du caractère très sensible de l’éclatement dans la séquence actuelle de cet énième scandale mettant en cause une nouvelle fois un homme politique (par ailleurs proche d’un gouvernement qui veut faire de la cause des femmes la "cause du quinquennat") dans une affaire d’abus de pouvoir et d’harcèlement sexuel.

 
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