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6 de août de 2019 Twitter Faceboock

MEETING INTERNATIONALISTE
Vidéo. Lucia : « Pour Podemos, se battre dans la rue c’était des bêtises de jeunesse » #UDT2019
Lucía Nistal

L’Université d’été que nous coorganisions début juillet a été l’occasion d’un meeting internationaliste qui a rassemblé, dans une ambiance de combat, plus de 300 personnes et une tribune composée de militants de France, d’Italie, d’Allemagne, de l’Etat espagnol et d’Algérie. Nous reproduisons ici l’intervention de Lucia Nistal, figure de la campagne de référendums contre la Monarchie à l’Université de Madrid et militante au sein du Courant Révolutionnaire des Travailleurs (CRT) de l’Etat espagnol.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Video-Lucia-Pour-Podemos-se-battre-dans-la-rue-c-etait-des-betises-de-jeunesse-UDT2019

Crédit Photo : O Phil des Contrastes

Dans son intervention, Lucia est revenue sur les fausses solutions néo-réformistes qui, de Podemos à Syriza n’ont en aucun cas été une issue à la crise capitaliste qui dure maintenant depuis plus de 10 ans et qui a fait payer le coût de leur sauvetage sur « le dos des travailleurs, des femmes et de la jeunesse ». A l’inverse, elle a rappelé avec enthousiasme que « la seule chose que mérite notre vie, c’est de lutter contre ce système capitaliste qui veut nous condamner à la misère (...). Nous ne voulons pas des miettes, nous voulons le pain, nous voulons les roses, nous voulons le communisme : nous voulons tout ! » a-t-elle conclu devant un auditoire enflammé.

« Bonjour camarades. La première chose que je voulais vous dire, c’est vous transmettre le bonheur immense que j’ai d’être ici pour parler en plein cœur de l’Europe impérialiste devant plus de 300 camarades d’Allemagne, de France, d’Italie, de l’Etat espagnol. Nous sommes ici pour essayer de mettre en pratique l’internationalisme, pour parler de marxisme, de féminisme de classe, de lutte de classe, de révolution, et nous devons nous rendre compte de l’importance d’avoir réuni plus de 300 personnes ici.

Comme vous le savez camarades, ça fait plus d’une décennie que la grande crise du capitalisme a commencé. Et les bourgeois, les capitalistes en ont profité pour faire peser sur les travailleur.se.s, les femmes, les jeunes... des coupes budgétaires, des attaques qui ont empiré nos conditions de vie et nos droits. Pendant que d’un côté ils sauvaient les banques par des sauvetages qui se calculent en millions, de l’autre, ils limitaient nos droits, baissaient les allocations, approuvaient des réformes du code du travail, hypothéquaient notre éducation, hypothéquaient notre santé, hypothéquaient notre futur... »

« Ces partis nous disaient que le changement ne se ferait pas en luttant »

« Mais il y a eu des résistances. On a rempli les places, le 15 mai dans l’Etat espagnol, des places comme Syntagma en Grèce... Il y a eu différentes grèves qui ont secoué les pays, des mouvements de lutte pour contrer ces attaques. Mais il y a eu un détournement de ces luttes par le travail infatigable des bureaucraties syndicales et des nouveaux partis réformistes. Ces partis nous disaient que le changement ne se ferait pas en luttant, que le changement viendrait par la voie institutionnelle, et ces partis ont des noms : Syriza et Podemos par exemple.

Et en Grèce, il y a eu des attaques énormes. C’est un des pays qui a vécu les plus fortes attaques et ça a été un des lieux qui a connu une des résistances les plus fortes. Souvenez-vous, plus de 30 grèves générales ont traversé et secoué le pays, en contrant les attaques et en luttant contre les coupes budgétaires. Mais Syriza est arrivé par voie électorale en disant ’nous allons stopper les attaques, nous allons revenir sur certaines coupes budgétaires’. Ils ont bercé d’illusions la Grèce comme le monde. Beaucoup de partis de gauche, une grande partie de la gauche a célébré cette alternative qui supposait que Syriza allait changer les choses. Ils ont tenu à peine 6 mois avant de tomber dans une capitulation totale, absolue et honteuse face à la Troïka.

