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2 de mai de 2019 Twitter Faceboock

La réponse aux annonces du Grand débat
Macron voulait mettre en cage le 1er mai : Gilets jaunes et Gilets rouges ont répondu par le nombre
Yano Lesage

Journée test pour le gouvernement, le 1er mai 2019 à Paris, devait, au lendemain de l’intervention de clôture du Grand Débat, ne rien laisser paraître d’une contestation sociale des Gilets Jaunes que Macron n’a pas réussi à apaiser. Des attaques policières dès midi, y compris sur le cortège CGT et le camion de Solidaires, avec une volonté de briser l’élan gilets Jaunes et gilets rouges, ne sont pas parvenus à empêcher le déroulement de la très forte mobilisation ce premier mai.

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Crédits photos : LP/Olivier Corsan

La bataille des chiffres a déjà commencé, mais elle penche ce coup-ci plutôt du côté du mouvement social. Face à la constatation d’une mobilisation d’ampleur par la presse et les médias - « deux fois plus qu’au 1er mai 2018 » selon BFMTV, « la plus forte mobilisation depuis 7 ans » selon Ouest-France – le ministère de l’Intérieur a plusieurs fois revu sa copie en annonçant d’abord 16 000 manifestants sur Paris puis 22 000 en fin de journée. La réalité se situe probablement entre le recensement effectué par les médias – 40 000 – et la CGT – 80 000 – pour Paris. Dans l’hexagone, ce serait près de 310 000 manifestants selon la CGT. Une mobilisation qui s’inscrit parmi les plus fortes mobilisations depuis le 22 mars 2018.

Malgré le verrou policier

A l’orée des annonces du "Grand débat", ces chiffres embarrassent l’exécutif qui a tout fait en cette journée du 1er mai. Ainsi, pour empêcher la manifestation, en amont, plus de 17 700 contrôles "préventifs" à Paris aux abords des gares, des fouilles au corps, de la rétention « d’armes par destination » comprenant aussi bien des caméras, des casques que des gilets jaunes, une dizaine de ligne de métro touchés par des fermetures... et un nombre impressionnant de charges policières, expression de la nouvelle technique de maintien de l’ordre prônant « le contact », lancées avant le début du lancement des cortèges, aux abords de la tour Montparnasse où les manifestants commençaient à se regrouper dès midi.

Faute de parvenir, face au nombre, à la bloquer totalement, les charges policières ont tenté, à plusieurs reprises de briser la manifestation, de diviser en particulier gilets jaunes et gilets rouges de la CGT. Fait peu commun, les cortèges syndicaux de la CGT et de Solidaires ont été visés par une attaque policière vers 14h, allant jusqu’à gazer Martinez, qui s’est momentanément exfiltré avant de revenir manifester. Ce que confirme Médiapart qui affirme que "le carré officiel de la CGT est directement ciblé par les forces de sécurité, tout comme le camion du syndicat Solidaires". À la "connaissance" de Médiapart, "c’est une première."

Ainsi, contrôles "préventif", fouille au corps, volonté de cadenasser entièrement la manifestation tout au long du parcours... Le vrai message de la fin du Grand Débat a été donné : toute opposition à Macron se verra opposée la matraque et l’intimidation policière.

Castaner tente de capitaliser sur le maintien de l’ordre

Pour le 1er mai, les scènes du Fouquet’s ne se sont pas produites. Et encore heureux, étant donné le dispositif policier incroyable mis en place pour protéger la Rotonde, restaurant où Emmanuel Macron avait fêté sa victoire en 2017. Dès lors, le scénario chaotique d’un « Paris, capitale de l’émeute » prédit et alimenté par le gouvernement n’a pas eu lieu.

Mais si l’ordre a été maintenu ministère, c’est au coût d’un état de siège de la capitale, et d’un cadenassage important du cortège parisien. Les forces de police n’ont eu cesse, avant et pendant la manifestation de diviser et séparer les cortèges, tentant d’instiguer des divisions entre Gilets Jaunes et Gilets Rouges. Malgré les provocations, non seulement le cortège a démarré, mais les manifestants ont bien défilé ensemble, sur un même parcours de manifestation et se sont affrontés à la même répression.

