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La Izquierda Diario
14 de octobre de 2019 Twitter Faceboock

Sur fond de mobilisation
Equateur. Lénin Moreno a abrogé les réformes du FMI après 12 jours de mobilisation
Juan Andrés Gallardo

Après 12 jours de mobilisations de rue et de répression violente, le gouvernement de Lenín Moreno a annoncé l’abrogation du décret sur l’augmentation du prix du carburant et la tenue d’une table de dialogue avec les dirigeants autochtones pour négocier un nouveau décret.

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Traduction de La izquierda Diario par Alba Nur

Dimanche soir, les rues de Quito étaient pleines de manifestants fêtant l’annonce par la chaîne nationale de l’abrogation du décret 883 ordonné par le FMI. Le décret visait à éliminer les subventions au carburant, doublant ainsi le prix de l’essence. L’accord, qui impliquait les dirigeants du mouvement indigène, prévoit la rédaction d’un nouveau décret dont aucun détail n’a été défini.

Ce sont les 12 jours de mobilisations de rue, qui ont ébranlé le pays, du fait d’un état de siège et d’une répression très violente qui ont amené à la rencontre ce dimanche des dirigeants des mouvements indigènes et du gouvernement pour établir une table de dialogue, retransmise en direct.

Après deux heures de discussions, avec la médiation de l’ONU et de la Conférence épiscopale, l’accord conclu entre le gouvernement et les directions des mouvements indigènes a été annoncé, avec la Confédération des nationalités indigènes (CONAIE) à la tête.

Aucun détail n’a été donné sur ce à quoi ressemblerait le nouveau décret que le gouvernement élaborera avec les directions autochtones, mais il garantit une paix sociale immédiate.

L’accord a été lu par le représentant de l’ONU : "A l’issue du dialogue, un nouveau décret est établi qui rend le décret 883 nul et non avenu, pour lequel une commission est mise en place pour en établir un nouveau." La commission sera composée de membres du gouvernement et des directions indigènes, et en échange, ces dernières se sont engagées à suspendre les mobilisations dans tout le pays.

Suite à une première série d’interventions du Gouvernement et des directions autochtones, au cours desquelles aucun accord n’a été conclu, après une suspension d’audience de deux heures, les deux parties sont parvenues à cette résolution à huis clos.

La précipitation vers l’avancée dans un accord de " restauration de la paix " s’explique par les mobilisations de samedi qui ont émerge plus spontanément et en indépendance de la direction de la CONAIE dans les quartiers populaires du Quito.

Lors du premier tour, le gouvernement s’est montré réticent à abroger le décret et a insisté sur le fait que les subventions sur le carburant ne profitaient qu’aux trafiquants de drogue et aux spéculateurs, et que les mobilisations violentes avaient été numérisées par l’ancien président Rafael Correa. Les dirigeants autochtones ont également pointé du doigt Correa et insisté sur le fait que la seule façon d’établir une commission pour débattre d’un nouveau décret serait l’abrogation du décret 883.

La position des dirigeants autochtones était en demi-teinte, et semblait vouloir répondre à la nécessité de ne pas apparaître comme des alliés du gouvernement devant leurs bases et les milliers de personnes qui se sont mobilisées, livrant tout après presque deux semaines de lutte intense.

Samedi, les dirigeants de la CONAIE avaient accepté pour la première fois de s’asseoir pour négocier avec Lenín Moreno, laissant la porte ouverte à une modification du décret. Cette dernière a accepté le dialogue alors que le gouvernement n’avait ni libéré les prisonniers, ni expulsé les ministres responsables de la répression, ni éliminé l’état d’exception, c’est-à-dire répondu aux revendications exprimées par les manifestants ces 15 derniers jours.

La précipitation vers l’avancée dans un accord de "restauration de la paix" s’explique par les mobilisations de samedi qui ont émergé plus spontanément dans les quartiers populaires du Quito. Dans ces quartiers, au sein desquels des barricades ont commencé à être érigées pour affronter la police, les mobilisations étaient plus indépendantes de la direction de la CONAIE, qui hégémonisait jusqu’ici l’ensemble des manifestations. La principale revendication de ces mobilisations était la démission de Moreno, que les dirigeants autochtones avaient refusé de soulever parce qu’ils la considéraient comme « correista » (suiviste du président de l’ancien président d’équateur R.Correa). Sur les barricades des quartiers populaires de Quito, et dans d’autres ville du pays comme Guayaquil, les « Moreno démission » commençaient à se faire entendre de plus en plus fort.

Au cours des discussions de ce dimanche s’est clarifié la crainte que les manifestations ne débordent notamment du côté de Leonidas Iza, président du Mouvement indigène de Cotopaxi, qui a déclaré : "Je pense qu’il est irresponsable de croire que c’est un acte de vandalisme du peuple ou des partisans de l’ancien président R.Correa. Je ne pense pas que Correa est en capacité de mobiliser un tel nombre de personnes, nous-mêmes avons été surpris par l’ampleur des mobilisations."

Dans l’accord final, rien n’est mentionné sur la responsabilité du gouvernement dans la répression brutale de la semaine, sur les morts et les blessés, ainsi que sur la démission du Ministre du gouvernement et du Ministre de la défense, ce qui avait pourtant été exigé par les manifestants. De plus, aucun détail n’a été donné sur la forme que prendrait le nouveau décret que le Gouvernement élaborera avec les dirigeants autochtones, qui garantit une paix sociale immédiate en ordonnant à leurs bases de suspendre les mobilisations dans tous les territoires.

Bien que durement touché par la suspension du décret, Moreno a réussi grâce à cette négociation à rester au pouvoir malgré la répression brutale qu’il a ordonné sur le peuple équatorien.

Il est illusoire de penser que le FMI va arrêter d’exiger de nouvelles mesures d’austérité. L’instance internationale continuera d’insister sur les réformes du travail et de la fiscalité. Cependant, et malgré le rôle joué par les dirigeants de la CONAIE, l’énorme lutte des bases indigènes et paysannes, ainsi que celle des jeunes, des travailleurs et des citadins pauvres, est devenue un exemple a travers le continent, montrant qu’il est possible de faire face aux réformes et aux attaques du FMI.

 
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