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La Izquierda Diario
15 de avril de 2019 Twitter Faceboock

Les proches de Zineb Redouane portent plainte et s’engagent dans un combat pour la justice
Léa Luca
Flora Carpentier

Zineb Redouane, 80 ans, a été tuée le 1er décembre dernier en marge de la manifestation pour le droit au logement digne, après avoir reçu une grenade lacrymogène en plein visage, chez elle à Marseille. Ses proches portent plainte aujourd’hui, aidés de l’avocat de la famille d’Adama Traoré, et ont monté un collectif pour exiger vérité, justice et dignité pour Zineb.

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Crédit photo : © France 3 / Mariella Coste

Au cours de l’acte 18 des Gilets jaunes avait lieu l’annuelle marche des Solidarités,
contre le racisme d’Etat et les violences policières. Pour cette occasion on pouvait voir en tête de cortège une banderole arborant le slogan « Des révoltes de 2005 aux Gilets jaunes, de Zineb Redouane à Sébastien Maillet. Stop aux violences policières », rendant hommage à la vieille dame tuée le 1er décembre 2018. En effet, contrairement à ce que le Procureur de Marseille avait affirmé, dans le silence des médias, Zineb Redouane est bien une victime de plus de la brutale répression policière qui tue et mutile chaque année dans les quartiers populaires et dans les manifestations. 

Le 1er décembre 2018, jour de l’acte 3 des Gilets jaunes, 20.000 personnes manifestent simultanément à Marseille pour le droit au logement digne, suite à l’effondrement meurtrier des immeubles de la rue d’Aubagne, dans le quartier de Noailles où Zineb résidait. Comme sa fille Milfet le racontait dans un témoignage pour Révolution Permanente, alors que Zineb Redouane est en train de préparer son dîner seule chez elle à Marseille, elle va fermer sa fenêtre pour empêcher la fumée des gaz lacrymogènes de rentrer. Elle reçoit alors une grenade lacrymogène en plein visage, lancée par un policier en face de son immeuble. Au téléphone avec sa fille elle lui dit « il m’a visée, un policier m’a visée ». Gravement blessée, elle est transportée à l’hôpital où elle meurt au bloc opératoire, le lendemain.

Le Procureur de Marseille avait alors déclaré que Zineb avait été « victime d’un arrêt cardiaque sur la table d’opération », et que « le décès [résultait] d’un choc opératoire et non d’un choc facial », évoquant en outre la « santé fragile » de la vieille dame. Comme si sa mort n’avait rien à voir avec les évènements. Une version qui ne rappelle que trop bien les mensonges successifs qui ont entouré la mort d’Adama – et tant d’autres avec lui – après laquelle des « expertises » - qui ont depuis été démontées – ont affirmé que la mort du jeune homme de 24 ans n’avait rien à voir avec les trois gendarmes l’ayant écrasé pendant plusieurs minutes de tout leur poids, mais étaient liés à la chaleur, une trop longue course et des problèmes de santé antérieurs...

Ainsi l’avocat de la famille de Zineb, maître Yassine Bouzrou déclare-t-il à France Inter : « Il se trouve que les éléments en notre possession et notamment le rapport d’autopsie démontrent clairement qu’il y a un lien direct entre la grenade reçue au visage par Mme Redouane et son décès, contrairement aux allégations médiatiques du procureur de Marseille. » Ajoutant : « Je constate que dans cette affaire concernant le décès de Mme Redouane, il y a eu des éléments communiqués à la presse qui étaient faux. Il n’est pas possible, au regard de ce qui s’est passé, au regard des éléments médicaux en notre possession, d’affirmer que Mme Redouane n’est pas décédée suite à cette grenade qu’elle a reçue en plein visage. » Au vu des déclarations du Procureur de Marseille, l’avocat de la famille a demandé à ce que l’affaire soit dépaysée dans une autre juridiction. 

Comme l’explique l’avocat, « La seule information dont nous disposons, c’est que le policier qui a tiré cette grenade n’aurait pas été identifié. Ce que nous ne comprenons pas dans une affaire aussi grave. » Une fois n’est pas coutume, les policiers auteurs de violences policières ne sont pas inquiétés. Pour reprendre le cas d’Adama Traoré, sa famille se bat depuis presque trois ans pour exiger la mise en examen des gendarmes.

C’est conscients du combat qui les attend que Milfet Redouane et des proches de Zineb se sont constitués en Comité Vérité, Justice et Dignité pour Zineb et en appellent au soutien le plus large. C’est en ce sens qu’une délégation du collectif lancé sur Marseille est venue rencontrer, la semaine dernière à Paris, des collectifs de lutte contre les violences policières et des acteurs du mouvement des Gilets Jaunes. Après un hommage émouvant rendu à Zineb dans la salle pleine à craquer de la Bourse du travail, Milfet et ses soutiens sont repartis l’esprit au combat : « Si j’ai choisi les mots Vérité, Justice et Dignité pour le nom du collectif, c’est que ces 3 mots ont une importance pour moi », nous confiait Milfet dans une interview à paraître dans les prochains jours. « Car sans la vérité, nous ne pourrons obtenir justice, et sans justice nous ne pourrons pas rendre sa dignité à ma mère », poursuivait-elle. « Mais je ne veux pas en rester là. Car Zineb n’est pas seule, il y a eu plein de blessés, on ne peut pas accepter qu’on utilise ces armes contre la population. »

Parce que le combat pour exiger justice pour Zineb Redouane est un combat contre les violences d’Etat qui nous concerne tous et mérite le plus large écho, nous invitons nos lecteurs à nous transmettre toutes initiatives de soutien telles que photos, vidéos, textes... à [email protected]

 
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