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8 de mai de 2019 Twitter Faceboock

Hospitaliers et profs en première ligne …
Fonction Publique : pourquoi la grève du 9 mai a des chances d’être de grande ampleur
Yano Lesage

Grève chez les hospitaliers, colère dans l’éducation, Gilets jaunes toujours pas satisfaits… Après un 1er mai de grande ampleur, la grève de ce jeudi 9 mai contre la réforme de la Fonction publique, appelée par l’ensemble des organisations syndicales s’annonce être un nouveau temps fort de ce printemps social.

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Crédit photo : LP/Jean-Baptiste Quentin

Dans la continuité du 1er mai durant lequel le nombre de manifestants bravant les interdits gouvernementaux et les violences policières a été exceptionnel, la grève de jeudi 9 mai devrait être le second temps fort de ce printemps social.

Fake News, attaque des organisations syndicales : un contexte social tendu

L’appel à la grève du 9 mai par les organisations syndicales de la Fonction Publique arrive en pleine ébullition de la colère sociale : les mensonges de Castaner sur la Pitié-Salpêtrière a jeté un peu plus le discrédit sur le gouvernement achevant de convaincre les plus réticents de la mauvaise foi de la Macronie ; les Gilets Jaunes continuent de maintenir le cap en dépit des annonces du Grand Débat ; les mobilisations, sur le terrain, continuent de prendre forme dans les hôpitaux, avec une grève dans les services d’urgence qui se répand, et dans l’Éducation où parents et enseignants reprennent le front des mobilisations à peine de retour des vacances. En outre, l’ouverture des procès des dirigeants de France Télécom met à l’agenda médiatique le mal-être au travail dans le secteur public, en écho le nouveau suicide d’un salarié sur une des gares de Saint-Denis dans une SNCF « réformée ». Dernier élément, et non des moindres, l’agression des organisations syndicales, de la CGT, de la FSU, de Solidaires, par les forces de police durant la manifestation du 1er mai a choqué l’opinion publique comme les militants syndicaux. La CGT, la FSU et Solidaires sont sur le qui-vive et sous pression de leurs bases qui attendent une réponse à la hauteur des attaques.

Une blitzkrieg ouverte contre les fonctionnaires

Dans ce contexte, la réforme de la Fonction Publique, en cours d’examen à l’Assemblée Nationale, comprend tous les ingrédients pour mettre le feu aux poudres. Au rouleau compresseur de la loi travail XXL passée dans le secteur privé en 2017 (suppression des CHSCT, affaiblissement de la représentation syndicale, inversion de la hiérarchie des normes ouvrant de multiples dérogations au Code du travail,…) succède une véritable « blitzkrieg » lancée contre le statut de fonctionnaire.

La démarche est pernicieuse : officiellement, la réforme ne touche pas au statut lui-même qui se maintient peu ou prou en l’état si on passe sous silence l’augmentation du temps de travail qu’il prévoit pour les agents des collectivités territoriales et pour les enseignants (deuxième heure supplémentaire imposée). Mais la réforme ouvre la vanne à la précarisation à grande échelle des agents de la Fonction publique en faisant passer le contrat (CDD, CDI plus rarement, et nouveauté « contrat de projet ») de l’exception à la règle. Le nombre de contractuel a exposé dans la Fonction Publique sur un temps très court touchant aujourd’hui près de 20% des effectifs des administrations. Le présent projet de réforme propose d’accélérer le phénomène en ouvrant plus largement les dérogations pour avoir recours aux contractuels.

L’objectif : c’est la suppression de 120 000 fonctionnaires à l’échéance 2022 que la réforme compte obtenir. D’une part, en accentuant les pressions hiérarchiques (nouvel arsenal de sanction disciplinaire, évacuations des représentants syndicaux de la gestion des mutations, des carrières et des promotions) et en maintenant le gel des rémunérations : la question de la rémunération au mérite a été mise au placard. De l’autre, en proposant un plan de départ volontaire à grande échelle, accompagné de mesurettes de reclassement (indemnités, congés de transition) qui ne risquent pas de compenser les difficultés et les réticences à partir dans un contexte de chômage de masse. Voilà qui présage d’une détérioration du climat de travail dans les administrations déjà pressurisées par les coupes budgétaires.

Hospitaliers et éducation en première ligne

La mobilisation s’annonce d’autant plus suivie que la colère est palpable dans plusieurs administrations. Dans la fonction publique hospitalière, le mouvement de grève parti des services d’urgence de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) se répand : elle touche actuellement une trentaine de service de l’AP-HP et prend désormais une ampleur nationale . La mobilisation fait écho à celle des soignants des Hôpitaux psychiatriques au printemps dernier, avec des grèves de la faim de plusieurs jours des soignants, qui avaient fait céder Agnès Buzyn sur les revendications des soignants de l’Hôpital du Rouvray. Des soignants de psychiatrie ont d’ailleurs défilé aux côtés de leurs collègues urgentistes durant le dernier acte des Gilets Jaunes qui s’est donné comme parcours les différents hôpitaux parisiens.

Dans l’éducation, en particulier dans les écoles primaires, la loi Blanquer continue de cristalliser l’opposition des enseignants. Les journées de grève ont été très suivies le 28 mars et le 4 avril et obtiennent, fait nouveau, le soutien des parents également mobilisés dans le cadre des « écoles mortes ». En passage au Sénat, l’opposition à la loi a poussé le groupe républicain a déposé des amendements destinés à maintenir le statut de directeur d’école, à temporiser la réforme des instituts de formation (ESPE), ainsi qu’à remanier l’article très contesté sur le « devoir d’exemplarité » des enseignants. Modifications mineures sur le fond de la réforme, ils sont essentiellement destinés à calmer la grogne des directeurs d’écoles qui entraînent derrière eux leurs équipes. Mais c’est également le signe que la mobilisation dans l’éducation est en train de faire bouger les lignes…

Si le gouvernement parait maintenir son cap, plusieurs signaux montrent qu’il est fébrile. La réforme de la Fonction Publique, véritable loi travail XXL appliquée aux agents des administrations, constitue une réforme à haut risque dans un tel contexte social. Plusieurs organisations syndicales, notamment la CGT et la FSU, sont sur les dents après les violences policières du 1er mai. Les Gilets Jaunes maintiennent le cap et les possibilités de fusion avec la mobilisation le monde du travail, dans un contexte de répression tout azimut, sont de plus en plus crédibles : les hospitaliers ont défilé à leurs côtés samedi dernier et, alors que la FSU, première organisation syndicale dans la Fonction publique appelle à défiler le 18 mai, il est tout à fait pensable que certains secteurs de plus en plus dissidents face à sa direction jugée trop timorée, appellent à les rejoindre. Y compris dans un contexte électoral de campagne des européennes, voilà autant de signes qui annoncent que le printemps 2019 sera définitivement social et anti-Macron.

 
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