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La Izquierda Diario
22 de mai de 2019 Twitter Faceboock

Souffrance au travail
Coupes austéritaires, pressions, suicides. La grève se poursuit dans les hôpitaux
Melody Neslon

Le personnel hospitalier excédé par les pressions managériales et par l’incapacité d’exercer leur travail dignement, est touché par une vague de suicides. En réponse, les services d’urgences des hôpitaux de Paris, en grève depuis le 18 mars, ont déposé un nouveau préavis de grève allant de jeudi soir à samedi matin. Suivi à échelle nationale dans d’autres hôpitaux.

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La casse du service public se fait malheureusement de plus en plus sentir. Parmi les exemples récents : le procès de la direction de France Télécom concernant « l’affaire des suicides », les cheminots à la SNCF, les hôpitaux ne sont pas épargnés. Subissant les politiques austéritaires de Macron et de ses prédécesseurs, les services hospitaliers voient leurs conditions de travail se détériorer et n’obtiennent aucune reconnaissance face à la pénibilité endurée.

Le personnel hospitalier sur le fil du rasoir

Le récent suicide d’une interne à Lyon, stagiaire dans le service d’hépato-gastro-entérologie estune dramatique conséquence de la casse de l’hôpital. A la suite de cette triste nouvelle, l’ISNI (Intersyndicale nationale des internes) et le SAILH (syndicat autonome des internes des hôpitaux de Lyon) ont sorti un communiqué en dénonçant la précarisation des conditions de travail que les professionnels de santé subissent de plein fouet.

Effectivement, les conditions de travail des professionnels de santé sont initialement difficiles : horaires décalés, efforts physiques. Sans repos, soutien psychologique ou reconnaissance de la pénibilité exercée, il est facilement imaginable que les travailleurs puisse être poussés à commettre le pire.

De plus, les politiques austéritaires de Macron, avec son plan « Ma santé en 2022 », ont accentué la dégradation des conditions de travail dans les services hospitaliers : se retrouvant en sous-effectif, le personnel hospitalier peut réaliser des journées de 12h sous une pression toujours plus forte, alors que leurs salaires, eux, restent faibles. Soumis au management par le chiffre, les hôpitaux, sous prétexte de rentabilité, voient leurs moyens baisser, leurs services fermer,… alors qu’ils font face à un public toujours croissant. « Ma santé en 2022 » est plutôt un plan qui fait primer la rentabilité de l’hôpital sur la santé du patient et sur les conditions de travail des internes.

Ce suicide n’est donc pas un cas isolé. Il s’inscrit au sein d’une hausse du taux de suicide ces dernières années, conséquence de la dégradation des conditions de travail dans les hôpitaux. Ce phénomène est facilement observable : selon une étude réalisée sur la santé mentale des jeunes médecins par l’Intersyndicale Nationale des Internes (ISNI) en 2017, alertée par la nombre croissant de suicide, 66,2% des étudiants en médecine ayant répondu au questionnaire indiquent souffrir d’anxiété, 27,7% de dépression et 23,7% ont déjà eu des idées suicidaires.

Travailler dans le service public : le suicide, une norme ?

Malheureusement, ces vagues de suicides ne concernent pas seulement le personnel hospitalier, mais les travailleurs de plusieurs secteurs du service public. Le triste exemple du procès de la direction de France Télécom l’atteste : de 2007 à 2010, 19 salariés se sont suicidés, 12 ont fait une tentative de suicide, et 8 une dépression. Après la privatisation et la mise en concurrence du groupe, 22 000 postes devaient disparaître, et ce, « par la fenêtre ou par la porte », pour citer Didier Lombart , président du groupe à l’époque. Les politiques d’accélération de démissions mises en place (objectifs irréalisables, isolement des salariés,…) ont poussé ces salariés vers la mort.

Le cas de la SNCF représente aussi un exemple parlant : depuis 2017, plus de 60 cheminots se sont donnés la mort. Et pour cause ? La destruction de l’entreprise par les réformes du gouvernement, dernièrement, la réforme du rail, poussant à la privatisation des services publics et à leur mise en concurrence. Les usagers étant devenus des clients, l’entreprise doit réaliser des profits, et pour cela, supprime des postes, ferme des lignes, et exerce une pression managériale immense sur les cheminots, qui se retrouvent impuissants face à l’énorme machine du capital.

Cette course au profit dans ces géants du service public, qui est partie intégrante du système capitaliste, a des conséquences dramatiques sur les travailleurs. Dans ces logiques, la violence managériale n’a pas d’importance, les conséquences de celle-ci encore moins, tant que l’entreprise génère des profits et peut payer ces actionnaires. Ces vagues de suicides caractérisent la dureté de ces réformes, qui déshumanisent tout travail, et qui cherche la rentabilité dans des secteurs publics, alors que ceux-ci n’ont que pour but initial de « satisfaire l’intérêt général ».

La nécessité de répondre à ces attaques : l’exemple des grèves dans le secteur de la santé

En réponse à ces attaques constantes du gouvernement contre les services publics, il est nécessaire de s’organiser, afin de créer un rapport de force conséquent pour faire plier les directions. C’est ce qu’on fait les travailleuses et travailleurs « paramédicaux » du service d’urgence de l’hôpital de Saint-Antoine, en se mettant en grève le 18 mars dernier, et qui ont été rapidement suivis par ceux de 16 hôpitaux de Paris (AP-HP). Depuis, le mouvement a été rejoint par différents hôpitaux, comme Mulhouse, Nantes, Strasbourg, Mantes-la-Jolie,...et un collectif de travailleurs urgentistes paramédicaux à été crée, appelé « l’Inter-Urgences », organe d’auto-organisation dont le but est de fédérer les grévistes et d’organiser des actions.

D’après ce collectif et la CGT, ce sont désormais plus de 40 services qui sont mobilisés. Et cette semaine, les 8 principales organisations de l’AP-HP (CGT, SUD, FO, CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa, SMPS) ont déposé un préavis de grève, allant de jeudi soir à samedi matin, en réclamant une réponse aux revendications exprimées, qui n’ont visiblement pas été entendues par la direction de l’AP-HP ni par le ministère de la santé.

Les travailleurs du personnel de santé affirment la nécessité de la reconnaissance de leur travail, et tirent la sonnette d’alarme : « C’est un boulot de chien. On se fait cracher dessus tous les soirs. Des gens meurent »  exprime Hugo Huon, membre de l’Inter-Urgences en poste à Lariboisière.

Ils revendiquent une augmentation de 300 euros net mensuels, mais également la réduction du nombre de lits fermés, l’augmentation des effectifs paramédicaux,… et incriminent les politiques de santé etleurs impacts sur les travailleurs comme sur les patients. C’est ce que les grévistes tentent de mettre en lumière, en tentant d’amorcer une mobilisation, à échelle nationale.

Le gouvernement, qui organise sciemment la destruction des services publics en les amenant vers la privatisation, ne se soucie pas des « dommages collatéraux » engendrés par leurs politiques, à savoir la dégradation totale des conditions de travail, qui mène à la mort de nombreux travailleurs. Il est nécessaire de soutenir cette grève, qui tend à se durcir, et au-delà, de défendre les services publics des coups que lui assène les réformes macronistes.

 
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