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La Izquierda Diario
7 de juillet de 2019 Twitter Faceboock

Université d’été révolutionnaire : Les Gilets jaunes, « ce n’est qu’un début... »
Julian Vadis

Du 3 au 8 juillet s’est tenue l’Université d’été révolutionnaire et internationaliste organisée par Révolution Permanente et les autres groupes européens du réseau La Izquierda Diario. Que ce soit lors du meeting du vendredi ou lors d’ateliers, les questions autour de la mobilisation des Gilets Jaunes, du rôle du mouvement ouvrier et de celui des révolutionnaires ont été largement débattues.

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Ce vendredi 5 juillet, dans le cadre de l’Université d’été révolutionnaire et internationaliste, le meeting/débat sur le mouvement des Gilets Jaunes a fait carton plein, avec plus de 300 personnes présentes dans la salle. A la tribune, Anasse Kazib, cheminot à Paris Nord, Flora Carpentier, du comité de rédaction de Révolution Permanente, Torya, gilet jaune de Rungis et cheminote et Juan Chingo, éditorialiste de Révolution Permanente et auteur du livre Gilets Jaunes, Le soulevement, paru aux éditions Communard.e.s le 3 juillet dernier.

Imaginez si à ce moment-là, le rail est paralysé, plus aucun avion n’avait décollé. Si à ce moment-là les profs avaient refusé de faire cours

Anasse Kazib

C’est Anasse Kazib qui a ouvert le débat, pointant la détermination affichée par les Gilets Jaunes lors de la mobilisation encore en cours 7 mois après le 17 novembre. Revenant sur l’ouverture d’une période pré-révolutionnaire, notamment après les journées du 1er et du 8 décembre, jour où Emmanuel Macron, bunkerisé à l’Elysée, avait affrété un hélicoptère dans le jardin de l’Elysée en cas d’invasion du palais présidentiel par les Gilets Jaunes, Anasse a aussi pointé la responsabilité des directions syndicales qui ont tout fait pour éviter la convergence entre le mouvement ouvrier et les Gilets jaunes.

En effet, le 6 décembre, les représentants des principales organisations syndicales ont publié un communiqué dénonçant la "violence" des Gilets Jaunes et appelant le gouvernement à négocier. Il y avait pourtant à la base une forte contestation. De la sorte, les directions syndicales ont tourné ouvertement le dos à la colère sociale où des franges importantes de notre classe étaient présentes. Toutefois, comme le rappelle Anasse, les directions syndicales ont joué un rôle majeur de frein à la convergence, choisissant la voie de la négociation plutôt que celle de la mise en place d’un plan de bataille, appelant tous les secteurs à entrer dans le combat avec leur méthode, c’est à dire la grève. Et alors qu’Emmanuel Macron était littéralement assiégé, Anasse a alors apostrophé la salle : "imaginez si, à ce moment-là, le rail est paralysé, si plus aucun avion n’avait décollé. Si à ce moment-là les profs avaient refusé de faire cours".

Il est alors clair que le rapport de force aurait été tout autre. Dans ce cadre, Anasse a aussi présenté les tentatives des camarades de Révolution Permanente, aussi bien par le biais du collectif Intergare issu de la bataille du rail de l’année dernière qu’en interne de la CGT. Ainsi, Anasse a raconté à la fois l’expérience de convergence du "pôle Saint Lazare", constitué de cheminots, du collectif Justice pour Adama et de Gilets Jaunes, qui a réuni plusieurs milliers de personnes dans les rues de Paris en décembre dernier. C’est aussi la bataille interne à la CGT, tout autant par le biais d’actions d’interpellation directe par les Gilets Jaunes à l’encontre des syndicats, comme ce fut le cas à Toulouse et qui avait débouché sur une assemblée générale commune de Gilets Jaunes et syndicalistes réunissant plusieurs centaines de personnes et aboutissant à la diffusion d’un tract commun Gilets jaunes/syndicats ; que par la pétition signée par plus de 150 CGTistes appelant à la convergence avec les Gilets Jaunes, et impulsée par Gaëtan Gracia, syndicaliste de l’aéronautique à Toulouse et Vincent Duse, membre de la CGT PSA Mulhouse. Anasse a aussi pointé la possibilité d’une "gilet-jaunisation" des luttes sur la base des méthodes d’actions, comme dans les grèves aux urgences et dans l’Education Nationale.

Il y a vraiment une volonté de la part des Gilets Jaunes de la base de s’organiser et de faire perdurer le mouvement

Torya

C’est ensuite Torya, cheminote et membre du collectif des Gilets Jaunes de Rungis, qui a pris la parole. Tout en soulignant le fait que le mouvement a eu du mal à se structurer, Torya est revenue sur le fait qu’au fur et à mesure de l’avancée de la mobilisation, la question de la structuration a été une préoccupation pour une frange significative de Gilets Jaunes. Torya a ainsi raconté l’expérience du collectif Rungis, mais aussi des "AG des Ags", comme à Commercy par exemple. Ainsi, pour la cheminote, " il y a vraiment une volonté de la part des Gilets Jaunes de la base de s’organiser et de faire perdurer le mouvement".

Nous sommes face à un mouvement qui a pris des formes complexes et a rencontré des limites, mais qui annonce un regain de combativité et des possibilités de reconstruction de la subjectivité ouvrière

Juan Chingo

Juan Chingo a ensuite conclu les introductions. Pointant le fait qu’"’il va devenir de plus en plus évident que Macron ne peut pas résoudre les problèmes sociaux" et qu’"on va donc entrer dans une période de conflits de plus en plus fréquents", Juan a pointé tout autant les aspects positifs du mouvement que ses limites et faiblesses. Ainsi, "nous sommes face à un mouvement qui a pris des formes complexes et a rencontré des limites, mais qui annonce un regain de combativité et des possibilités de reconstruction de la subjectivité ouvrière". Une situation contradictoire donc, qui explique l’impasse stratégique dans laquelle s’est retrouvé le mouvement des Gilets Jaunes, et qui repose les questions de l’auto-organisation, de la lutte contre le patronat et l’Etat et de la construction d’organisations démocratiques et révolutionnaires, proposant un programme de combat clair et extra-parlementaire.

Ce sont ensuite de nombreuses et nombreux intervenants de la salle qui ont pris la parole, racontant leur expérience, soulevant les points d’accord et de désaccords. Parmi eux, des Gilets Jaunes des Yvelines ou encore de Mante-La-Jolie, des syndicalistes et des jeunes se sont ainsi succédé au micro.

Ce sont aussi plusieurs ateliers, traitant du mouvement des Gilets Jaunes et du rôle des révolutionnaires qui se sont tenus tout au long du séjour. Que cela soit par le biais d’une médiatisation "du bon côté de la barricade" pensée comme outil pour la lutte, par l’intervention directe dans la mobilisation ou dans les organisations syndicales pour chercher à porter une politique de convergence et de généralisation du combat, ce sont de nombreux retours d’expérience et de propositions programmatiques qui ont été discutés et débattus. Un échange tout aussi riche et nécessaire, alors que la situation actuelle est prometteuse en terme de bataille à venir sur le terrain de la lutte des classes. Le mouvement des Gilets Jaunes a ainsi bousculé l’échiquier, la radicalité et la colère exprimées laissent à penser, comme le rapelle Juan Chingo, que le slogan de mai 68 "ce n’est qu’un début..." est aujourd’hui plus que jamais d’actualité.

 
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