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La Izquierda Diario
23 de avril de 2019 Twitter Faceboock

Edito
A la veille des annonces de fin du Grand Débat, pression maximale sur Macron
Paul Morao

Si Notre-Dame a permis à Macron quelques jours de répit, l’Acte XXIII a vite ramené Jupiter sur terre. A la veille des annonces de fin du Grand Débat, c’est une pression redoublée qui s’exerce sur Macron qui subit celle des Gilets jaunes autant que celle du grand patronat, qui craint de voir les ambitions réformatrices du macronisme disparaître et exhorte le gouvernement à préciser ses mesures d’augmentation du temps de travail.

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La séquence qui s’est ouverte lundi dernier avec l’incendie de Notre-Dame a donné à Macron un répit salutaire pour revoir sa copie et affiner le cap qu’il entend donner à l’issue du Grand Débat. En effet, en l’état, l’allocution prévue par le Président avait tout pour faire un flop, comme l’ont montré les réactions aux propositions publiées dans les médias, ainsi que les critiques émises par d’anciens proches du gouvernement tels que Gérard Collomb.

Pourtant, la trêve aura été de courte durée. Comme on pouvait s’y attendre, l’Acte XXIII des Gilets Jaunes a ramené le gouvernement sur terre. Si le dispositif policier extrêmement offensif a permis une relative victoire pour le maintien de l’ordre, l’importance de la mobilisation parisienne, la détermination des Gilets jaunes et l’indignation suscitée depuis samedi par la répression contre deux journalistes indépendants rappelle au gouvernement que la guerre est très loin d’être gagnée.

Après cinq mois de mobilisation des Gilets Jaunes, la répression et les campagnes de délégitimation du mouvement au travers desquelles le gouvernement cherche à se maintenir ne constituent que des pis-aller dans l’attente d’une réponse politique à une mobilisation qui continue de susciter l’adhésion de la moitié de la population.

Pour le gouvernement qui doit trouver un moyen d’apaiser la colère tout en mettant en œuvre les mesures pour lesquelles il a été élu – imposer des réformes ultra-libérales, réduire la dépense publique, … - la situation semble insoluble. Les éditorialistes bourgeois le savent et craignent de voir leurs aspirations lésées, comme le souligne de façon particulièrement crue Jean-François Pécresse dans Les Echos : « il ne faut pas s’attendre, hélas, à ce que la restitution (…) des doléances des Français débouche sur une aspiration à plus de libertés pour les employeurs, les producteurs ou les commerçants, ni à moins de garanties pour les salariés, moins d’aides sociales ou moins de services publics. »

Pourtant, si Macron cherche toujours une issue néo-libérale à la crise des Gilets jaunes, les marges de manœuvres restent limitées. Il doit en effet concilier un programme néo-libéral de « hausse du temps de travail » avec les revendications des Gilets jaunes dans une logique du « tout se paie ». Ainsi, pour "financer la dépendance", il faudra sacrifier un "jour férié". En ce sens, ce qu’il donne d’un côté, il voudra le récupérera en réalité au centuple de l’autre. Pour quelques miettes obtenues d’un côté, et des "réductions d’impôts", il s’agira derrière d’augmenter le « temps de travail ».

Ce que Macron ne dit pas c’est que mécaniquement l’augmentation du temps travail implique une augmentation de l’exploitation et, derrière, du profit du grand patronat. Plus encore, augmenter le temps de travail implique en définitive plus de travail pour les uns, moins de travail pour d’autres, ce qui conduit à un accroissement toujours plus grand du chômage. Dans cette perspective, le patronat et les éditocrates bourgeois veillent au grain, exigeant au gouvernement de préciser ses mesures, tout en soulignant les dangers de mesures trop « impopulaires » dans le contexte convulsif actuel. « Le propos du chef de l’Etat reste très flou. Et il n’est pas sûr qu’on y voit beaucoup plus clair en fin de semaine. Car le sujet est ultrasensible et les options au final peu nombreuses et très impopulaires. » note ainsi Stéphane Dupont dans un édito des Echos.

Les contradictions dans lesquelles se trouve Macron semblent ainsi insolubles. En outre, le gouvernement fait face à une multiplication des fronts comme les éléments de mobilisation dans plusieurs secteurs, avec la grève de l’AP-HP, le mouvement des enseignants et la perspective plus globale d’une mobilisation des fonctionnaires. Dans ce contexte, les éléments de convergence entre syndicats et Gilets Jaunes le 27 avril, et la manifestation du 1er Mai pourraient enclencher une dynamique de mobilisation pour tenter d’élargir le mouvement et construire le rapport de force pour défaire Macron.

 
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