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La Izquierda Diario
22 de mai de 2019 Twitter Faceboock

Montée de la démagogie souverainiste
Grande Bretagne, où les européennes sont devenues une sorte de référendum sur le Brexit
Alejandra Ríos

En Grande Bretagne la crise ouverte du Brexit est en train de façonner tout débat politique et c’est ça qui semble articuler les discussions autour des élections européennes au milieu de la crise des conservateurs.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Grande-Bretagne-ou-les-europeennes-sont-devenues-une-sorte-de-referendum-sur-le-Brexit

Dans le cadre des élections européennes, Révolution Permanente publie une série d’articles sur les enjeux politiques au niveau national dans plusieurs pays. Ci-dessous nous publions l’article d’Alejandra Rios depuis la Grande Bretagne, correspondante du réseau international La Izquierda Diario dont notre quotidien fait partie.

Les élections au parlement européen se déroulent dans un contexte de montée de forces populistes d’extrême-droite. Par ailleurs, les débats houleux pourraient renverser la tendance de faible participation par rapport aux élections européennes de 2014, qui en Grande-Bretagne avait été d’à peine 34%. Quel est le scénario politique au Royaume-Uni dans le cadre de la crise de la négociation des termes du Brexit ?

Actuellement, 72 eurodéputés (plus un poste vacant) représentent le Royaume-Uni au parlement européen, dont 43 cherchent à être réélus. Il y a 548 nouveaux candidats et, à Londres, l’une des 12 circonscriptions électorales pour le parlement européen, 88 candidats représentent 11 listes. Même si les élections au Royaume-Uni ont lieu ce jeudi, le décompte des voix aura lieu dimanche 26 comme dans le reste de l’UE.

Les derniers sondages indiquent que le Parti du Brexit (Brexit Party) est la formation qui gagnerait la majorité des voix, alors que les partis traditionnels du régime subiraient un importante défaite. Ce pronostique serait en accord avec le panorama général dans le reste de l’Union Européenne (UE) où les partis de l’élite dominante s’effondreraient à la faveur de forces d’extrême-droite et des partis libéraux. Par conséquent, le parlement européen serait plus fragmenté et dans sa nouvelle composition le Parti Populaire Européen (centre-droit) et le Groupe de l’Alliance Progressiste de Socialistes et Démocrates perdraient la majorité dont ils disposent actuellement.

A trois ans du référendum sur l’appartenance à l’UE, convoqué par l’ex premier ministre David Cameron, il y a sur la table plusieurs options pro-européennes : depuis les démocrates libéraux, les Verts, Change UK (une scission europhile du Parti Travailliste), jusqu’aux partis indépendantistes en Ecosse et au Pays de Gales et l’Alliance Nord-irlandaise. A l’autre bout de l’échiquier politique nous retrouvons les options favorables au Brexit qui se concentrent en deux listes : le Parti du Brexit, créé récemment, et l’UKIP.

Après le référendum sur le Brexit, le leader de l’époque de l’UKIP, Nigel Farage, démissionnait pour se dédier, entre autres, à établir un contact avec Donald Trump. Par la suite, l’UKIP a connu une succession de leaders et le principal dirigeant actuel est ouvertement islamophobe, d’extrême-droite et a embauché comme conseiller Tommy Robinson, de tendance clairement fasciste. Comme conséquence de cela, la majorité des eurodéputés de l’UKIP ont quitté le parti et celui-ci se trouve actuellement sur le déclin.

Parallèlement, en janvier 2019 Farage lançait une nouvelle organisation, le Parti du Brexit, qui se trouve au plus haut dans les sondages avec 34% d’intentions de vote. Le Parti du Brexit est géré comme une entreprise qui a des donateurs - et non des adhérents -, sans statuts ni organes de direction. En outre, cette organisation xénophobe et nationaliste se retrouve sous une enquête judiciaire car ses finances pourraient enfreindre la législation britannique sur le financement des partis politiques.

De son côté, 80% des membres du Parti Travailliste se disent européistes et, selon des sondages, lors du référendum 65% des électeurs travaillistes se sont prononcés pour rester dans l’UE. C’est pour cela que, dans certaines régions les moins touchées par la crise, il est probable que certains électeurs travaillistes dans ces élections européennes préfèrent voter pour les Verts ou les Démocrates Libéraux étant donné que ces deux partis se sont prononcés plus ouvertement pour rester dans l’UE et pour un deuxième référendum sur la question. C’est cette tendance qui semblerait être la plus forte à Londres, une circonscription historiquement travailliste, où la position ambiguë du travaillisme a contribué à faire revivre les démocrates libéraux qui sont en tête des sondages.

Dans les régions reléguées par les politiques libérales, le mécontentement envers les politiques économiques pourrait se traduire par un vote en faveur de variantes isolationnistes du Parti du Brexit, mais pas seulement. Lors des élections locales de début mai dernier, certaines circonscriptions ouvrières ont voté pour les démocrates libéraux. Autrement dit, le vote travailliste se trouvera sous la pression des libéraux et du Parti du Brexit.

Le jeu double du travaillisme, voulant satisfaire aussi bien sa base européiste, majoritaire, que sa base séparatiste, minoritaire mais d’origine ouvrier, a fait surgir des critiques à son leader Jeremy Corbyn, et a même provoqué une scission menée par des députés pro-européens. Le plus important à noter c’est que depuis l’élection de Jeremy Corbyn à la tête du Parti Travailliste, celui-ci se renforçait ; dans une dynamique de croissance et défendant un programme de nationalisation il s’est vu entouré d’un nouvel activisme organisé autour de Momentum. Cette base est favorable à rester dans l’UE, non par des illusions vis-à-vis de l’Union mais pour s’opposer aux discours anti-migrants des organisations eurosceptiques.

Cependant, le travaillisme n’a pas pu capitaliser politiquement la crise politique des tories, le parti conservateur de la première ministre Theresa May. Le référendum de 2016 a ouvert une crise qui, en s’approfondissant, a érodé peu à peu la bonne santé du travaillisme. En un sens, la contradiction de cette force réformiste naît de sa propre base ouvrière, un problème que ni les Verts ni les démocrates libéraux ne connaissent.

Depuis la perspective du parti conservateur, ces élections signifient une bataille pour la direction du parti. Lors du référendum de 2016, selon YouGov, 61% des électeurs conservateurs ont voté pour sortir de l’UE. Il est probable alors que le Parti du Brexit progresse en grande partie au détriment du Parti Conservateur.

Pour beaucoup, les élections européennes dans le Royaume-Uni sont devenues une sorte de référendum sur le Brexit. L’Observer, a publié dans son édition de dimanche dernier un sondage sur les européennes au Royaume-Uni. Selon ce sondage, le Parti du Brexit (34%) est en tête dans toutes les régions sauf en Ecosse (où le parti National d’Ecosse mène). Il serait suivi par le Parti Démocrate-Libéral (17%), par les Travaillistes (15%), les Verts (11%) et le Parti Conservateur (9%). Concernant la question de l’Europe, le pourcentage de la population favorable à rester dans l’UE dépasserait celui de ceux qui veulent la quitter. Si nous observons le panorama général, il semble que se confirme la tendance politique à la croissance de l’extrême-droite et l’approfondissement de la crise de beaucoup de partis au gouvernement en Europe. Cependant, ces expressions populistes de droite, dans ses diverses variantes nationales, rencontrent des limites fruit de ses propres contradictions.

 
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