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4 de octobre de 2019 Twitter Faceboock

Rassemblement à 19H
Nanterre. Sans-facs et soutiens occupent toujours les locaux de la présidence
Frédéric Mizumschi

Depuis mercredi 17h, les sans facs de l’université de Nanterre occupent les locaux de la présidence. Ils exigent l’inscription de plus de 300 étudiants en attente, laissés-pour-compte de la réforme Parcoursup et de sa politique de tri social.

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L’occupation a commencé hier, vers 17h, à l’initiative des sans facs et de leurs soutiens qui luttent pour exiger leur inscription immédiate à l’université de Nanterre. Organisés depuis la rentrée en assemblées générales, ils ont voté une proposition de sortie de crise relayée par mail à la présidence de la fac, à défaut de pouvoir établir un contact plus direct. Pour seule réponse, celle-ci a envoyé des vigiles et des huissiers (dont les services impliquent des milliers d’euros de coût) qui ont menacé le collectif de faire intervenir la police. Mais loin d’être intimidés, les occupants ont décidé de rester sur place jusqu’à obtenir une réponse et de continuer la lutte en cas d’évacuation.

La présidence de la fac, tenue par Jean-François Balaudé, n’en est pas à son premier coup de pression : en décembre 2018, après avoir interdit l’accès à l’université à deux militants, Victor et Mika, pour s’être mobilisés contre la réforme Parcoursup , elle les avait convoqués à une sanction disciplinaire pour les exclure définitivement de l’université. En avril de la même année, elle avait fait intervenir les forces de l’ordre sur le campus à l’occasion d’une AG, ce qui avait donné prétexte pour condamner ces deux militants, plus un troisième, Roga, à des peines de prison ! Heureusement, le poids apporté par les soutiens a joué un rôle essentiel dans les décisions juridiques, preuve que la résistance collective prime sur les tentatives d’intimidation et de division.

Concernant la situation des sans-facs, déjà, le 19 juillet 2019, un rapport de l’Unef alertait sur les 62 000 bacheliers alors sans affectation, soit 14 700 jeunes de plus que la rentrée précédente. A l’heure actuelle, il reste encore plus de 1 175 bacheliers en attente, soit 200 de plus que l’année dernière à la même époque. Face à ce rythme, les présidents d’universités à l’instar de J.F. Balaudé préfèrent visiblement redoubler de mutisme plutôt que d’assumer ouvertement les conséquences des réformes qu’ils ont eux-mêmes portés, et qui ont inévitablement provoqué cet état de fait.

En effet, la refonte de l’enseignement supérieur mise en place en 2018 a entre autre rendu légal pour les universités de pouvoir refuser des candidatures via le logiciel Parcoursup, et ce alors que le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter (40 000 de plus en 2018 comparé à 2017). De plus, cette mesure a également modifié le mode de financement des filières et ouvert la voie à l’augmentation des frais de scolarité, ce qui a permis à la réforme suivante, en 2019, de faire un second tri en augmentant jusqu’à 3770 € le coût des frais d’inscription pour les étudiants étrangers. A l’université Paris VIII Saint-Denis par exemple, 87 % d’étudiants étrangers en moins avaient déposé leur demande d’admission durant les phases d’inscription. Le nombre de non affectés ne pourra donc pas décroître si de nouveaux moyens humains ou matériels ne sont pas investis, sauf si on les pousse à s’exclure d’eux-mêmes comme cela est encouragé.

Et contrairement aux promesses de Vidal et de celles des présidences d’universités complices, cette privatisation enrobée de l’enseignement supérieur, imposée à coups de contorsions légales et de matraques, a conduit à une situation délétère qui n’en est qu’à ses débuts. Ce système élitiste, tout en promouvant une mentalité méritocrate, favorise les meilleures places à celles et ceux qui ont eu les conditions pour « bien étudier » ou qui ont les moyens de financer leur avenir. Et de l’autre côté, un nombre exponentiel de personnes issues des classes populaires, qu’elles soient anciennement lycéennes, en reprise d’études ou avec un statut d’étudiant « étranger » se retrouvent éjectées des parcours diplômants, peu importe d’ailleurs l’excellence de leurs dossiers. Et puisqu’il n’y aura pas de place d’année en année, la majorité de ces potentiels étudiants « choisiront » sûrement, à défaut de perspectives, de se tourner vers les marchés des emplois précaires ou vers les formations privées, florissantes et hors de prix, qui ont fait leurs choux gras en 2018.

Face à ces attaques contre l’enseignement public, gratuit et ouvert à toutes et tous, les collectifs de sans facs se sont ainsi renforcés ces deux dernières années dans des universités comme Nanterre ou Grenoble. Leur revendication, qui est celle d’accéder à un droit basique et non pas à un privilège, doit interpeller plus largement l’ensemble des communautés de l’enseignement qui font face, de leur côté, à la multiplication des contrats précaires, aux non-remplacements d’effectifs, aux réorganisations permanentes, aux manques constants de moyens matériels, à la destruction des protections collectives ou aux baisses de salaires… Si d’une main le gouvernement supprime l’ISF tandis que de l’autre il favorise les intérêts des actionnaires et des multinationales, même en pleine crise écologique, c’est qu’il n’y a de place que pour le profit.

Un rassemblement aura lieu à 19h devant le bâtiment B de l’université de Nanterre pour des inscriptions pour toutes et tous.

Photo : Le Parisien (LP/DL)

 
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