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La Izquierda Diario
2 de mai de 2019 Twitter Faceboock

1er mai
Derrière le contre-feu de la Salpêtrière, silence sur la répression ultra-violente du préfet Lallement
Paul Morao

Alors que la Pitié-Salpêtrière fait la une des médias qui félicitent par ailleurs le maintien de l’ordre, l’immense violence qui s’est abattue sur les manifestants le 1er mai a été totalement passée sous silence.

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L’affaire était entendue depuis une semaine : le 1er mai constituait pour le préfet Didier Lallement un véritable test, une mise à l’épreuve de la nouvelle doctrine du maintien de l’ordre que celui-ci a instauré et dont la violence avait été constatée par les manifestants à l’occasion de l’Acte XXIII. Le Parisien rapportait ainsi lundi les propos de Marc, coordinateur d’une équipe de street-medics : « Lors de l’Acte XXIII il y a deux semaines, près de 152 blessés ont été comptabilisés, dont une dizaine de journalistes, Plus ça va, et plus cela ressemble à un champ de guerre. La violence appelle la violence. »

Cette doctrine offensive, incarnée par les fameuses Brigades de Répression de l’Action Violente, repérables à leurs casques blancs, consiste à « aller au contact », afin soi-disant de « prévenir » toute action violente. « Il n’était plus possible de maintenir ce no man’s land entre casseurs et forces de l’ordre qui caractérisait la doctrine française de maintien de l’ordre. Nous agissons maintenant au moment de la formation du bloc. » expliquait ainsi au Parisien un responsable CRS du syndicat Unité-SGP-Police.

Or, la manifestation du 1er mai a démontré de façon nette la réalité de ce dispositif, à l’image de cet épisode survenu avant même le départ de la manifestation.

Dès 11h, militants syndicaux, gilets jaunes, membres du black bloc, etc… se positionnent en tête de cortège et attendent le départ de la manifestation. Vers 12h30 les forces de répression essuient quelques jets de projectile et déchaînent immédiatement une violence inouïe contre les manifestants, générant une situation de panique générale : tirs tendus de lacrymogène, irruption dans le cortège, matraquage de toutes les personnes se situant sur leur passage. Au sol, plusieurs manifestants gisant le crane éclaté sont pris en charge par les medics.

Mediapart relate ainsi la scène vécue par de nombreux témoins : « Les forces de l’ordre appliquent la nouvelle doctrine expliquée par le tout nouveau préfet de police Didier Lallement, fendant la foule, pour interpeller les manifestants cagoulés et vêtus de noir, en pleine rue. Une grenade de désencerclement vole en cloche, à plusieurs mètres de hauteur, et explose au-dessus des manifestants. La foule est dangereusement compacte, et ondule furieusement au rythme des charges policières. »

Après avoir résisté au reflux des manifestants, qui redescendent le Boulevard du Montparnasse pour échapper à la police et aux gazs, le cortège de la CGT est chargé à son tour et reçoit des grenades. Philippe Martinez est exfiltré. Il affirmera par la suite que « les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes en direction d’une camionnette sur laquelle il y a des impacts. Une grenade est tombée juste à côté de moi » et dénoncera la « répression inouïe et sans discernement ». S’il pointe à juste titre la police, le secrétaire général de la CGT tient tout de même à signifier que les actes des "black blocs" sont "condamnables" les mettant sur le même plan que les violences policières qui blessent et mutilent les manifestants

Une violence extrême récemment soulignée par un rapport de l’Observatoire girondin des libertés publiques, collectif composé d’associations telles que la Ligue des droits de l’Homme ou Greenpeace, qui a réalisé un bilan particulièrement parlant de la politique menée par Didier Lallement à son précédent poste à Bordeaux. Dénonçant au fil des pages la conception ultra-violente du maintien de l’ordre défendue par le Préfet, les observateurs pointent par exemple l’utilisation de lacrymogènes à l’intérieur de nasses, les nombreuses mutilations par des LBD ou des GLI-F4. « Les rapporteurs s’inquiètent enfin que le modus operandi de Didier Lallement soit devenu un « symbole du durcissement souhaité » par le gouvernement, ce même gouvernement qui vient de lui offrir une belle promotion, en le propulsant à la tête de la préfecture de police de Paris. » note Pascale Pascariello dans Mediapart.

Ces violences sont totalement occultées par les médias ce matin, obnubilés par le contre-feu de la Pitié-Salpêtrière. Pourtant, l’affaire qui occupe toutes les unes est déjà en train d’être remise en question par le gouvernement même devant le manque de preuve permettant d’incriminer le moindre manifestant, Agnès Buzyn annonçant ainsi avoir pu constater ce matin qu’il n’y avait « pas de dégâts » contrairement à ce qu’avait annoncé Christophe Castaner. Si les Gilets jaunes ont pris l’habitude des « fake news » du gouvernement, les médias continuent d’en être les pourvoyeurs, tandis que se banalise une répression policière toujours plus violente.

Crédit photo : CG

 
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