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La Izquierda Diario
15 de octobre de 2019 Twitter Faceboock

Du Pain et des Roses 
Paris. Nouvelle AG pour préparer la grève du 8 mars : exigeons l’auto-organisation du mouvement
Ariane Anemoyannis

Les militantes de région parisienne du collectif Du Pain et des Roses étaient présentes mardi 9, à la bourse du travail de Paris où se tenait une nouvelle Assemblée Générale (AG) “On arrête toutes” pour préparer ensemble la grève du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Ce qui ressort majoritairement des débats qui ont rassemblés plus d’une centaine de femmes, est une volonté de débattre politiquement et de décider démocratiquement de la construction de ce mouvement.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Paris-Nouvelle-AG-pour-preparer-la-greve-du-8-mars-exigeons-l-auto-organisation-du-mouvement

Dans la perspective de participer à construire un mouvement des femmes en France à l’image de ceux qui se sont développés dans plusieurs pays dans le monde, les militantes de Du Pain et des Roses ont décidé d’intervenir dans les cadres de préparation de la grève du 8 mars qui permet aux femmes de se réapproprier cet outil de lutte, et de poser les prémisses de la construction d’un mouvement des femmes massif à la hauteur des enjeux qui se posent dans la période. Voici un compte rendu des débats et de notre intervention dans la discussion.
 
L’Assemblée Générale (AG) a débuté par un tour des comités locaux, cadres d’auto-organisation mis en place dans les quartiers et lieux d’étude suite à la dernière Assemblée, qui avait réuni plus de 200 femmes. S’en est suivie une deuxième discussion répartie en quatre commissions (Commission Argumentaire, Revendications, Communication et Syndicat), avant une mise en commun des décisions. La création d’une commission syndicale a permis de poser les premiers jalons pour organiser la grève sur les lieux de travail, voir comment la populariser et discuter à la base des syndicats pour construire cette date. En parallèle, une commission inter-fac permet aux étudiantes de se réunir pour commencer d’ores et déjà à construire la grève dans les universités.
 
Différentes propositions sont ressorties des discussions en commissions, signe que les femmes qui se retrouvent pour préparer le 8 mars aspirent principalement à discuter politique : entre autres, une AG inter-syndicale de femmes est prévue pour le 26 novembre afin de permettre également l’organisation des travailleuses pour la grève illimitée du 5 décembre et une AG inter-fac est proposée pour que les étudiantes puissent également s’organiser dans leurs universités.
Concernant la date de la grève (le prochain 8 mars tombant un dimanche), un grand débat s’ouvre sur l’impact d’une grève un week-end et le rôle du travail productif et reproductif des femmes sous le capitalisme. Militantes du collectif, nous sommes intervenues pour défendre la proposition d’une marche le dimanche 8 mars, et d’une grève des femmes le lundi 9 mars. Faire grève le lundi rendrait immédiatement visible le rôle des femmes, qui constituent la moitié du prolétariat et sont un pillier de l’économie capitaliste, dans la production. Et la grève du travail reproductif, c’est-à-dire la mise en valeur de toutes les tâches invisibilisées qui reposent principalement sur les femmes dans la sphère privée pour reproduire quotidiennement la main d’œuvre (repas, ménage, santé, éducation) et que l’on appelle communément "la deuxième journée de travail", s’inscrirait dans la continuité de la grève de la première journée de travail de la femme, c’est-à-dire la grève et le blocage de la production.

Comme nous le soulignions dans nos interventions, se réapproprier l’outil de la grève qui nous a permis d’arracher de multiples acquis d’envergure suppose aussi de combattre les directions syndicales qui marginalisent la lutte des femmes et écartent des revendications du mouvement ouvrier, les revendications des femmes. En ce sens, la création d’une commission inter-syndicale est une excellente nouvelle qui peut permettre aux travailleuses de s’organiser sur leurs lieux de travail pour exiger ensemble des syndicats qu’ils préparent activement la grève internationale des femmes.
 

Luttons pour l’auto-organisation du mouvement !

 
Alors qu’une quatrième vague féministe naît à l’international et que la situation politique est explosive, le mouvement des femmes en France reste en-deçà de celui que l’on peut voir en Amérique du Sud ou dans d’autres pays européens comme l’État espagnol pour le droit à l’avortement ou contre les violences faites aux femmes. L’initiative de préparer en amont la grève du 8 mars est indéniablement une bonne nouvelle, car elle permet aux femmes de se réapproprier cet outil de lutte qui leur a permis d’arracher des droits inédits tout au long de l’histoire. Cependant, si le mouvement des femmes en France est face à de nombreuses potentialités en cette rentrée politique explosive, il lui faut pour se renforcer et se massifier de réels cadres d’auto-organisation, où les décisions, les modalités des discussions, l’organisation des futures AG ou encore les revendications à mettre en avant sont décidées et votées en AG. De nombreuses interventions montraient en ce sens une volonté de construire un mouvement véritablement démocratique.
 
À l’inverse, l’absence de réels débats politiques et de réelles prises de décisions par l’ensemble des femmes qui prennent part à l’AG, pourrait finalement constituer une force de contention du mouvement, qui a pourtant toutes les potentialités de se massifier.
 
Nous sommes conscientes que la situation dans le pays, près d’un an après la crise des Gilets jaunes qui a montré que les femmes étaient à l’avant-garde des luttes sociales, nécessite la construction d’un mouvement des femmes fort et massif, à la hauteur des enjeux qui se présentent à nous. Les femmes ont été l’étincelle de multiples processus révolutionnaires à l’instar de la Révolution russe ou de Mai 68. Pour que le mouvement des femmes parvienne à relever le défi qui se présente à lui dans cette période d’explosivité sociale, il est impérieux de construire des cadres d’auto-organisation réels, dans lesquels l’ensemble des femmes peuvent débattre politiquement et construire à la base la suite du mouvement. Les assemblées de préparation du 8 mars peuvent constituer un cadre central pour la structuration de nos revendications s’ils sont le relais des multiples cadres d’auto-organisation dans les quartiers, les lieux de travail, et les universités. 

 
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