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22 de mai de 2019 Twitter Faceboock

Etats-Unis
Abolition de l’IVG : Trump promet, les conservateurs s’en emparent
Claude Manor

Trump, élu avec le soutien des franges les plus réactionnaires des Etats-Unis avait placé comme appât, dans son programme, l’interdiction de l’IVG. Forts de la détermination du Président et du soutien de la nouvelle Cour Suprême, plusieurs états conservateurs déclarent aujourd’hui la guerre à l’avortement, en attaquant le droit des femmes et en menaçant les médecins.

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Crédit photo : Photo Tami CHAPPELL/AFP

Trump, élu avec le soutien des franges les plus réactionnaires des Etats-Unis avait placé comme appât, dans son programme, l’interdiction de l’IVG. Forts de la détermination du Président et du soutien de la nouvelle Cour Suprême, plusieurs états conservateurs déclarent aujourd’hui la guerre à l’avortement, en attaquant le droit des femmes et en menaçant les médecins. Pourtant plus des deux tiers des américains sont favorables à l’IVG et des manifestations s’opposent à ceux qui voudraient instaurer un retour au Moyen-âge.

Grâce à Trump, les anti-avortement s’autorisent à frapper fort

Pendant sa campagne présidentielle, Trump avait conquis une importante clientèle électorale dans les rangs de la droite religieuse, grâce notamment à une promesse-clé : nommer à la cour suprême des juges hostiles à l’IVG. Promesse qu’il s’est fait un devoir de tenir au plus vite. Depuis son élection, il a fait entrer à la cour deux magistrats qui ont permis de créer une nouvelle majorité avec cinq juges conservateurs sur neuf.

De quoi donner des ailes aux états conservateurs pour revenir à la charge sur ce terrain favori de la réaction qu’ils labourent régulièrement : la lutte contre le droit à l’avortement. Depuis le début de l’année, 28 états américains ont introduit plus de 300 nouvelles dispositions allant dans le sens de la restriction du droit à l’IVG. Le bal infernal a été porté sur la place publique début mai par le Mississipi, bientôt suivi par l’Iowa et le Kentucky qui ont promulgué des lois interdisant les IVG dès que les battements du cœur du foetus sont détectables, soit environ à la sixième semaine de grossesse. Des mesures comparables sont en passe d’adoption en Géorgie, Ohio, Missouri et Tennessee.

Parmi la quinzaine d’états qui ont pris, durant les dernières semaines, l’étendard de cette sinistre guerre, l’Alabama s’est particulièrement distingué en adoptant, le 14 mai, le projet de loi le plus restrictif de tous, prévoyant notamment de lourdes peines de prison, pouvant aller jusqu’à 99 ans, pour les médecins pratiquant des IVG. Alors même que Trump prévoyait des exceptions pour les cas de viol et d’inceste, cette clause n’est même plus retenue. Seuls l’état de santé de la mère ou le caractère létal du fœtus constituent des exceptions à l’interdiction d’avorter. La gouverneure de l’Alabama, Kay Ivey a ratifié le projet en déclarant que « toute vie est un cadeau sacré de Dieu ».

Un bras de fer pour empêcher un insupportable retour en arrière

En promulguant des lois ouvertement anticonstitutionnelles, ces états ont un objectif politique plus large que de faire régner les préceptes religieux dans leur zone de juridiction. Il s’agit pour eux, et ils ne s’en cachent pas, de se retrouver devant la Cour Suprême pour la convaincre de revenir sur l’arrêt historique que cette instance avait rendu en 1973, légalisant le droit des femmes à avorter tant que le fœtus n’est pas viable, c’est-à-dire jusqu’à la 24ème semaine de grossesse.

Mais les tenants de la réaction la plus noire qui promulguent de telles lois devront compter avec une large réaction que provoque ce texte dans les rangs des démocrates. De son côté, l’Association de défense des droits civiques (ACLU), a annoncé son intention d’aller en justice pour en empêcher l’application . Ce sont aussi des manifestations de femmes, qui ont déjà eu lieu, dès ce mardi dans plusieurs états américains dont l’Alabama et la Georgie, et qui continuent à se préparer.

Manifestations devant la cour suprême : les femmes en colère

Car ce sont les femmes qui, dans la rue, se dressent en premier lieu pour dénoncer cette « guerre contre les femmes ». Plusieurs centaines de personnes se sont réunies, mardi devant la haute Cour à Washington pour dénoncer les lois que viennent de promulguer ces états liberticides. Manifestants, et surtout manifestantes, sont venus interpeller les neuf juges de la Cour suprême et leur demander de ne pas céder à cette offensive contre un droit fondamental des femmes. « Je suis très inquiète » déclare une mère de deux enfants qui se souvient avoir avorté quand elle était jeune. « Je ne sais pas comment j’aurais fait si cela n’avait pas été légal ». rapporte le Dauphiné.

Un peu partout des manifestations, comme en Californie et à New York ont lieu. Le soutien est massif car, selon une étude de l’Institut Pew Center réalisée il y a moins d’un an, deux tiers des américains pensent que l’avortement doit être légal.
Mais au-delà de l’enjeu immédiat du barrage à apporter à des lois en préparation et dont certaines doivent d’ores et déjà s’appliquer dans les prochains mois, c’est la campagne présidentielle de 2020 qui se profile à l’horizon.

En créant les conditions pour donner aux états les plus réactionnaires la liberté de conduire leur politique arc-boutée sur la réaction religieuse la plus noire, Trump prend date pour retrouver, avec plus de vigueur encore, le soutien que ces électeurs lui avaient apporté lors de sa première campagne.
Dans le camp des démocrates, on mesure largement l’enjeu du débat pour la perspective des prochaines élections présidentielles. Plusieurs candidats à la primaire démocrate, ont d’ailleurs participé au rassemblement à Washington.

Mais au-delà des jeux institutionnels et des tactiques des candidats œuvrant dans un système électoral américain complexe, ce sont des milliers de femmes jeunes et moins jeunes qui pourraient être contraintes de recourir à des expédients coûteux ou dangereux pour interrompre des grossesses non désirées. Les victimes seront, en premier lieu, les plus pauvres qui n’auront pas les moyens de se rendre dans un autre état que là où elles habitent pour pouvoir bénéficier d’une IVG.

 
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