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29 de août de 2019 Twitter Faceboock

Football
Banderoles Nice/OM : Schiappa et la Ligue, champions de la lutte contre l’homophobie ?
Julian Vadis

Ce mercredi 28 août, l’Olympique de Marseille se rendait à Nice, pour le compte de la 3ème journée de Ligue 1. La victoire marseillaise (2-1) a toutefois été éclipsée par la polémique à propos des banderoles et chants homophobes en provenance du kop niçois, qui a entrainé une interruption du match.

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27ème minute de jeu à l’Allianz Riviera de Nice, où les Aiglons affrontent l’Olympique de Marseille. L’arbitre du match, Clément Turpin, interrompt la rencontre, suite à des chants et au déploiement de plusieurs banderoles à caractère homophobe. Plusieurs minutes plus tard, le match reprend, se soldant par une victoire de l’OM sur le score de 2 buts à 1.

La polémique éclate dès le lendemain, autour de l’homophobie dans les stades. Depuis le début des championnats de Ligue 1 et de Ligue 2, cette politique d’interruption de matchs, voire de sanction disciplinaire, est sévèrement appliquée, avec de nombreux cas étudiés hier par la commission de discipline de la Ligue de Football Professionnelle (LFP). Dans un communiqué, la commission a annoncé la fermeture d’une tribune à Nancy, et une série de « rappel à l’ordre » pour les clubs de Marseille (deux fois), Montpellier, Bordeaux, Rennes, le LOSC, Nîmes, Nantes, Reims, Strasbourg, Grenoble, Le Mans, le Paris FC et Chambly.

Schiappa au diapason, la LFP sur le pied de guerre : instrumentalisation de la lutte contre l’homophobie

Il est incontestable que ces chants, tout comme ces banderoles, sont, consciemment ou non, à caractère homophobe. Comme il est tout aussi incontestable à la fois que ces chants et banderoles ne sont pas apparus avec les championnats de football de cette année, ni ne sont spécifiques aux stades de football. Les diverses réactions sur les réseaux sociaux témoignent de cette homophobie banalisée : au-delà des commentaires proprement réactionnaires, ce sont de nombreux supporters qui affichent leur incompréhension, arguant qu’il s’agit d’insultes issues du langage populaire sans connotation homophobe, ou expliquant qu’il y a des préoccupations plus graves que des chants et des banderoles dans les stades, comme les chants racistes ou les agressions homophobes dans la rue et sur les lieux de travail. Entre autres exemples.

Si ces arguments n’excusent en rien le fait que ces chants et banderoles soient homophobes, il est pourtant assez clair que cette situation est largement instrumentalisée pour mener une chasse aux ultras sur un nouveau terrain.

Pour la LFP, qui se montre bien moins zélée en matière de lutte contre l’homophobie en dehors des tribunes, comme en attestent les trop rares témoignages de joueuses et joueurs homosexuels révélant le harcèlement quotidien qu’ils vivent dans le monde du football, ce nouveau « cheval de bataille » s’apparente à une nouvelle étape dans le cadre répressif, visant à légitimer de nouvelles fermetures de tribunes voire d’interdictions de déplacement. Et derrière cette bataille, l’enjeu est économique, visant à l’augmentation des tarifs contre lesquelles les groupes de supporters mènent bataille depuis des décennies.

Du côté du gouvernement, Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, s’est empressé de saluer le courage de l’arbitre pour avoir interrompu le match. Alors que Schiappa prépare son grenelle contre les violences conjugales, l’épisode des banderoles homophobes à Nice apparaît comme une véritable opération de récupération. L’occasion d’afficher une image progressiste à moindre frais, tout comme l’ « offensive écolo » d’Emmanuel Macron sur l’Amazonie, alors que dans le même temps, par exemple, les tenants de la Manif pour Tous courent les plateaux pour mettre en garde contre une prétendue « pénurie de sperme » sur la question de la PMA.

Ce que révèle l’affaire des banderoles de Nice, au-delà de l’ancrage profond de l’idéologie patriarcale et homophobe, c’est que la lutte contre ce phénomène est bien trop importante pour la laisser entre les mains d’institutions comme la LFP ou de Marlène Schiappa et de leurs instrumentalisations.

Crédit photo : Valéry Hache - AFP

 
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