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La Izquierda Diario
20 de septembre de 2019 Twitter Faceboock

Répression syndicale
La Poste Yvelines. Chronique d’une sanction annoncée : Vincent Fournier s’attend à une mise à pied
Claude Manor

La sanction du Conseil de discipline de La Poste des Yvelines contre Vincent sera très probablement 15 jours de mise à pied, soit la moitié d’un budget très serré de facteur qui ne gagne que 1400€ par mois. Pourquoi ? Parce que Vincent, militant syndicaliste qui ne lâche rien, ose prendre la parole devant ses collègues.

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Vincent n’est pas seul à devoir se battre…

Ce mercredi 18 septembre, Vincent était convoqué en conseil de discipline pour la 3ème fois en 4 ans. Le motif est toujours le même : la direction estime que les représentants syndicaux n’ont pas à prendre la parole dans les centres courrier. Il ne fait cependant aucun doute, y compris pour les instances juridiques, que c’est une pratique de base pour un militant qui fait tout simplement correctement son travail syndical.

Ce qui leur déplaît, c’est que loin de rester dans le face à face de bon aloi et la défense au cas par cas des salariés, Vincent se permet une « prise de parole » qui informe et mobilise contre le sort que subissent tous les salariés de La poste : réorganisations constantes, horaires sans limites, précarisation extrême qui ont généré dans la dernière période des suicides que la direction s’applique d’ailleurs à minimiser.

Pour accompagner Vincent, ses collègues postiers, notamment du 92, et des militants de diverses organisations syndicales et politiques, CGT, Sud, Solidaires, Unef, NPA, se sont rassemblés devant le siège, non loin de la gare de Saint Quentin en Yvelines, conscients que la lutte de Vincent, et la répression qu’il subit en retour, peuvent être désormais le lot de n’importe quel militant syndical qui essaie tout simplement d’accomplir le mandat que les travailleurs lui ont confié.

Les facteurs de Versailles en grève étaient là

Plus significative encore était la présence de postiers de Versailles, partis en grève le jour même, pour ces motifs que Vincent dénonce justement devant ses collègues. Leur grève est d’ores et déjà plus importante que ce que l’on avait vu depuis des années

Aujourd’hui, ils dénoncent les « réorganisations incessantes » du groupe depuis 10 ans. Ils dénoncent le travail quotidien des facteurs qui est devenu invivable et l’impact sur la qualité de service à laquelle ils sont traditionnellement attachés. C’est notamment la séparation entre le tri du courrier et sa distribution, l’« ubérisation » des tournées, comme ils la nomment, avec l’extension des plages horaires sous la canicule comme sous la pluie ou le gel et la pause méridienne obligatoire… Une dégradation mortelle (le mot a tout son sens) des conditions de travail.

Ils soulignent aussi la dégradation du service, quasi personnalisé, qu’ils pouvaient rendre parfois en évitant les boîtes aux lettres débordantes, en veillant à faciliter la remise des colis ou des lettres recommandées, en étant tout simplement attentifs aux habitudes de chacun, chose qui leur est désormais impossible.

Ils dénoncent les modes de management iniques et l’arbitraire pratiqué par les dirigeants qui se montrent d’ailleurs incapables de justifier dans les faits leurs calculs de charge horaire de travail, toujours revus, bien entendu, à l’avantage de leurs gains de productivité.

Vincent lui-même qui ne cesse de subir ironie, menaces et vexations est entré à son entretien en criant haut et fort à cette direction embusquée derrière les vitres du siège qu’il ne se laissera pas intimider et qu’il continuera à faire ce qu’on lui reproche et qu’il juge être son devoir. Car ce n’est pas seulement sur les militants syndicaux que s’abat désormais la répression mais aussi sur les personnels comme ce postier menacé de 3 mois de mise à pied pour avoir refusé de se rendre à un entretien convoqué à l’improviste et qui ne lui laissait pas le temps de se faire accompagner…

Tous ceux qui étaient présents ont applaudi l’intervention de Vincent quand il a rappelé les liens qui ont été tissés avec les cheminots de Versailles et qui peuvent s’étendre rapidement dans le contexte de colère sociale de la rentrée. Une raison de plus pour garder la tête haute au cours de ce conseil de discipline qui est tout simplement inique.

La lutte continue…

En tout cas Vincent aura eu le plaisir d’entendre confirmer le succès de la grève du 18 septembre à Versailles, la plus forte depuis décembre 1999, le jour de son conseil de discipline. 24 tournées ont été « à découvert » et les postiers, faisant preuve d’innovation, ont regroupé tout le courrier de la grève sur des structures où il est hors de question d’y toucher.

Une réunion massive des agents est prévue mercredi prochain pour décider de la suite, probablement une grève illimitée à partir de début octobre. Ils sont plusieurs dizaines, bien décidés à se battre et à faire mordre la poussière au directeur honni de la poste des Yvelines.

 
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