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La Izquierda Diario
9 de avril de 2019 Twitter Faceboock

Un coup contre la droite populiste
Pologne. 600 000 enseignants en grève illimitée pour leurs salaires et leurs conditions de travail
Philippe Alcoy

La mobilisation historique des enseignants polonais met sous pression le gouvernement ultraconservateur et montre la voie à l’ensemble des travailleurs.

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C’est la première fois depuis 1993 que les enseignants, du primaire au secondaire, lancent un mouvement de grève au niveau national en Pologne. Et c’est sans aucun doute la grève la plus massive et importante depuis la restauration du capitalisme dans les années 1990. En effet, depuis lundi, autour de 600 000 enseignants sont en grève dans tout le pays et selon le Syndicat des Enseignants Polonais (ZNP pour ses sigles en polonais) près de 80% des établissements scolaires sont touchés. Leur revendication ? Une hausse des salaires de 30% et des améliorations des conditions de travail.

Les salaires des enseignants polonais sont parmi les plus bas de tout l’Union Européenne : entre 700 et 1200 euros par mois selon l’ancienneté. Initialement, le ZNP avait exigé une hausse de 230€ cependant, après un mois de négociations avec le gouvernement, celui-ci a baissé ses exigences demandant une hausse de 30%. Le gouvernement a ignoré les revendications des enseignants et a offert une augmentation 15% mais graduelle. Ainsi, une grève illimitée commençait lundi dernier.

Cette grève est en train de toucher gravement le syndicat historique Solidarité dont la branche dans l’enseignement a été le seul syndicat à signer la proposition du gouvernement (le syndicat est proche du parti ultraconservateur au pouvoir, la Parti de la Loi et la Justice - PiS). Cela a déclenché une avalanche de critiques non seulement de la part des enseignants mais d’une grande partie de la société et notamment des adhérents du syndicat qui, malgré les consignes de la direction de ne pas participer à la grève, ont rejoint le mouvement de contestation.

La grève, pour le moment, compte un grand soutien de la population et des parents d’élèves. Et cela malgré le fait que des examens de fin d’année doivent avoir lieu dès mercredi dans tous les collèges du pays et que lundi ce sera le tour des écoles primaires. Le gouvernement accuse évidemment les grévistes de « prendre en otage les enfants » et essaye de mener un chantage contre les enseignants grévistes.

Une réunion avait lieu entre les syndicats et la ministre de l’éducation pour tenter d’arriver à un accord, mais elle s’est soldée par un échec complet. Le gouvernement a annoncé que malgré la grève les examens auraient lieu et que des « volontaires » (briseurs de grève) viendraient surveiller les épreuves.

La gronde des enseignants, et de la société, vis-à-vis du gouvernement dans le secteur de l’éducation dure depuis longtemps. Et elle ne se limite pas seulement aux salaires. En effet, l’agenda ultra réactionnaire du PiS impose des contenus complètement révisionnistes (négation des crimes antisémites de la part des nationalistes polonais) et conservateurs (rôle de la famille, religion) aux enseignants.

Cette mobilisation massive tombe très mal pour le gouvernement à seulement quelques semaines des élections européennes et avec des élections générales à l’automne prochain. L’opposition libérale de droite tente de son côté à faire feu de tout bois et soutient hypocritement les enseignants.

Mais il y a encore une autre raison pour laquelle le gouvernement est inquiet. En effet, pour consolider sa base sociale (les retraités et les populations rurales et des petites villes) le PiS a lancé récemment un programme de dépenses sociales visant ces secteurs. C’est en grande partie ces concessions sociales qui ont poussé les enseignants à lutter pour leurs salaires, se considérant lésés dans cette petite « redistribution ». Le syndicat des enseignants n’hésite d’ailleurs pas à demander des coupes budgétaires dans d’autres secteurs pour financer la hausse de salaires des enseignants. Quoi qu’il en soit, dans ce contexte, le gouvernement craint que la grève de l’éducation n’éveille des velléités d’hausses de salaires dans d’autres secteurs de la classe ouvrière.

Effectivement, ce n’est pas en opposant les revendications dans l’éducation avec d’autres secteurs de la classe ouvrière et des classes populaires que les enseignants pourront imposer une défaite à ce gouvernement réactionnaire. Au contraire, c’est dans la solidarité et l’union avec l’ensemble des secteurs populaires de la société, à commencer par les parents d’élèves, que non seulement les enseignants obtiendront satisfaction mais aussi que d’autres secteurs de la classe ouvrière pourraient rentrer dans la lutte.

 
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