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La Izquierda Diario
22 de juillet de 2019 Twitter Faceboock

Mort de Mamoudou Barry
CAN et fake news racistes. Ou comment fabriquer un criminel algérien
Olive Ruton

L’agression mortelle de Mamoudou Barry, ce 19 juillet à Rouen, a été manipulée pour littéralement inventer un « nouveau crime » des supporteurs algériens.

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L’agression mortelle de Mamoudou Barry ce 19 juillet, soir de la finale de la CAN, a été l’occasion pour la droite française de crier au crime raciste commis par des supposés supporteurs algériens, allégrement relayé par la presse. Or, le suspect est en fait turc. Nouvelle fake news raciste contre les supporteurs algériens de cette CAN.

Une fake news raciste propagée par la droite et les médias

La nouvelle de la mort d’un homme des suites d’une agression dans une rue de Rouen vendredi soir, avant la grande finale qui a vu sortir l’équipe de l’Algérie grand vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations, a été l’occasion d’une nouvelle déferlante de haine et de criminalisation des supporteurs algériens de la part de l’extrême-droite, des politiques français, relayés par les grands médias.

En effet, une telle agression un soir de match, dans l’ambiance de haute tension sécuritaire autour de l’événement sportif, n’a pas manqué de trouver en les supporteurs algériens des coupables tout désignés du meurtre de Mamoudou Barry. Âgé de 31 ans, cet universitaire guinéen a été frappé à mort par un homme devant sa femme et sa fille. Immédiatement, des accusations, relayées par les médias, déclarant coupable un « supporter algérien », ont été faites publiquement par des personnalités d’extrême-droite française, et sur nombre de comptes des députés Les Républicains sur les réseaux sociaux.

Eric Ciotti, notamment, s’est empressé de tweeter « Le Dr #MamoudouBarry victime d’un crime raciste perpétré par des supporters algériens a été assassiné sous les yeux de sa femme. Scandalisé par ce crime barbare et l’incompréhensible silence médiatique ». On peut également citer Julien Aubert, député LR du Vaucluse, qui a même interpellé Castaner, apparemment scandalisé par un tel acte de violence raciste, sur sa page Twitter lui aussi : « Et si on parlait d’un véritable acte raciste commis en France vendredi dernier ? Le Dr #MamadouBarry (sic) a été tabassé à mort devant sa femme à Rouen par des supporters algériens qui ont cru qu’il était sénégalais. C’était en France, en 2019. @CCastaner, voilà la haine. Qui en parle ? ». Des propos maintes fois repris dans les grands médias sans aucun recul, comme source d’information.

Un coupable « algérien » qui est en fait un homme… d’origine turque !

Avec les informations officielles sur l’arrestation du suspect de cette agression, c’est une nouvelle fake news dans le traitement médiatique de cette CAN qui a été révélée. En effet, comme cela a été le cas au moment de la famille renversée par une voiture il y a quelques jours à Montpellier, l’événement a été mis avec empressement sur le compte des supporteurs algériens avant qu’il ne devienne évident que cet accident n’avait rien à voir de près ou de loin avec la CAN. Cette fois encore, il s’avère que l’agresseur de Mamoudou Barry n’est absolument pas d’origine algérienne, mais turque, un homme apparemment sujet à des troubles psychiatriques.

Le renouveau du racisme anti-algérien

Si ce crime est bel et bien raciste, il n’y a aucun rapport avec les supporteurs algériens. Les accusations et le traitement médiatique se font dans un climat ambiant de racisme et de criminalisation des Algériens dans lequel a baigné l’ensemble de la couverture médiatique en France de cette Coupe d’Afrique des Nations. En effet, si le caractère raciste de l’agression n’est pas à remettre en cause, au vu des propos précédant l’agression, rapportés par la femme de la victime « Vous les sales noirs, on va vous niquer ce soir », cette dénonciation du racisme par des hommes représentant les politiques les plus réactionnaires et xénophobes en France, sautant sur cet événement pour accuser la « violence » et la « barbarie » présumée des Algériens sur le sol français, n’est qu’une hypocrisie qui ne parvient pas à couvrir le racisme le plus nauséabond. Un racisme anti-algérien d’ailleurs consensuel pour cette droite qui se déclarait, à travers la personne de Stéphane Ravier, sénateur RN, pour l’interdiction du drapeau algérien, suite aux manifestations de la joie des supporteurs algériens à l’issue de la demi-finale de la CAN, il y a quelques jours à peine.

Cette interpellation des grands médias, accusés « d’étouffer un meurtre raciste » sonne d’autant plus scandaleusement fausse au regard du peu de bruit médiatique fait autour des violences policières ou des groupes d’extrême droite contre les supporters algériens eux-mêmes, ou encore au vu des meurtres incessants de personnes noires ou racisées dans les plus grands pays impérialistes comme la France, notamment par les forces de l’ordre, comme l’a rappelé ce week-end la marche pour Adama, exigeant justice et vérité pour cet homme tué par la police il y a déjà trois ans.

Les politiques et les médias présentent les supporteurs algériens comme des criminels capables de tuer pour un match de football mais soutiennent les tirs de flash-ball dans la tête des algériens et ne disent mot sur les attaques fascistes contre une famille algérienne. Il n’est pas anodin que cela se fasse en France, ancien pays colonisateur de l’Algérie : c’est précisément en raison de ce passé de domination coloniale et de racisme que le « criminel idéal » est un algérien, un maghrébin, un noir, un étranger. Aucune de ces « fake news » n’aurait autant de puissance si une ambiance raciste n’enveloppait pas déjà la société. Aucune « fake news » ne serait crédible à propos du caractère « barbare » des supporters algériens si les grands médias, le gouvernement, les politiciens réactionnaires n’avaient pas créé auparavant une ambiance de criminalisation de la population algérienne ou d’origine algérienne. Ces évènements nous rappellent effectivement l’utilisation du racisme de la part des classes dominantes pour diviser les opprimés et les exploités.

 
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