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La Izquierda Diario
23 de septembre de 2019 Twitter Faceboock

Répression
Témoignage. "La violence policière. Je l’avais vue, vécue, mais là, je l’ai bien sentie..."

"La violence policière. Je l’avais vue, vécue, mais là, je l’ai bien sentie... 3h aux urgences du CHRO d’Orléans dimanche pour être sûr que tout est rentré dans l’ordre." Nous relayons ci-dessous le témoignage de Charles-Henry, syndicaliste dans le travail social et gilet jaune.

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"J’arrive samedi à Paris avec 2 potes Gilets jaunes vers midi. Des flics partout. Des sirènes tout le temps. Des blindés, les fameux "voltigeurs", ces flics de la honte à motos avec leurs matraques, des camions de flics, des gendarmes mobiles en veux tu en voilà... La dissuasion, l’envie d’impressionner était manifeste. Bref, en petits groupes sur les Champs, on était trop esseulés. On savait que les forces "de l’ordre" avaient déjà sévit en matinée. On se décide de rejoindre nos Compagnons écolos pour la Marche pour le climat. La Convergence, je suis de ceux qui l’appellent de tous nos vœux.

On part, vraiment dans la bonne humeur tout en étant déterminés, et au bout d’à peine 30 minutes, il se passe le clash...

Les forces de l’ordre avaient gazé peu avant. Des vitrines de banques ont été abîmées, comme un arrêt de bus par des BB. Perso, ça ne me pose aucun problème : j’arrive encore à faire la différence entre une vitrine et un être humain….
Tour du cou jusqu’au nez, imbibé d’eau citronnée, lunettes de soleil de vélo qui protège pas mal les yeux, je passe comme beaucoup le nuage de lacrymo. J’ai, avec d’autres continué à avancer au point de me retrouver dans les premiers rangs. D’un coup, une charge des forces de l’ordre, on court. Moi, pas trop vite pour éviter de faire tomber ceux devant moi (des personnes comme vous et moi) et d’un coup, un gros choc sur la tête. Là, acouphène pendant quelques secondes... Je continue de courir, j’entrevois un bouclier juste derrière mes pieds, puis j’arrive à basculer sur le côté puis passer une barrière. Je suis dans le jardin du Luxembourg, un peu sonné et là, un street médic vient vers moi. Il s’occupe de moi. D’autres arrivent. Comme toujours, les mots adéquats. Pour moi, c’est la première fois que je le vis. J’avais vu d’autres scènes sur d’autres personnes. Le mal à la tête, près de la tempe passe, un autre à l’omoplate apparaît, trace d’un deuxième coup, pas senti sur l’instant.
Bref, une fois "réparé", une fois les lunettes retrouvées intactes devant un arbre, après avoir vu une chaussure seule, des vêtements de ci-delà, par terre, j’ai pu reprendre ma place au sein de la manif. On a un peu attendu que chacun reprenne son souffle, ses esprits. Je me suis permis d’invectiver les forces de l’ordre présentes car j’avais la haine. Vraiment. De voir ces robocops au service de ceux qui nous font les poches, au service de ceux qui rendent la vie de tellement de français indignes. Ces "hommes" et "femmes" qui acceptent d’être décérébrés au risque d’être confondus avec des machines, de taper sur tout ce qui bouge sans discernement.

On repart, tous ensemble, plutôt dans une très bonne ambiance avec beaucoup de gilets jaunes, verts, reconnaissables rien qu’à l’écho des chants qui sont entonnés. On finit vers Bercy. Et on décide de rejoindre les Champs.

Le soir, sur les Champs, les GJ étaient encore bien là. Beaucoup de groupes même si beaucoup de policiers.
Interpellés avec mon pote à un moment mais tout de suite relâchés, sans fouilles car ils ne savaient où donner de la tête... Un p´tit "morceau de chance"...

Un truc, quand même : trouvez-moi une personne qui était dans la manif´ et qui ait pu avoir peur d’un Black Bloc.... Trouvez-moi une personne qui s’est sentie en sécurité grâce à "nos" "gardiens de la Paix"...

Y’en a qui penseront peut-être que l’on n’est pas sérieux, que l’on est inconscients, qu’on joue à la gueguerre, etc.
A ceux-là, je leur répondrai seulement et simplement : il est temps d’arrêter de faire semblant !

Merci aux Street médics, aux Compañeros, Au personnel de santé des urgences de l’hôpital d’Orleans. J’ai attendu, comme beaucoup, mais le personnel était très réactif, beaucoup dans l’empathie, et ça malgré le manque de moyens manifeste.

La journée a été un succès dans le sens où voir la capitale en état de siège, de voir que des "centaines" de GJ et des Black Blocs suffisent à bloquer une bonne partie de la capitale, c’est un gros coup porté à ceux qui ont le pouvoir...
Pour les médias, c’est difficile de cacher ce qui s’est passé, les films, photos partagés...
Pour les touristes, c’est une vision forcément négative, sans parler de ceux qui ont subit en direct les violences policières effectuées souvent sans discernement (lacrymos, voire matraquage).
Pour les commerçants, c’est l’exaspération qui les submerge mais c’est bien le gouvernement qu’ils interpellent. Et pas forcément pour user de la force...
On lâche rien. On lâchera rien !

J’y retournerai quand il faudra.
Demain, je serai à Orléans, en grève pour défendre les retraites, aux côtés des syndicats. Non pas pour faire mumuse... J’espère que les plus sceptiques l’auront enfin compris. Non pas en étant rémunéré ou indemnisé comme on accuse souvent les syndicalistes, je perdrai bien une journée de salaire comme la très grande majorité des syndicalistes… Non pas pour casser, j’espère que les plus réac l’auront compris…
Pour défendre NOTRE cause, notre dignité et celle d’un pays dont il est temps qu’il assume sa capacité à défendre les droits humains.

Ce post est un témoignage parmi tant d’autres. Je vais déposer tout ça à qui de droit. contre cette violence policière, contre cette violence d’Etat. J’exerçais mon droit à manifester à ce moment-là, sans avoir eu le moindre geste violent, dans une manifestation déclarée en France, en… 2019..."

 
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