Et pendant ce temps dans l’Etat espagnol, on avait Pablo Iglesias, le leader du nouveau parti réformiste Podemos, qui déclarait dans les médias que son camarade Tsipras ne pouvait pas faire autrement, que c’était la seule alternative, qu’on ne peut rien faire face au capital. Parce que depuis le début de Podemos, depuis sa création, dans sa politique et ses pratiques, l’idée c’était de dire qu’il fallait abandonner la rue. Ils disaient que c’était des bêtises de jeunesse de dire qu’il fallait se battre dans la rue. Il fallait abandonner cette méthode, et ce qu’il fallait faire c’était voter et jouer le jeu de la politique électorale. »

« Nous ne voulons plus être des pions de cette monarchie héritée du franquisme »

« Ces temps-ci, nous voyons ce même Podemos suivre et jouer le jeu du parti socialiste, qui le laisse entrer comme ministre au sein de son gouvernement. Et ce parti, le parti socialiste espagnol, est l’un des deux grands piliers du régime monarchique, impérialiste que nous avons en Espagne, un des deux piliers qui a mené des réformes contre les travailleurs, les baisses des allocations... le même parti qui soutient des politiques assassines de l’Europe forteresse, qui remplit la Méditerranée de cadavres, c’est ce même parti qui réprime de manière brutale le peuple catalan parce qu’il revendique son autodétermination. Je ne peux pas laisser de côté le fait qu’une partie de cette répression contre le peuple catalan me pousse à dire qu’aujourd’hui, de manière honteuse, l’Etat espagnol compte des exilé.e.s et des prisonnie.re.s politiques ; et que sont responsables la justice et le gouvernement du parti socialiste, avec lequel Podemos veut collaborer.

Et oui, la profonde adaptation du nouveau réformisme aux régimes capitalistes en arrive jusque là ! Dans l’Etat espagnol et dans tant d’autres Etats, ce dont nous avons besoin, ce n’est pas ce nouveau réformisme qui est totalement obsolète, totalement intégré dans la décadence. Ce qui manque dans l’Etat espagnol c’est une gauche qui se positionne véritablement contre le régime monarchique imposé par le dictateur Francisco Franco et qui dise que nous ne voulons plus être des pions de cette monarchie héritée du franquisme qui s’applique à s’unir à des dirigeants, à des dictateurs, assassins, qui s’enrichissent pendant qu’ils nous condamnent à la précarité ! C’est de cette gauche dont nous avons besoin ! »

« Nous avons besoin d’une gauche qui se bat avec une perspective révolutionnaire »

« Nous avons besoin, camarades, d’une gauche qui se bat, qui lutte pour des processus constituants radicalement démocratiques avec une perspective révolutionnaire, des processus au sein desquels nous pouvons décider de la forme de l’Etat, de l’autodétermination des peuples, mais aussi au sein desquels nous pouvons décider de toutes les mesures et décisions qui affectent directement nos vies, le futur et la vie des majorités populaires. Une gauche révolutionnaire qui se donne pour tâche principale de développer l’auto-organisation et la lutte des précaires, ensemble, au sein de la classe des travailleurs.

Tout en étant encore un petit groupe, depuis le CRT nous luttons pour cette perspective de toute notre force, et pour cela, avec les positions que nous avons conquises dans les universités avec beaucoup des camarades qui sont parmi nous aujourd’hui, nous avons pu organiser le premier referendum sur la monarchie, le premier dans une université en 40 ans de régime. Un referendum qui a eu un impact médiatique frappant et qui s’est étendu dans des dizaines d’universités de tout l’Etat espagnol. Pour cela aussi nous intervenons aux côtés des précaires, encourageant et développant leurs luttes. Aujourd’hui nous pouvons dire que nous sommes fier.ère.s de compter parmi nous des camarades qui ont mené deux grèves historiques à Telepizza, car se sont les premières grèves qui ont été menées dans cette entreprise. Et nous sommes fier.ère.s aussi d’avoir lutté main dans la main avec Las Kellys qui sont présentes aujourd’hui. Deux exemples de luttes, de la rébellion des précaires des plus exploité.e.s au sein de secteurs où il est très difficile de s’organiser, où les droits syndicaux sont une blague. Nous devons appuyer ces luttes, et nous serons toujours à leurs côtés. »

« Nous ne voulons pas des miettes, nous voulons le pain, nous voulons les roses, mais aussi le communisme : nous voulons tout ! »

« Bien sûr nous sommes aussi intervenus, la CRT et Pan y Rosas, dans le mouvement des femmes, qui a été massif en Espagne. Nous sommes intervenus avec la perspective, l’objectif de mettre sur pied un courant féministe, révolutionnaire, aux côtés des travailleuses. Comme les camarades de notre collectif Du Pain & des Roses le font dans différentes langues, différents pays, mais sous le même drapeau camarades.

Les capitalistes s’appliquent à nous dire que nous ne devons pas dédier notre temps, perdre notre temps à s’organiser et lutter, qu’on doit se dédier à une carrière personnelle à une vie individuelle frustrante et vide. Mais pour nous la seule chose qui mérite d’y consacrer du temps, d’y consacrer notre vie... c’est de lutter contre ce système capitaliste de merde qui veut nous condamner. Ce qui vaut la peine camarades, c’est de militer, avec la perspective que nous ne sommes pas disposés à continuer à être des pions, ni des exploitées, ni des opprimées... qu’on ne se contente pas de résister, que nous ne voulons pas des miettes, que nous voulons le pain, que nous voulons les roses, mais aussi le communisme : nous voulons tout ! »

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