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La Izquierda Diario
13 de juin de 2019 Twitter Faceboock

Corruption
Brésil. Des révélations mettent en difficulté le juge qui a mis Lula en prison
Julien Anchaing

Des révélations publiées par le site The Intercept au Brésil sous la forme de trois documents d’archives de conversations de Telegram entre Sergio Moro, l’actuel ministre de la Justice du gouvernement d’extrême droite de Bolsonaro et Deltan Dallagnol, principal procureur chargé de l’affaire Lava Jato qui avait mis en oeuvre le coup d’Etat institutionnel contre Dilma Doussef et pour empêcher Lula de se présenter aux élections présidentielles, démontrent son caractère profondément partial et ses liens avec les intérêts des États-Unis.

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Les conversations Telegram entre Moro et Dallagnol révélées par le site The Inetrcept, laissent clairement apparaître que l’objectif politique concret de l’opération Lava Jato consistait à éloigner l’ex-président Lula de la présidentielle, alors que dans les sondages en 2018 celui-ci était donné largement gagnant face à Jair Bolsonaro ou n’importe quel autre opposant. Le juge fédéral Moro, que Bolsonaro a su remercier en lui offrant le poste de ministre de la justice de son gouvernement actuel, voit son image mise à mal et son impartialité remise en question, de même que la légalité des méthodes qui’il emploie , alors qu’il était vu jusqu’ici comme le principal défenseur de la lutte anti-corruption.

Ces révélations mettent en lumière notamment la relation qu’entretenait le juge Moro avec le principal procureur de l’affaire Lava Jato, ainsi que son aide à travers plusieurs directives et conseils afin de permettre l’emprisonnement de Lula dans des conditions de répression historique (interdiction de se présenter aux élections présidentielles, tout comme celle de soutenir le candidat par défaut du PT, Fernando Haddad, à travers toute forme de soutien public déclaré). Les messages révèlent notamment les doutes de Moro autour des chefs d’accusation contre Lula, en particulier l’obtention supposée d’un appartement en l’échange de faveur publiques à l’entreprise OAS. A l’heure actuelle, le site The Intercept responsable de ces publications a annoncé être en capacité de publier de nombreux documents qui remettraient en cause l’impartialité de Moro dans une affaire d’anticorruption historique et dévoileraient la présence de conflits d’intérêts importants.

De son côté, Bolsonaro est resté silencieux face à ces révélations qui sont publiées en pleine annonce de la mise en place de sa réforme des retraites basée sur une alliance bancale au sein de son gouvernement entre les différents secteurs qui le constituent, ainsi que pendant la crise économique face à laquelle le gouvernement ne parvient pas à faire face. Malgré son soutien à son ministre, réaffirmé notamment par la famille du président, celui-ci souhaite éviter une multiplication des remises en question de son gouvernement. Une aubaine pour l’ex candidat du PT, Fernando Haddad, comme pour le principal intéressé par l’affaire, Lula, qui voit son prestige en tant que possible opposant à Bolsonaro croître énormément. Pour la plupart d’entre nous, le fait que l’emprisonnement de Lula soit évidemment motivé politiquement dans la même logique que celui du coup d’Etat institutionnel dont avait été sujette Dilma Roussef en 2016 va de soi. Cependant, ni le PT ni Lula lui-même n’ont souhaité dénoncer cette opération, démontrant son incapacité à défendre non seulement son propre leader mais aussi les droits démocratiques élémentaires des Brésiliens contre le bonapartisme judiciaire et ses relations avec l’ambassade des États-Unis.

L’opération Lava jato a en effet eu pour principal objectif un long processus d’investigation, non seulement contre le PT, mais aussi contre un secteur pro-impérialiste central du pays, les « globales » Brésiliennes qui étaient des freins à l’expansion des entreprises américaines au sein du pays. Les révélations faites par Wikileaks sur la liaison entre Sergio Moro et le secrétariat d’État nord-américain, ainsi que la politique menée depuis 2009 d’investigation contre la “corruption”, a favorisé les secteurs de la droite nationale comme des secteurs privilégiés dans leur relation avec les États-Unis. L’objectif du gouvernement actuel, héritier direct de cette opération n’est autre que de faire payer la crise à la classe ouvrière et aux secteurs populaires.

Ce mercredi, en pleine soirée, le journal The Intercept a de nouveau publié des révélations remettant en question l’impartialité du juge actuellement ministre. Le journal a affirmé être en disposition d’informations supplémentaires qui seront publiées au cours de la semaine.

Crédit photo : Evaristo, AFP

 
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