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La Izquierda Diario
17 de juillet de 2019 Twitter Faceboock

« L’IMPACT » DES GILETS JAUNES
Rapport parlementaire sur le coût des Gilets jaunes : parlons du coût de la répression !
Claude Manor

Le rapport de la commission parlementaire sur « l’impact des Gilets Jaunes » a été présenté ce mercredi 17 juillet au premier ministre. Un bilan qui, dans la bouche de son rapporteur, tend à démontrer, que les gilets jaunes sont les ennemis économiques du pays, en général, et des petites entreprises, en particulier. Un bilan froidement comptable auquel il manque une colonne : le coût humain et financier du déchaînement des forces de répression. De quoi faire pencher la balance de l’autre côté de la barricade !!!

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Rapport-parlementaire-sur-le-cout-des-Gilets-jaunes-parlons-du-cout-de-la-repression

Crédit photo : LUCAS BARIOULET / AFP

Une catastrophe économique, vraiment ???…

Huit mois après le début du mouvement, Jean-René Cazeneuve, député LREM et rapporteur de la commission parlementaire est monté très tôt au créneau ce matin, mercredi 17 juillet, pour commenter sur la chaîne télévisée France Info les premiers résultats de la commission parlementaire. Le tableau dressé aligne des chiffres exprimés en millions d’euros : baisse de fréquentation et pertes de chiffre d’affaires dans les centres villes et centres commerciaux lors des manifestations, manque à gagner dans le secteur du tourisme, hôtellerie et restauration, sommes déboursées par les assurances pour compenser les dégâts… jusqu’aux milliers de radars détruits. De quoi charger la barque au maximum pour accréditer, une fois encore, la thèse des « casseurs » qui mettent à mal le pays.

Dès que l’on fait dans les grands nombres, il est facile d’effrayer et de crier à la catastrophe. Pourtant, au total, l’ensemble s’élèverait à 0,1 point de PIB. C’est-à-dire moins que les 0,2 que prophétisait Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, au moment du lancement de la mission parlementaire en avril dernier. Même le journal Valeurs Actuelles qui n’est pourtant pas soupçonnable de penchants gauchistes, relativise l’ampleur des coûts en pointant : « une facture ‘’relativement faible par rapport à la richesse nationale’’, aux dires des députés de la mission parlementaire eux-mêmes ».

Un total qui doit être encore plus relativisé quand on songe que le rapport inclut dans les charges imputables aux gilets jaunes, les primes et heures supplémentaires versées aux forces de police et qui se montent à plusieurs dizaines de millions d’euros ! Une dépense de l’État dont les manifestants se seraient pourtant parfaitement passés..

Bien plus catastrophiques, les coûts cachés de la répression

Parler du mouvement des Gilets Jaunes et de son coût, supposerait de considérer les coûts induits par l’obstination du gouvernement à ne pas entendre la légitime colère des Gilets Jaunes, les dépenses engendrées par le choix de l’escalade et du tout-répression, les montants consacrés à l’achat, à l’utilisation et à l’entretien de moyens matériels inégalés, le choix d’un investissement budgétaire relevant de la « guerre » / « maintien de l’ordre ».

A combien se montait l’appel d’offre lancé, selon Libération, le 23 décembre dernier, pour la commande de 1 280 nouveaux exemplaires de LBD, pourtant déjà très critiqués pour les blessures graves occasionnées lors des manifestations des Gilets Jaunes ? A quel engagement financier correspondait, dans le même accord-cadre de quatre ans, l’achat de 270 lanceurs à 4 coups et 180 lanceurs à 6 coups du même calibre que les LBD 40, « destinés à tirer exclusivement des grenades lacrymogènes, fumigènes ou assourdissantes », selon la Direction générale de la police nationale ?

Combien a coûté l’utilisation de chacun des blindés de gendarmerie (VRGB) qui ont fait leur apparition lors des manifestations des Gilets Jaunes à Paris. Engins équipés selon les cas de treuils, lames ou équipements radio et que la gendarmerie utilise pour mater les révoltes les plus déterminées comme ce fut le cas à Mayotte en 2016 ou à Notre Dame des Landes en 2018 ?

Combien ont coûté les tonnes de gaz lacrymogènes déversées sur les manifestants et les canons à eau ?

Quant au coût humain, ils n’en parlent pas et c’est lui qu’il faut dénoncer

Ils osent parler « d’impact » du mouvement des gilets jaunes quand il s’agit de dégâts matériels, de vitrines, de véhicules, voire de chiffres d’affaires ; ils oublient (volontairement) que « l’impact » c’est celui des tirs de flash-balls ou de LBD. Les impacts, ce sont ceux des projectiles, potentiellement mortels, lancés par les forces dites « de l’ordre ». La place Beauvau elle-même a recensé 12.908 tirs de LBD sur une durée de 6 mois depuis le 17 novembre.

Ce que le bilan de la commission parlementaire se garde bien d’examiner en détail, et ce que son rapporteur n’a pas évoqué, c’est le lourd tribut payé par les manifestants et la population, par les Zineb Redouane, ou les Geneviève Legay, par toutes celles et ceux qui ont perdu un œil ou une main ou ont été profondément choqués.

Lors d’un bilan réalisé après 6 mois de mouvement des gilets jaunes, (c’est-à-dire jusqu’au mois de mai), et en grande partie grâce au travail de recensement réalisé par le journaliste David Dufrene sur Allo@place Beauvau, on comptait 2 448 blessé.e.s dans les rangs des manifestants. 24 d’entre eux ont été éborgnés et 5 ont eu la main arrachée.
Plus de 12 000 interpellations et plus de 10 000 gardes à vue, ont eu lieu. Près de 2000 condamnations ont été prononcées, dont près de 40 % à de la prison ferme.

Pendant ce temps 256 enquêtes pour des « soupçons » de violences policières ont été ouvertes et se perdent dans les sables. 15 d’entre elles concernent la gendarmerie, dont 5 à l’IGGN (Inspection générale de la gendarmerie nationale). Les 241 restantes sont du ressort de la « police des polices » (l’Inspection générale de la police nationale, IGPN), selon le ministère de l’Intérieur. Une soixantaine de ces enquêtes ont été transmises aux parquets concernés.

« Voilà s’ils avaient un peu d’honnêteté ce que les rapporteurs de l’Assemblée recenseraient et nous décriraient ; mais d’honnêteté, ou plutôt de malhonnêteté, ils n’ont que les 4 lettres qui forment le mot « fric »… aurait dit Cyrano de Bergerac.

 
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