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La Izquierda Diario
24 de août de 2019 Twitter Faceboock

Cheminots, usagers, même combat pour le service public – partie 22
Malgré un rapport accablant sur l’état du réseau SNCF, Borne manque de respect aux victimes de Brétigny
Clément Alonso

Dans un rapport de l’EPSF dévoilé par Le Parisien, l’état du réseau est jugé catastrophique et plusieurs manquements sont relevés. Cela est dû à la politique de la direction et de l’État durant de nombreuses années.

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Cela fait longtemps que nous n’avions pas eu le droit à une telle session médiatique sur la SNCF – depuis le début de l’année 2018, plus précisément. En cause cette fois-ci, une bombe lâchée par Le Parisien, un rapport de l’ESPF (organisme de sécurité ferroviaire) sur l’état catastrophique du réseau qui fait tâche juste avant l’intronisation de la « nouvelle SNCF version 2020 », réformée par Macron. Le rapport concerne les infrastructures et les décrit en très mauvais état. Ce n’est pas surprenant au vu des différentes politiques menées par les gouvernements successifs toujours avec la collaboration de la direction de la SNCF. Mais ce n’est pas tout, le rapport dévoile également des anomalies pouvant engager la sécurité des circulations, comme des boulons sur des éclisses manquantes, des fils électriques rongés. Certaines anomalies ont été traitées en retard, la partie restante est quant à elle connue de la SNCF et pourtant rien n’est fait et le suivi est tout simplement catastrophique.

Quand les médias jouent la carte de l’hypocrisie

Beaucoup de médias ont très rapidement relayé l’information, ayant même le culot d’inviter des pseudos spécialistes qui ont osé ressortir des écrits du rapport Spinetta… Il ne faut pas oublier le rôle des médias dans le conflit du printemps dernier, qui ont matraqué les cheminots en continu pour leur donner une image de nantis privilégiés, favorisant alors la casse de l’entreprise, ouvrant la porte à la dégradation du service public et de l’état du réseau.

Les méthodes sont les mêmes cette fois-ci pour tenter de minimiser la gravité du rapport, et essayer de diriger la colère une nouvelle fois vers les cheminots du terrain. Pourtant, il est assez simple de pointer du doigt les responsables de cette situation : la direction de la SNCF, qui entretient cette dégradation depuis de nombreuses années, ainsi que les différentes politiques menées par les gouvernements successifs depuis le début des années 2000. La maintenance des infrastructures est aussi l’un des secteurs de la SNCF où il y a le plus de sous-traitance (environ 60%), et en plus du surcoût que cela engendre, la maintenance s’en retrouve dégradée. La faute n’étant pas aux travailleurs du terrain qui travaillent pour les entreprises sous-traitantes mais bel et bien aux dirigeants sous-traitants et à la direction de la SNCF eux-mêmes, pour avoir organisé la perte des compétences autrefois sous l’étendard de la SNCF.

Se partager la part du gâteau entre potes du CAC 40, émettre une forte pression sur les travailleurs du terrain pour tout terminer rapidement. Il est bon de rappeler la façon avec laquelle Sferis, un sous-traitant des infrastructures (qui grappille de plus en plus de parts de marché) traite ses ouvriers notamment en explosant le compteur d’heures travaillées. Mais tout ça, les médias n’en parlent pas une seule fois, et bien sûr pas un mot non plus sur la privatisation et ses conséquences sur la maintenance des infrastructures, l’usure risquant d’être beaucoup plus importante due au fait que tous les opérateurs vont faire rouler leur train sur le réseau.

La SNCF s’est entravée dans la Borne

Autre personne que l’on peut pointer du doigt aujourd’hui, pour plusieurs raisons : Elisabeth Borne. Toujours ministre des transports, elle a totalement minimisé le rapport prétextant que l’EPSF aurait pu stopper les circulations si la sécurité des voyageurs était vraiment engagée. Il faut également rappeler que les organismes comme l’EPSF dépendent de l’Etat – un peu à l’image de l’IGPN pour la police. Imagineriez-vous le gouvernement se couvrir d’une énième crise car sa SNCF toute neuve effectue une mauvaise maintenance à cause de sa politique ? Le fait de devoir arrêter les circulations et de rouvrir un débat censé être entériné pour l’exécutif ?

Mais ce qui est aussi hallucinant, c’est que Elisabeth Borne a également été à la SNCF par le passé, qu’elle y a tenu un poste à responsabilité et qu’elle est parfaitement consciente de l’état du réseau ferroviaire en France, dans le passé comme aujourd’hui. Elle s’est simplement contentée d’annoncer une augmentation de 50% du budget dédié à la maintenance des voies, soit 3,6 milliard d’euros. Mais encore une fois, y aurait-il eu une augmentation du budget alloué à la maintenance des voies sans le fait que ce rapport ait été rendu public ? Alors que pendant de nombreuses années des cheminots ont dénoncé l’état effroyable du réseau…

Un manque de respect pour les victimes de Brétigny et pour les cheminots

Mais le plus marquant dans tout ça est probablement l’indifférence avec laquelle est traité le sujet : un véritable manque de respect aux victimes de Brétigny et leur proches, qui pour certains ont perdu un être cher dans cet incident. Le fait de se mettre à la place de l’une de ces personnes et de constater que le spectre qui a tué leurs proches est toujours présent et que rien n’a été fait aujourd’hui ; de sentir que cela a de grandes chances de se reproduire de nouveau dans l’avenir.

C’est également un sujet qui cristallise la colère du côté des cheminots, qui dénoncent l’état calamiteux du réseau depuis de nombreuses années, durant tous les derniers conflits sans avoir eu la parole ni même avoir été écoutés. C’est l’impression pour les cheminots de la base de voir le couperet du cheminot feignant et privilégié leur tomber de nouveau sur la tête.

Il ne faut pas non plus exclure les autres secteurs de la SNCF qui subissent la réforme et perdent leur aspect sécuritaire, il n’y a pas que dans l’infrastructure que la maintenance se dégrade, mais également sur le matériel roulant où tout n’est que bénéfices et profits, quitte à engager la sécurité des circulations. Une chose est sûre, la réforme ferroviaire doit être abolie pour améliorer l’état du réseau et les conditions de travail des cheminots !

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