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25 de octobre de 2019 Twitter Faceboock

Œil pour œil, dent pour dent !
Attaque contre le droit de grève et le licenciement de Mathieu : les cheminots envahissent le siège de la SNCF à Strasbourg
Martin Leroye

Ce jeudi à Strasbourg a eu lieu un rassemblement en soutien à Mathieu, cheminot et militant Sud rail, menacé de licenciement par la direction de la SNCF, qui lui reproche des faits, appuyé sur un témoignage à charge, alors qu’il était en grève. Excédés par l’acharnement dont fait preuve la direction contre Mathieu et le droit de grève, les cheminots ont envahi les bureaux de la direction régionale de la SNCF.

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Plus de 150 cheminots ont envahi les bureaux de la direction régionale de la SNCF, près de la gare de Strasbourg ce jeudi 24 octobre. La raison ? Mathieu, cheminot depuis 18 ans, subit l’acharnement des chefs depuis 2016. A l’époque, pendant le mouvement contre la Loi Travail, lors d’une montée nationale à Paris le 14 juin, la direction de la SNCF reprochait à Mathieu de ne pas respecter les clauses de son contrat de travail, alors même qu’il était en grève. La direction lui reproche de s’être disputé avec une usagère du train, au retour d’une manifestation, mais au-delà du fait qu’il s’agit d’un seul témoignage que Mathieu et ses collègues contestent, rien ne permet par ailleurs d’identifier Mathieu précisément dans ce témoignage sur les faits précis qui lui sont reprochés.

A l’époque, l’inspection du travail a reconnu que le fait de se déclarer gréviste suspend le contrat de travail, et lui avait ainsi donné raison contre la direction. Cette décision avait par ailleurs été ratifié par le Ministère du travail. Mais trois ans après, la direction, bien décidée à faire payer sa combativité au syndicaliste, a saisi le Tribunal Administratif qui a annulé la décision de l’inspection du travail avec des arguments plus qu’inquiétants qui remettent en cause le droit de grève. En effet, le principal argument revient à dire qu’un gréviste ne devrait avoir un "pouvoir exorbitant" et que la direction devrait pouvoir licencier un salarié gréviste, même s’il ne commet aucune faute lourde, c’est-à-dire une faute qui aurait comme but de nuire à l’entreprise. Ce jugement du Tribunal Administratif pose un grave et dangereux précédent pour l’ensemble du monde du travail, au-delà même de la SNCF, car il passe outre l’article 2511-1 du code du travail qui établit clairement que le salarié gréviste n’est pas, le temps que dure la grève, sous le pouvoir disciplinaire de son employeur et donc ne peut pas être sanctionné sauf en cas de faute lourde. Le dossier doit maintenant revenir entre les mains des inspecteurs du travail, mais Mathieu ne pourra plus se défendre en démontrant qu’il s’était déclaré gréviste. Une véritable attaque contre le droit de grève, qui créera un précédent juridique, permettant donc son application à tous les grévistes. Ne pouvant laisser cette décision de justice vulnérabiliser les futurs grévistes, SUD-Rail a d’ailleurs décidé de faire appel.

Les cheminots face à la direction régionale lors de l'envahissement du siège ce jeudi
Les cheminots face à la direction régionale lors de l’envahissement du siège ce jeudi

Face à l’acharnement de la direction de la SNCF contre Mathieu, ses collègues sont venus de toute la France ce jeudi, pour interpeller directement les dirigeants locaux de la SNCF responsables des poursuites à l’encontre de Mathieu. Cette pression, qu’il subit depuis plus de 3 ans, et qui fait peser une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, Mathieu la décrit ainsi : « c’est lourd, je dois concilier ma vie de famille et ma vie professionnelle avec la peur permanente de perdre mon travail ». Et alors que Mathieu continue pourtant d’occuper son poste de conducteur de train, les cadres dirigeants responsables des poursuites contre lui sont restés de marbre face à l’exaspération des cheminots présents. A l’image d’Anasse Kazib, cheminot à Paris Nord et délégué SUD Rail, qui a dénoncé le « bilan social catastrophique » de la direction, avec « plus de 1000 personnes qui ont démissionné de la SCNF » depuis la mise en place du pacte ferroviaire en 2018. L’équipe de direction locale est en effet restée pantoise face au militant qui a finalement lâché : « on a un camarade qui s’appelle Edouard Postal qui s’est suicidé pour de la répression, et Mathieu on vas pas le laisser se jeter en l’air ». De nombreux collègues de Mathieu, dont ses camarades du syndicat de Sud Rail Strasbourg, ainsi que des délégués de la CGT Cheminots et d’autres collègues de Mathieu ont également exprimé leur colère et interpellé cette direction intransigeante dans une ambiance de combativité et révolte au sein du siège de la direction régionale.

Derrière cet acharnement, il y a la volonté de la direction de la SNCF qui cherche à faire un exemple en réprimant un militant syndical combatif. Une direction qui malgré une posture de façade, cache mal sa fébrilité, dans un contexte explosif où, la semaine dernière, les cheminots ont massivement cessé le travail en exerçant leur droit de retrait après un accident ferroviaire en Champagne Ardennes. Ou encore les travailleurs du Technicentre Atlantique à Châtillon en région parisienne, qui ont débrayé massivement depuis 4 jours pour défendre leurs conditions de travail. Une situation explosive donc, d’autant plus avec l’appel des travailleurs de la RATP à la grève reconductible à partir du 5 décembre, contre la réforme des retraites, à laquelle se rallie déjà bon nombre de secteurs, dont plusieurs syndicats cheminots. C’est pour cette raison que la SNCF s’acharne contre des militants tels que Mathieu, Linda, Éric, ou Yannick : c’est la perspective d’une grève générale qui les effraye ! Et c’est bien par la grève que les cheminots pourront défendre tous ceux qui sont dans la situation de Mathieu, en imposant un rapport de forces contre la direction, car nos vies valent mieux que leurs profits.

 
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