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La Izquierda Diario
24 de juin de 2019 Twitter Faceboock

« La Manada »
Etat espagnol. Les membres de « La Meute » condamnés à 15 ans de prison pour viol
Carla Biguliak

La Cour suprême de l’État Espagnol a alourdi la peine des cinq membres de « La Manada ». La condamnation initiale pour « abus sexuel » a été remplacée par une condamnation pour viol.

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La Cour suprême de l’État Espagnol a alourdi la peine des cinq membres de « La Manada » (La Meute) qui ont violé une jeune de 18 ans en 2016. La condamnation initiale pour « abus sexuel », qui relativisait le crime, a été remplacée par une condamnation pour viol.

En 2016, lors des fêtes populaires de la San Firmin à Pampelune, cinq hommes âgés de 25 à 27 ans avaient violé une jeune madrilène de 18 ans avant de lui voler son portable pour qu’elle ne puisse communiquer avec personne après l’agression. Ils avaient ensuite publié une vidéo, avec la légende « en train d’en baiser une à cinq » sur un groupe Whatsapp nommé « La Manada » (La Meute).

Tout en reconnaissant qu’il ne s’agissait pas de rapports sexuels consentis, la justice avait rejeté, en avril 2018, la qualification « d’agression sexuelle » (le viol n’étant pas mentionné dans les textes de loi) des actes de ce groupe. Les hommes avaient alors été condamnés pour « abus sexuel », à seulement neuf ans de prison et à verser 50 000 euros de dommages à la victime. Ils avaient ensuite été remis en liberté provisoire.

Cette décision a montré ouvertement et sans aucun doute la violence que la justice et la société patriarcale exercent à l’égard des femmes. Face à cette situation, une vague de mobilisations féministes s’est déclenchée dans tout l’État espagnol et dans de nombreuses villes du monde, au cri de « Cette justice est de la merde », « Assez de justice patriarcale », « Ce n’était pas un abus, c’était un viol », et « L’un d’entre eux est Guardia Civil » (une des polices de l’État espagnol). Grâce à ces manifestations, ce cas a suscité l’indignation partout dans le monde.

Vendredi 21 juin, la plus haute juridiction du pays prononce une sentence condamnant les cinq accusés en tant « qu’auteurs d’un délit suivi de viol » avec des circonstances aggravantes, prévoyant une peine de 15 ans de prison, l’interdiction pendant 20 ans de s’approcher de la victime et 8 ans de liberté sous surveillance.
La décision, adoptée à l’unanimité, constitue un précédent puisqu’elle considère qu’il y a eu « un véritable scénario intimidant » dans lequel la victime « ne consent à aucun moment ».

Le verdict déclare qu’il s’agissait d’une « situation intimidante qui l’a amenée à adopter une attitude de soumission, à faire ce que les auteurs lui ont dit de faire. L’angoisse intense que cette situation lui causait en raison du lieu étroit et sans issue dans lequel elle a été introduite de force et les circonstances personnelles de la victime et des accusés, ont permis à ces derniers d’agir contre sa liberté et de perpétrer au moins dix agressions sexuelles par pénétration orale, vaginale et anale ».

Comme souvent lorsque les violences faites aux femmes prennent une importance médiatique, beaucoup tentent d’instrumentaliser la douleur et d’exiger des peines plus sévères dans le Code pénal. Cependant, le cas de La Manada ne constitue pas du tout un fait isolé : d’après les données officielles, dans l’État espagnol il y a un viol toutes les huit heures, bien que les organisations féministes déclarent que le chiffre est en réalité beaucoup plus élevé, car seul un viol sur six est dénoncé.

Les peines individuelles ne mettront jamais fin à la violence systématique à laquelle les femmes sont soumises. Il est nécessaire que, tout en accompagnant les femmes agressées dans leur demande de justice, nous réfléchissions à une alternative au modèle punitif qui nous est proposé et qui n’a jamais rien évité ni résolu. Pour autant, cette avancée de la Cour suprême est le résultat de deux années de mobilisations réclamant justice et rejetant la justice patriarcale.

Construisons la mobilisation et l’auto-organisation du mouvement des femmes en toute indépendance de l’État capitaliste et patriarcal - et ce afin qu’aucune de nos revendications ne soit instrumentalisée à des fins opposées à celles que nous recherchons. Il ne s’agit pas de renforcer les institutions répressives de cette société capitaliste et patriarcale, mais de les faire voler en éclats.

 
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