Castaner accuse des manifestants d’une attaque d’un hôpital

"Des gens ont attaqué un hôpital, des infirmières ont dû préserver le service de réanimation, nos forces de l’ordre sont immédiatement intervenues pour sauver le service de réanimation », a réagi Christophe Castaner ce mercredi soir, depuis l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

Pourtant, cette version relayée par les grands médias est bien différente de celle présentée par les nombreuses vidéos et quelques témoignages de manifestants comme l’exprime notamment cette vidéo relayée par David Dufresnes. Un témoin lui explique par mail :

« J’ai vu ces manifestants à l’entrée de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière qui voulaient se réfugier parce que une colonne de CRS arrivait par le haut du boulevard puis la commissaire a repéré ces gens à l’entrée, elle ordonne à ses policiers de rentrer et de les dégager, et c’est là où la vidéo commence »

Si pour le ministère de l’intérieur, l’« attaque » de l’ « hôpital » est donc caractérisée, cette version est bien différente de celles illustrée par les nombreuses vidéos de la scène.

Le joker "attaque de l’hôpital" ne serait pas non plus une première pour un gouvernement. En effet, il suffit de remonter à 2016 avec la fameuse « casse » de l’hôpital Necker en 2016 qui n’était qu’une histoire d’une manipulation politique. Quoiqu’il en soit, ce serait bien commode pour construire un contre-feu pour focaliser l’attention sur les fameux « casseurs » plutôt que sur le nombre de manifestants.

La CGT et Solidaires attaqués par la police

Tout au long de la manifestation, les provocations policières ont été permanentes. Plusieurs attaques policières ont visé spécifiquement les organisations syndicales que ce soit le cortège CGT comme Solidaires. « La police a chargé la CGT, des tirs de grenade ont même atteint notre camionnette ! » a affirmé Philippe Martinez, leader de la CGT. « On n’a pas arrêté d’être harcelés par les forces de l’ordre. » affirme Eric Beynel, porte-parole de Solidaires. Des militants de Sud-Rail ont été attaqués et gazés à même leur camion. Ce ne sont donc évidemment pas les casseurs qui ont « volé aux organisations syndicales leur fête » comme l’affirme Castaner.

Le journal l’Opinion justifie en filigrane cette répression en affirmant qu’il y a une « infiltration d’individus violents dans les défilés, notamment celui de la CGT ». Le syndicat de police Alliance l’affirme de manière plus claire encore : « Philippe Martinez fait partie des dommages collatéraux ». Le gouvernement tente d’exprimer un message clair : il s’agissait de provocations policières pour tenter d’exploser la convergence Gilets jaunes et Gilets rouges. L’objectif était de rejouer le scénario du 1er mai 2018, où la direction de la CGT avait, de son propre fait, couper le cortège en deux.

Une deuxième grille de lecture pourrait être la volonté du gouvernement d’humilier la CGT, pourtant friand de « dialogue social », mais qui ne fait pas partie des plans de Macron. « Questionné en revanche sur une éventuelle invitation à Matignon, le secrétaire général de la centrale de Montreuil affirmait n’avoir reçu, pour sa part, aucun coup de téléphone... », affirme le journal Marianne. En effet, le gouvernement a annoncé aujourd’hui que Laurent Berger de la CFDT serait reçu à Matignon le 6 mai. Laurent Berger a affirmé aujourd’hui lors de son discours que « les détails pratiques ne sont pas encore réglés mais on abordera presque tous les sujets que nous avions listés avec 19 organisations. Enfin, la porte de l’exécutif s’entre-ouvre, à nous d’y glisser le pied ». La direction de la CFDT illustre une nouvelle fois qu’elle est prête à tout pour négocier le poids des chaines, allant même jusqu’à « condamner les violences » avant même qu’elles n’aient lieux ce premier mai.

Préparer l’acte 25, puis la date du 9 mai, avec la grève de la fonction publique

Les possibilités de convergence et de reconduite du mouvement social au mois de mai sont bel et bien posées. La manifestation du 1er mai n’a pas été la déconvenue qu’avait souhaité le gouvernement, au contraire, la mobilisation a été très importante aux regards de l’an dernier notamment.

Ni divisés, ni empêchés, gilets jaunes et gilets rouges ont malgré tout réussi à défiler massivement, en dépit d’un encadrement policier extrême et de la multiplication des violences à l’égard des militants. La date du 9 mai, journée de grève de la fonction publique, pourrait être le prochain jalon, pour commencer à encrer la méthode de la grève, pour s’élargir en nombre, et construire le « tous ensemble » à même de faire reculer Macron.

 
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