« Maison ». « Home ». C’est le titre d’un poème, écrit et récité pour la première fois en 2010 par Warsan Shire, une poétesse somalienne anglophone, avant même que les médias et les gouvernants aient mis un nom sur la « crise des migrants ». Somalienne, donc, elle a fui son pays, en pleine guerre civile. Une guerre civile qui se poursuit, aujourd’hui, en dépit (ou à cause, sans doute) d’une intervention étatsunienne dans les années 1990, d’une multiplication des ingérences étrangères et, depuis 2006, la tentative de mettre sur pied un gouvernement fantoche appuyé par des troupes de l’Union Africaine, le tout sous l’égide de Washington et des principales puissances européennes. Les candidats au départ, en Somalie, n’ont jamais été aussi nombreux. Mais « personne ne passe des jours et des nuits dans l’estomac d’un camion / En se nourrissant de papier-journal à moins que les kilomètres parcourus / Soient plus qu’un voyage », écrit Shire. Nous traduisons, ici, de larges extraits de « Home »