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La Izquierda Diario
25 de juillet de 2019 Twitter Faceboock

Sur la prétendue « indépendance de la justice »
Affaire Legay : le procureur a délibérément menti pour protéger la version de Macron
Arthur Nicola

Nouveau rebondissement dans l’affaire Geneviève Legay, manifestante de 73 ans blessée par la police à Nice dans une manifestation de Gilets Jaunes : le procureur niçois en charge de l’enquête a avoué avoir menti pour protéger la version d’Emmanuel Macron. Une curieuse conception de l’indépendance vis-à-vis du pouvoir.

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C’est une information révélée le 24 juillet par le quotidien Le Monde : le procureur de Nice, Jean-Michel Prêtre, a avoué, devant sa hiérarchie, avoir délibérément menti à la presse sur les circonstances des blessures de la militante d’Attac Geneviève Legay, blessée lors d’une charge policière, pour « protéger la version du président ». En effet, comme nous le soulignions dès fin mars, la version des autorités avait tout l’air d’un mensonge orchestré. Alors que le président de la République s’était avancé dans une interview dans Nice Matin, expliquant que la manifestante, qui « devait faire preuve de plus de sagesse », n’avait pas été touchée par les forces de l’ordre, le procureur avait immédiatement repris cette version pour ne « pas embarrasser le président ».

Pourtant, il avait lui même été témoin de la scène, étant présent dans le poste de commandement depuis lequel avait été demandée le charge sur les manifestants, un ordre qui avait été, dans un premier temps, refusé par les CRS sur place, jugeant la foule « pacifique ». Mais visiblement, pour Jean-Michel Prêtre, la vérité est moins importante que la parole présidentielle : il s’est ainsi défendu en arguant qu’il fallait éviter « des divergences trop importantes » avec le président. Une logique qui révèle au grand jour ce qu’est la réalité de la justice : une institution avant tout au service du pouvoir, qui applique à la lettre la politique répressive du gouvernement, et qui le couvre politiquement quand il faut. Car malgré ces déclarations qui montrent toute l’imposture du procureur, le ministère de la Justice a « estimé, sur la base de ce rapport, qu’il n’y avait pas lieu à poursuites disciplinaires » : un juste retour de bons procédés entre le gouvernement et le procureur, visiblement.

Jean-Michel Prêtre n’en est d’ailleurs pas à ses premiers faits d’armes dans la falsification de la réalité quand il s’agit de défendre les intérêts de l’État : déjà en première ligne lors de l’attentat sur la promenade des Anglais à Nice, le procureur avait tout fait pour empêcher d’approfondir une enquête sur le dispositif de sécurité le soir de l’attentat, avant de classer l’enquête sans suites. Une politique visant à dédouaner la police de toute responsabilité qui lui avait valu une belle médaille par le ministère de l’Intérieur, qui l’avait décoré de la médaille d’or de la sécurité intérieure. Une logique carriériste que certains de ses proches ne cachent même pas : Le Monde cite quelques uns des épithètes qui lui sont accolés par son entourage, « carriériste », « influençable », « proche des forces de l’ordre », qui décrivent bien le personnage.

Si l’enquête a depuis été dépaysée à Lyon, ne nous leurrons pas : Jean-Michel Prêtre a beau être l’incarnation parfaite des liens organiques entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire, ces liens ne disparaitront pas en changeant de circonscription. Car la justice, bien loin d’être « indépendante » du gouvernement, a pour simple rôle d’appliquer des lois décidées par ce gouvernement, et de mettre en oeuvre leur politique répressive. La vague de condamnations de Gilets Jaunes, et l’impunité totale des policiers poursuivis par des manifestants pour des violences policières le montre bien : entre les juges et le gouvernement, la politique menée est la même envers les mouvements sociaux. Une répression tout azimut, qu’elle soit menée par des ministre en costard/cravate, des CRS en boucliers ou des juges en robe d’hermine.

Crédits photos : © France 3

 
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