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La Izquierda Diario
22 de octobre de 2019 Twitter Faceboock

Jeunesse en lutte
Catalogne. Des assemblées contre la répression dans toutes les grandes universités
Pepe Balanyà

Pendant cette dernière semaine de mobilisations massives et de répression policière la jeunesse catalane a été à la tête des épisodes les plus combatifs. Contre la précarité et le tournant de plus en plus réactionnaire que prend l’Etat espagnol, la jeunesse a pris le devant de la lutte.

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La condamnation des dirigeants indépendantistes annoncée lundi dernier a marqué un saut dans le tournant réactionnaire qu’est en train d’opérer l’Etat espagnol pour résoudre la profonde crise de régime qui le traverse depuis la crise capitaliste de 2008. A la crise du bipartisme (PSOE/PP), de la monarchie, de l’unité territoriale et à la croissante contestation sociale ouverte avec le mouvement des indignés, l’Etat espagnol a répondu par une accentuation de la répression qui a abouti ce lundi 14 octobre avec la condamnation à un total de 100 ans de prison pour 9 dirigeants indépendantistes.

La sentence ne s’est pas simplement abattue sur ces 9 représentants politiques mais constitue une attaque contre les droits démocratiques de l’ensemble du peuple catalan et du reste des peuples de l’Espagne en mettant directement en cause le droit de manifestation, de réunion, de liberté d’expression et bien sûr d’autodétermination. Pour preuve, les milliers de policiers qui se sont déplacés en Catalogne afin de faire respecter la sentence à l’aide de la matraque, du LBD et des gazs lacrymogènes, mais aussi les nombreuses mobilisations qui ont eu lieu sur tout le territoire contre la répression et la criminalisation de la contestation : de Madrid à Valence, du Pays Basque à l’Andalousie, des Iles Baléares à la Galice.

Devant cette tentative de l’Etat espagnol de dépasser ses crises en opérant un tournant réactionnaire, la jeunesse catalane, majoritairement lycéenne et étudiante, a été au centre des épisodes les plus combatifs de la semaine : le blocage de l’aéroport de Barcelone et des nombreuses autoroutes, trois journées de grève étudiante massives et finalement l’opposition courageuse face à la répression policière qui a donné lieu à des barricades et des affrontements dans la rue pendant 6 jours. Rien que cette semaine le bilan a été de 200 personnes arrêtées, 24 emprisonnées, 600 blessées et 19 hospitalisées dont 5 ont perdu un œil et 1 un testicule. De même que les gilets jaunes ont été traités de casseurs pour les priver de l’énorme soutien populaire qu’ils avaient, la jeunesse combative catalane a été criminalisée par le gouvernement provisoire du PSOE et les différents partis de droite jusqu’à Unidas Podemos, ainsi que par les partis souverainistes catalans Junts per Catalunya (JxCat) i Esquerra Republicana de Catalunya (ERC).

Rien d’étonnant. Les mêmes qui ont augmenté les frais d’inscription de l’université, qui ont avancé dans la casse des services publics, qui ont plongé près de 50% de la jeunesse dans le chômage, qui ont précarisé le travail en introduisant massivement le CDD – pour 97% des jeunes – et qui ont poussé 40% de la jeunesse sous le seuil de pauvreté en baissant les salaires et en augmentant le coût de la vie, sont ceux qui la criminalisent quand elle se révolte et lui disent de « se tenir sage ».
C’est dans ce contexte de forte précarisation, d’attaque aux droits démocratiques et de répression policière, que les étudiants des principales grands villes de la Catalogne ont décidé d’impulser ce début semaine des assemblées massives dans la plupart des universités pour s’organiser indépendamment de l’Etat et de ses institutions et se doter d’un cadre qui leur permet de décider de comment poursuivre ce mouvement, quels objectifs lui donner, comment incorporer ses propres revendications et comment développer ses propres méthodes de lutte pour les atteindre.

Ces assemblées massives, démocratiques et coordonnées à l’échelle locale et nationale, étendues aux lieux d’étude et de travail, sont la base qui favorise l’alliance et l’union avec d’autres secteurs de la société qui sont également exploités, opprimés et réprimés par l’Etat, comme les femmes, les migrants ou la classe ouvrière – qui en Catalogne a été à la tête d’une grève historique pour les droits sociaux et démocratiques ; mais aussi la base qui permet d’ancrer la mobilisation dans la durée, aborder les grandes problématiques sociales, mettre en place un programme offensif et imposer par la lutte une issue contre la précarité, les oppressions et la crise climatique auxquelles le capitalisme nous condamne.

La jeunesse catalane exprime le ras-le-bol profond d’une génération touchée de plein fouet par la crise capitaliste de 2008 et ses conséquences mais aussi la volonté de combattre et de se doter des bases organisationnelles pour le faire. La situation aujourd’hui dans l’État espagnol et plus particulièrement en Catalogne est dans la même dynamique de l’irruption des secteurs populaires dans le monde entier dans un cadre de crise économique et de conflits internationaux. Du mouvement des "gilets jaunes" en France, aux luttes en Équateur et au Chili contre les ajustements et les politiques du FMI, en passant par les mobilisations à Hong Kong.

 
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