http://www.revolutionpermanente.fr/ / Voir en ligne
La Izquierda Diario
19 de septembre de 2019 Twitter Faceboock

Etat israélien
Le Likoud deuxième aux législatives, Netanyahou pourra-t-il sauver sa tête ?
Sadek Basnacki

Netanyahou avait tenté le tout pour le tout après les législative de mai dernier. Empêtré dans des affaires de corruption il avait choisi de provoquer de nouvelles élections afin de trouver une issue. Son parti le Likoud fait moins bien que la dernière fois et arrive second. Peut-il encore sauver sa tête ?

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Le-Likoud-deuxieme-aux-legislatives-Netanyahou-pourra-t-il-sauver-sa-tete

La parti Bleu et blanc, 32 sièges, le Likoud, 31 sièges. Une défaite pour Netanyahou qui avait obtenu 35 sièges en mai dernier tout comme la formation de Benny Gantz. Il avait été choisi pour former un nouveau gouvernement mais, devant la volonté affichée de son ancien allié, Lieberman, il n’avait pu former de gouvernement et avait provoqué de nouvelles élections. Le but premier de Netanyahou était de sauver sa tête, lui qui est inquiété par la justice israélienne pour des affaires de corruption. C’est un échec.

Le Likoud et le parti Bleu et blanc sont au coude à coude, le bloc de droite de Netanyahou obtenant 55 sièges et le bloc d’opposition de Benny Gantz, 56 sièges si l’on ajoute le résultat de l’alliance des partis arabes. Pour avoir la majorité à la Knesset, il faut 61 sièges. Aucune des deux formations n’est pour l’instant en position de former une majorité. Tout dépendra donc de Lieberman et son parti nationaliste. Ce sera au président Reuven Rivlin de décider qui obtiendra la responsabilité de former un gouvernement. Benny Gantz est dans une position plus favorable pour être choisi par rapport à mai dernier. Ils auront 28 jours pour former le gouvernement avec la possibilité d’avoir un délai supplémentaire.

La formation d’un gouvernement est-elle possible ?

Tout d’abord, un gouvernement d’union nationale avec le Likoud, le parti Bleu et blanc et Israël Beytenu serait la seule possibilité pour sortir de la crise politique l’État israélien. Mais elle semble impossible dans l’état actuel des choses.

Lieberman penche pour cette solution mais Benny Gantz a promis, lors de la campagne, de ne pas redonner cette légitimité à Netanyahou qui doit passer devant la justice très bientôt. Benjamin Netanyahou, de son côté, a promis dans la nuit de mardi de former un « gouvernement sioniste fort » qui refléterait les vues de « beaucoup de citoyens de la nation », avertissant ses partisans du « danger dangereux » que constituerait un « gouvernement anti-sioniste », c’est à dire sans le Likoud et avec les partis arabes.
Car la grande surprise de ces élections est effectivement la progression des partis arabes, rassemblés dans la liste menée par Ayman Odeh qui regroupe le parti d’extrême gauche Hadash, la Liste arabe unie, Ta’al et le Balad. Ensemble, ils sont devenus la troisième force politique dans l’État israélien, avec 13 sièges. Toutefois, même s’ils décident de s’allier à Gantz, malgré l’incompatibilité politique, cela ne ferait que 56 sièges., De son côté, le parti Bleu et blanc aurait besoin de ces 13 sièges puisqu’avec leurs alliés du parti travailliste et de la liste unifiée ils n’arrivent qu’à 43 sièges.

Pourtant, l’hypothèse la plus probable est que le Likoud et le parti Bleu et blanc se contrecarrent à la recherche d’un gouvernement de coalition. Cela signifierait une troisième élection, au début de l’année prochaine.

Il faudra donc, in fine, compter sur Avigdor Lieberman, grand gagnant de l’élection. Son parti laïc et nationaliste, Israël Beytenu, double quasiment son score et obtient 9 sièges. Liebermann avait bloqué la formation d’un gouvernement en avril en se montrant déterminé à faire passer une loi imposant le service militaire aux ultra-orthodoxes qui s’y refusent. Une fois encore cette volonté affichée pourrait empêcher le Likoud et ses alliés ultra-orthodoxes de composer avec lui

Dans son discours à l’issue des élections, il a clairement indiqué qu’« il n’y a aucune chance d’un gouvernement minoritaire ». Il l’a annoncé, il veut un gouvernement d’union nationale avec le Likoud et le parti Bleu et blanc.

