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La Izquierda Diario
4 de septembre de 2019 Twitter Faceboock

Acte 2 : les syndicats jouent le jeu ?
Défendre nos retraites : les syndicats ne doivent pas aller négocier avec le gouvernement !
Claude Manor

Alors que Matignon entreprend, dès ce jeudi, un nouveau round de « concertation » avec les syndicats, Macron nous la refait façon « grand débat ». Le mercredi 25 août, on apprenait par la voix d’Agnès Buzyn, qu’une « consultation citoyenne » allait être lancée sur la réforme des retraites. Mais la tactique est éculée, Il n’y a rien à négocier, tout le monde le sait, et en premier lieu les dirigeants syndicaux qui se rendent pourtant dans les salons de Matignon.

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Le scepticisme accueille l’annonce des consultations

C’est donc Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, soucieuse de garder la main sur la question des retraites, qui s’est chargée de l’annonce d’une « consultation citoyenne » sur la réforme des retraites : « Ça peut se faire sur internet. Ça peut se faire dans des mairies. Ça peut se faire via des associations, via les syndicats. Les syndicats peuvent aussi consulter leur base évidemment. Tout cela va être mis sur la table au mois de septembre et nous attendons les retours de nos concitoyens sur les propositions qui ont été faites » a-t-elle déclaré.

Au menu des supposés « débats » : retraite à points, âge pivot à 64 ans ou fin des régimes spéciaux... les travailleurs se sentent effectivement profondément concernés. Ils seraient sans doute prêts à donner leurs avis, c’est-à-dire à exprimer leur opposition à tous ces plats plus « inavalables » les uns que les autres ; mais ils savent désormais, depuis le long épisode du mouvement des gilets jaunes, que, malgré ses minauderies démocratiques, le gouvernement est atteint de surdité chronique : « C’est toujours pareil, le gouvernement donne la parole et puis en fin de compte, il n’en tient pas compte », a affirmé une femme devant les caméras de France Télévisions, exprimant très certainement ainsi le point de vue du plus grand nombre.

Certes, la cacophonie qui se fait entendre actuellement au sein du gouvernement pourrait laisser espérer qu’il y a du grain à moudre pour d’éventuelles discussions. Et d’abord cet extraordinaire coup de théâtre d’un Macron faisant une contre-proposition à celle avancée par Delevoye (qu’il a pourtant chargé du dossier et nommé haut-commissaire) : au lieu du fameux « âge pivot », trouvaille de l’ingénieux réformateur, un « allongement de la durée des cotisations ». Et puis ce flou qui règne sur le calendrier, Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics, tablant sur une présentation du projet de loi devant les députés après les municipales de mars 2020, tandis qu’Edouard Philippe dément en affirmant que le texte sera à l’Assemblée « dans les mois qui viennent », avant d’expliquer ce mercredi en compte-rendu de Conseil des ministres qu’un agenda serait en fait proposé après les réunions bilatérales des 5 et 6 septembre… Quant à Macron, loin de lever le flou, il assure simplement que « rien n’est encore décidé », histoire de voir venir. Mais la curée n’est qu’apparente et tout cela n’est que jeu tactique pour aboutir, en dernière instance, au même résultat : la mise à bas de ce qu’il reste encore d’un système de couverture sociale incompatible avec le capitalisme dans sa phase actuelle.

Mais au fait, y a-t-il quelque chose à négocier ?

Du « j’ai changé » macronien sur l’écologie à la tentative de cooptation de la colère contre les féminicides par Schiappa, en passant ici par la question des retraites, le gouvernement tente de lancer son « Acte 2 ». Dans la continuité du coup de comm’ qu’a été le « grand débat », Macron et ses ministres savent qu’ils doivent apparaître comme plus ouverts au dialogue, à la négociation (sans rien changer du fond de leur programme).

Si la promesse de consultation citoyenne semble à juste titre laisser « la base » très sceptique, on se demande ce qui peut bien conduire les dirigeants syndicaux, après 18 mois de discussion sur le futur « système universel de retraite », et alors que certains avaient claqué la porte, à reprendre ce jeudi 5 septembre le chemin de la négociation, cette fois-ci avec Edouard Philippe et Delevoye.

