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La Izquierda Diario
8 de avril de 2019 Twitter Faceboock

Justice de classe
L’Etat français au secours de Carole Ghosn pour échapper à la justice japonaise
Eliane Le Floch

Crescendo. À la suite des déclarations d’Emmanuel Macron pour "dénoncer les [dures] conditions de sa détention" et de ses interventions directes auprès du Premier ministre japonais pour évoquer le sort de Carlos Ghosn, le gouvernement français est passé à la vitesse supérieure pour défendre un grand patron fraudeur.

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Alors que l’ex-PDG de Renault-Nissan venait d’être arrêté pour la quatrième fois depuis le 19 novembre dernier, le quai d’Orsay est intervenu via l’ambassadeur de France au Japon pour permettre à sa femme d’échapper à la justice nippone. En effet, celle-ci était sur le point d’être entendue par des enquêteurs japonais dans le cadre du nouveau volet ouvert contre son mari pour abus de confiance aggravé.

Affaire de famille

Les procureurs japonais souhaitaient auditionner Carole Ghosn, la femme de Carlos Ghosn car celle-ci est présidente de Beauty Yatch, une société écran par laquelle aurait transité une partie des 4,5 millions d’euros de fonds envoyés par Nissan à Suhail Bahwan Automobiles, un concessionnaire omanais, entraînant une perte pour le constructeur japonais. Par ce biais, des fonds auraient également été redirigés vers la société Shogun Investments aux Etats-Unis, dont le fils de Carlos Ghosn est propriétaire.

Les Ghosn, un couple comme les autres ?

Depuis le 4 avril dernier, Carole Ghosn déplore dans toute la presse l’arrestation de son mari à 5 heures 50 du matin, comment les policiers lui ont interdit d’emporter avec lui du chocolat, la manière dont elle a organisé sa fuite, en dormant "chez des voisins sur un sofa".

Tandis que Carole Ghosn tente de construire l’image d’un couple fragile, dont le quotidien serait finalement semblable à celui de tout un chacun, l’intervention directe d’un ambassadeur français pour organiser sa fuite, alors même qu’elle ne possède pas de passeport français, semble pour elle aller de soi, de même que la déclaration du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian qui a interpellé son homologue japonais pour lui demander de "respecter les droits de Carlos Ghosn et la présomption d’innocence".

Alors que la justice française a condamné des Gilets jaunes à tour de bras ces derniers mois, que le gouvernement a exigé la plus grande sévérité contre les "casseurs" et manifestants "complices", il est frappant de voir les efforts de l’Etat français pour défendre l’un de ses ressortissants accusé de détournements de fonds à hauteurs de plusieurs dizaines de millions d’euros.

L’Etat, au service de la bourgeoisie nationale

D’après le Wall Street Journal, les fuites qui ont permis d’inculper Ghosn proviennent du plus haut niveau de chez Nissan afin de battre en brèche le projet de fusion entre Renault et Nissan qui, selon toute probabilité, eut été au détriment de Nissan.

Fleuron de l’industrie japonaise, le gouvernement de Shinzo Abe est intervenu vigoureusement pour défendre les intérêts de Nissan en établissant une série de règle à respecter par l’Etat français, comme l’indépendance de Nissan ou encore que toute communication transite par le gouvernement japonais.

De son côté, le gouvernement français, qui possède 15 % de Renault, qui lui-même détient 43 % de Nissan, avait défendu cette stratégie de fusion dès avril 2018, de quoi inquiéter sérieusement les dirigeants du constructeur japonais. L’affaire Ghosn, comme le souligne le Wall Street Journal "montre comment les pays continuent de protéger leurs champions nationaux".

Autrement dit, lorsque leurs patrons nationaux sont mis en difficultés, les Etats capitalistes, qu’ils soient Japonais ou Français, n’hésitent pas à déroger à tous leurs principes pour défendre les intérêts de leur propre bourgeoisie.

 
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