Chose fortement improbable. Le journal israélien Haaretz note que Netanyahou, devant une salle à moitié vide au siège à Tel Aviv, a expliqué qu’ « Il n’y aura pas et il ne peut pas y avoir de gouvernement soutenu par des partis arabes anti-sionistes qui nient l’existence d’Israël en tant qu’État juif et démocratique, qui glorifient les terroristes assoiffés de sang qui assassinent nos soldats », c’est à dire avec les partis arabes qui devraient rencontrer prochainement Gantz.
Les partisans du Likoud scandaient : « Nous ne voulons pas de l’unité », balayant la possibilité d’un gouvernement d’union nationale entre le Likoud et le parti Bleu et blanc.
Netanyahou a déclaré que seul lui premier ministre pourrait faire face à la « menace existentielle » de l’influence régionale de l’Iran.

Netanyahou a joué son va-tout et a échoué

Lors des premières législatives Netanyahou avait annoncé vouloir mettre en place une loi lui conférant l’immunité face à la justice en cas d’élection. Mais il n’avait pu former un gouvernement. Il a provoqué de nouvelles élections afin d’avoir plus de voix et être élu. Il a fait une campagne contre l’Iran - qui menacerait selon lui l’existence même de l’État israélien - et extrêmement sioniste, exprimant la volonté d’annexer des territoires de la Cisjordanie. Une stratégie qui n’a pas payé puisqu’il a perdu des voix face à ses concurrents. Dans deux semaines, il doit passer devant le juge avant une possible mise en examen.

Il a 15 jours pour trouver une solution et être élu. Pourtant la situation actuelle ne le permet pas. On se dirige plutôt vers une troisième élection législative en janvier prochain. Lieberman pourra ainsi se débarrasser de Netanyahou qui sera peut être déposé par son parti s’il est mis en examen. Avec Netanyahou en moins, il pourrait récupérer de nombreuses voix et continuer sa progression électorale.

Netanyahou, Gantz, Lieberman dans tous les cas, c’est le peuple palestinien qui paiera !

On ne peut parler des élections dans l’État israélien sans parler du peuple palestinien. Les trois principaux leaders politiques israéliens sont tous favorables à la colonisation des territoires palestiniens. On connaît le bilan de Netanyahou vis à vis de la Palestine. Gantz est un ancien général qui a pris la tête de l’armée entre 2011 et 2015, sous Netanyahou. C’est lui qui a dirigé la dernière guerre de Gaza. Le Point rappelle qu’au printemps dernier, dans une vidéo de campagne, il se vantait du nombre de « terroristes » palestiniens tués en 2014. Ne faisant aucune différence entre combattants palestiniens et simples civils, l’opération Bordure protectrice avait fait plus de 2 000 morts chez les Gazaouis. Il est sur la même ligne que Netanyahou, voire critique sur la faiblesse de Netanyahou quant à la question iranienne et palestinienne.

Quant à Lieberman, ancien ministre de la défense, il va encore beaucoup plus loin. Il avait déclaré dans une interview à la radio nationale Kan qu’« il n’y a pas d’innocents dans la bande de Gaza. Tout le monde a un lien avec le Hamas. Tout le monde reçoit un salaire du Hamas. Ceux qui tentent de nous défier à la frontière et de la franchir appartiennent à la branche militaire du Hamas. » Pour lui chaque Gazaoui est donc une cible pour Tsahal.

On comprend mieux pourquoi il avait pris la défense des snipers qui avaient exécuté des manifestants palestiniens. « Le sniper mérite une médaille, mais le photographe mérite une rétrogradation. Les Forces de défense d’Israël sont l’armée la plus morale du monde, mais indubitablement, lorsque vous êtes au front et que vous êtes stressé, on peut parfois comprendre que vous ayez envie d’évacuer le stress. »… en tirant sur des Palestiniens désarmés. Il avait également réclamé la grâce du militaire franco-israélien Elor Azaria qui avait exécuté à bout portant, sous les caméras, un palestinien blessé étendu au sol.

Pour finir, il avait appelé au boycott des citoyens palestiniens de l’État israélien, « Ils doivent comprendre qu’ils sont indésirables ici, qu’ils ne sont pas des nôtres. » avait-il dit à la radio de l’armée israélienne. Les Arabes israéliens représentaient en avril 2017 environ 20,8 % de la population de l’État israélien, soit environ 1 808 000 personnes.

On constate donc que quelles que soient les discussions afin de former un gouvernement dans l’État israélien, cela ne changera en rien la condition du peuple palestinien opprimé et occupés par l’État israélien. La seule question que posent ces élections est, est ce que Netanyahou sauvera sa tête. Au vu des résultats, il semble plus que probable que la fin du règne de Bibi arrive bien vite.

 
Revolution Permanente
Suivez nous sur les réseaux
/ Révolution Permanente
@RevPermanente
[email protected]
www.revolutionpermanente.com