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La Izquierda Diario
22 de août de 2015 Twitter Faceboock

18 morts lors d´une tuerie à São Paulo. La police très vraisemblablement impliquée
Au Brésil aussi, la vie des Noirs compte !

Une tuerie dans le quartier d’Osasco (banlieue de São Paulo) a fait au moins 18 morts dans la nuit du 13 août dernier. Même si la Justice n’a toujours pas trouvé de suspects, la funeste tradition des tueries au Brésil amène vite à des conclusions : les victimes font toujours partie de la population la plus pauvre et très souvent noire et les coupables, toujours du côté des « forces de l´ordre ».

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Zilda Darbant

Vingt-deux ans après la tuerie de la Candelaria, à Rio de Janeiro, dix-neuf après celle d`Eldorado dos Carajás, dans l’Etat du Pará (au nord du pays), neuf ans après l´assassinat par la police de São Paulo, en mai 2006, de presque 500 individus « suspectés » d´être liés au crime organisé : dans cette guerre non-déclarée, quand la population pauvre est abattue, les coupables sont connus d’avance. Selon les premières enquêtes, la tuerie de ce mois d´août a très probablement été commise en représailles après la mort de deux policiers à l’occasion de deux braquages différents. La supposée fréquentation par l’un des suspects d’un bar du quartier d’Osasco a suffi à justifier une fusillade qui a été à l’origine de la plupart des meurtres.

Les victimes ont des noms. Rodrigo Lima da Silva, 16 ans, se trouvait avec sa copine dans un petit commerce. Il allait reprendre ses études pour retrouver un travail plus qualifié avant que leur bébé naisse. Deivison Lopes Ferreira, 26 ans, enchaînait les petits boulots par-ci par-là pour faire face à un chômage en constante augmentation. Son père s’était fait tuer dans le même quartier et dans des circonstances similaires, alors qu’il avait à peine 8 ans. Presley Santos Gonçalves, 26 ans, était devant la maison de son oncle quand un individu est passé en moto et l´a fusillé à bout portant. Fernando Luiz de Paula, 34 ans, peintre en bâtiment, prenait une bière avec ses amis.« Je ne demanderai justice à personne. Je continuerai dans la galère parce que personne ne va m´aider », a déclaré sa mère, Zilda Maria de Paula, résignée, lors de ses funérailles.

La tuerie du 13 août s´ajoute à une série de tueries qui ont déjà fait 38 morts les six premiers mois de l´année 2015, selon l´ONG « Sou da paz » (Je suis pour la paix). Pour la police brésilienne, connue pour sa violence contre la population pauvre et noire, il vaut toujours mieux « tirer d´abord et poser des questions après ». Car comme on le dit souvent chez une des polices les plus sanguinaires au monde, « un bon voyou, c’est un voyou mort ».

La semaine d´après, le 18 et le 19 août, la chambre des députés a voté deux projets de loi qui ne feront qu’aggraver ce véritable génocide de la population pauvre et noire au Brésil en même temps que d’accentuer la contestation sociale montante. Le premier, prévoit jusqu´à deux ans de prison pour ceux qui manifestent en bloquant les voies publiques. Le second, après un débat qui a polarisé le pays, prévoit la réduction de la majorité pénale à 16 ans.

Coïncidence ou pas, la victime la plus jeune de la tuerie de la nuit du 13 août, Rodrigo Lima da Silva, avait tout juste 16 ans. Il se préparait à devenir papa et en était ravi, selon Ana, sa copine. Ils avaient décidé d´appeler leur fils Felipe. Après la tuerie, Ana a décidé d´appeler leur fils Rodrigo Felipe, en hommage au père que ce gamin ne connaîtra pas.

Sur les réseaux sociaux circulent des messages de révolte contre le véritable apartheid social et racial qui règne au Brésil. « Je suis Osasco », affichaient certains en référence à l’émoi provoqué partout dans le monde après les attentats de Charlie Hebdo, en rien comparable au peu de réactions suscitées par les meurtres de ce mois d’août. D’autres internautes se demandaient de façon encore plus explicite, « quel aurait été le climat dans le pays si des hommes cagoulés étaient entrés dans un bar des Jardins (quartier chic de São Paulo) et avaient tué 18 personnes ». A l’évidence, au Brésil comme à Ferguson ou à Baltimore aux Etats-Unis, les vies des pauvres et des noirs n’ont pas la même valeur que les autres…

 
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