Et pourtant ils sont là. Force ouvrière ouvre le bal jeudi matin, suivi de la CFTC. Au programme de l’après-midi, la CFDT, le Medef et la FNSEA. Suite des entretiens le vendredi avec l’U2P, l’Unsa, la CGT, la CFE-CGC puis la CPME. Si la présence de la CFDT n’a pas de quoi surprendre dans une telle circonstance, on ne peut que trouver contradictoire, voire inadmissible, la présence de la CGT ou de FO qui ont largement démontré, la nuisance que représentait ce projet de réforme, dans son intention la plus profonde, et au-delà de toutes les variantes techniques que les uns ou les autres pourront se plaire à proposer.

Non, le retard du versement de la retraite à taux plein n’est pas acceptable, non les décotes ne sont pas acceptables, non le nivellement par le bas et la disparition des régimes spéciaux qui sont des conquêtes du mouvement ouvrier ne sont pas acceptables, non la pénibilité du travail ne se mégote pas, non, non, non et non…

Alors que le mouvement des Gilets Jaunes, malgré ses limites, a démontré une grande radicalité, une volonté de NE PAS négocier avec le gouvernement mais de le combattre, et plus généralement une remise en cause profonde de la routine syndicale qui s’était installée, les directions syndicales continuent d’aller négocier, et font donc le jeu du gouvernement qui tente se réhabiliter avec son Acte 2 !

Après avoir participé à 18 mois de discussions avec Delevoye, les « leaders » des grandes Confédérations iront encore aux réunions bilatérales des 5-6 septembre, et valideront le discours du premier ministre qui suivra, expliquant que « nous avons bien discuté… voici maintenant nos propositions…le dialogue est toujours ouvert… ». Il n’est pas à exclure qu’après cette séquence, les directions de FO ou CGT fasse mine de « claquer la porte » pour montrer une façade combative… pour mieux renégocier la contre-réforme suivante !

Non, il n’y a pas de place pour le camp des travailleurs dans les réformes de Macron et du Medef

Et c’est sur cet écueil qu’un Martinez, comme les autres, bute. Il y a maintenant plusieurs décennies que la démonstration est faite : dans sa phase ultra libérale, toutes les réformes que porte le capitalisme ne peuvent être que des contre-réformes, c’est-à-dire la reprise des conquêtes des travailleurs. La contradiction est patente lorsque Philippe Martinez affirme : « il y a besoin d’améliorer ce système, mais pas de tout changer. » Et surtout lorsqu’il ajoute : « On va aller le redire au Premier ministre », mais « si c’est pour botter en touche ou noyer le poisson… on a des doutes. ».

Eh bien oui, Le premier ministre et le haut-commissaire sont là uniquement pour botter en touche et noyer le poisson… Il n’y a rien à gagner là-bas pour les travailleurs.
Alors, plutôt que d’aller à Matignon cautionner une pseudo-concertation, c’est de mobilisation que nous avons besoin.

C’est fait, vont nous répondre FO et la CGT. Nous appelons à une journée d’action. Une journée le 21 septembre pour FO, le 24 septembre pour la CGT.

Mieux, pour la rentrée sociale, Philippe Martinez explique qu’il faut que « nous portions tous ensemble nos revendications le même jour et donc… c’est pour ça qu’on a 3 dates » ! [parlant des 20, 24 et 27 septembre, appelées par la CGT sur les questions sociales et écologiques]

De qui se moque-t-on ? Après tout ce que nous avons vécu durant les derniers mois, vont-ils nous faire croire que c’est comme ça qu’on va gagner. Où est le « tous ensemble »,où sont les mobilisations massives dans la rue et dans les boîtes, où est l’appel à une première grande journée de grève générale commune et un plan de bataille qui inversera enfin le rapport des forces en faveur des travailleurs ?

Si les dirigeants syndicaux ne veulent pas de ce rapport de force, nous devons nous organiser pour l’imposer. Pour imposer la convergence, non seulement entre différents syndicats, entre différents secteurs en lutte. Dans ce sens, l’appel du collectif Intergare contre la division et pour une AG Interpro est un exemple à multiplier !

Crédits photo : Alain Jocard / AFP

 
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