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La Izquierda Diario
4 de novembre de 2019 Twitter Faceboock

J-30
5 décembre : les Gilets jaunes votent la jonction générale avec le mouvement ouvrier
Ariane Anemoyannis

Ce weekend, ce sont plus de 200 délégations de gilets jaunes qui se sont réunies à Montpellier pour une AG de coordination. L’appel à rejoindre la grève illimitée à partir du 5 décembre est une étape importante dans la jonction entre les gilets jaunes et les secteurs stratégiques du mouvement ouvrier et réactive la perspective de la victoire contre Macron.

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Le 5 décembre, l’acte II des gilets jaunes ?

Comme le souligne une gilet jaune venue débattre de la suite du mouvement, "le 5 décembre est une date importante que nous attendons tous depuis très longtemps".
Depuis décembre où de nombreux syndicalistes intervenant dans le mouvement avaient appelé à "ne pas détourner le regard de cette colère sociale", en passant par la date du 5 février où s’était produit une première jonction dans la rue entre mouvement ouvrier et mouvement des gilets jaunes, ce dernier n’a cessé d’œuvrer à la fusion des colères pour taper ensemble sur Macron. Contre tous les préjugés d’une mobilisation qui serait anti écolo car née de la dénonciation de la mesure anti-pauvre que représentait la taxe carbone, les gilets jaunes ont également été parmi les premiers l’année dernière à marcher pour le climat, jusqu’à la manifestation de convergence du 21 septembre qui avait d’ailleurs valu au cortège parisien d’être violemment réprimés par un gouvernement redoutant cette énième jonction progressiste.

Mais jusque-là, la convergence des colères et l’entrée dans la danse du mouvement ouvrier n’avaient été que très timorées. De leur côté, les directions syndicales et notamment la direction confédérale de la CGT avaient joué un rôle moteur dans cette division des colères en manifestant séparément des Gilets jaunes le 1er décembre. Ils publiaient entre autre, avec d’autres grandes organisations syndicales, un appel au calme (CFDT, la CGT, FO, la CFE-CGC, la CFTC, l’UNSA, la FSU) contre la radicalité et la spontanéité des gilets jaune. Quasiment une année après, désormais, la jonction semble s’opérer sous pression à la base de secteurs du mouvement ouvrier, mais aussi des Gilets jaunes qui comptent bien continuer à jouer un rôle déterminant dans la bataille contre Macron, sa réforme des retraites et son monde.

Depuis, c’est la contagion des Gilets jaunes qui touche le mouvement ouvrier. L’utilisation massive du droit de retrait et le développement de grèves spontanées dans les secteurs les plus précaires de la SNCF (dans les technicentres de Chatillon et au Landy) sont une réponse très progressiste au rôle de contention qu’ont joué ces directions syndicales à plusieurs reprises ces dernières années, de la division des dates pendant la Loi Travail à la grève perlée en 2018 (pour ne citer que deux exemples). Œil pour œil, dent pour dent : voilà la leçon que tire le monde du travail.
Et conscients de l’impasse stratégique dans laquelle a été plongé le mouvement du fait de l’isolement vis-à-vis du mouvement ouvrier, les gilets jaunes le rejoignent, dans un appel progressiste à faire grève et manifester sur les ronds-points dès le 5 décembre.

Au-delà de penser l’appel simplement comme la jonction entre deux mouvements (celui des gilets jaunes et celui du monde du travail), les gilets jaunes posent de manière explicite la nécessité d’utiliser l’outil de la grève. C’est une avancée notable du mouvement, qui montre comment ce dernier commence à tirer les bilans profonds de ces derniers mois, en adoptant un discours offensif.

Les gilets jaunes influencent le mouvement ouvrier, la SNCF et la RATP influencent les gilets jaunes

Comme nous le soulignions depuis plusieurs mois, le rôle politique qu’a joué le mouvement des gilets jaunes sur la capacité à réactualiser des méthodes de lutte hors des carcans syndicaux n’est pas des moindres. La spontanéité et la radicalité, reflet de la colère froide accumulée pendant des années par les secteurs les plus précaires et opprimés de la société, a posé brutalement la question de revendications dépassant les carcans corporatistes et traditionnels jusqu’à faire gouter aux classes dominantes une peur qu’elles n’avaient pas connu depuis mai 68. En réactualisant la perspective de la victoire avec un retour du spectre de la révolution, les gilets jaunes ont profondément impacté la lutte des classes en France, qui souffrait d’atonie depuis plusieurs années, en montrant que "les gens ne se laissent pas faire".

Déjà avant l’été, la lutte des hospitaliers, loin des calendriers syndicaux, ou celle des enseignants avec la grève du bac, permettaient de présager d’une rentrée explosive. La grève massive le 13 septembre à la RATP et ce qu’il se passe à la SNCF sont les exemples les plus avancées de cette gilet-jaunisation des secteurs stratégiques du mouvement ouvrier.

Et en retour, la capacité de ces secteurs à poser la question de la grève illimitée dès le 5 décembre est une donnée incontournable pour l’ensemble de ceux qui veulent en finir avec Macron, à commencer par les gilets jaunes qui malgré leur indéniable combativité, n’avaient pas réussi jusqu’ici à sortir de l’impasse de la spontanéité permanente et du routinisme qu’imposent les manifs le samedi.

Cela pose les bases incontournables d’une sortie de crise victorieuse pour l’ensemble des secteurs précarisés par des années de libéralisme, et place au centre de cette stratégie de la grève les secteurs les plus à mêmes de faire plier le capital. Combiner la radicalité et la combativité des gilets jaunes à la force de frappe des cheminots, raffineurs et travailleurs de la RATP, voilà le cocktail explosif du tous ensemble qui risquerait de rendre Macron nostalgique de décembre dernier.

 
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