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La Izquierda Diario
13 de novembre de 2019 Twitter Faceboock

Réforme des retraites
5 décembre : pourquoi et comment faire grève lorsqu’on travaille dans le privé ?
Helen Fauset

C’est un décembre noir qui se prépare pour le gouvernement avec l’appel des syndicats de la RATP et de la SNCF à une grève reconductible contre la réforme des retraites, rejoints par les centrales syndicales. Cependant, si certaines branches ont annoncé leur intention de rejoindre le mouvement, le secteur privé reste encore en retrait. Sa mise en action sera pourtant un élément clé du rapport de forces.

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Source : capture d’écran BFMTV

Lancé dès le mois d’octobre par plusieurs syndicats de la RATP, l’appel à la grève reconductible à partir du 5 décembre a aujourd’hui réussi le tour de force de rallier plusieurs syndicats majoritaires dans le secteur public, notamment SUD Rail, la CGT-cheminots, la fédération CGT Services Publics ainsi que plusieurs organisations de jeunesse.

Largement impulsé par la base, le mouvement social s’inscrit dans une série de luttes combatives depuis plusieurs mois : grève des hospitaliers en cours depuis plusieurs mois dans plusieurs régions ; journée de grève massive à la RATP en septembre ; journées de mobilisation dans l’éducation nationale suite au suicide de Christine Renon, directrice d’école, en octobre ; grève au technicentre SNCF de Châtillon (Hauts-de-Seine) fin octobre ; grève massive au technicentre de Landy (Seine-Saint-Denis) et dans quatre autres technicentres de Lyon qui dure depuis quelques semaines…

Toutefois, il serait une erreur de croire que seul le secteur public a le pouvoir de se mobiliser contre des réformes qui dégradent toujours plus les conditions de travail et vont vers toujours plus de précarité. Si le gouvernement cherche à faire croire que seuls les régimes spéciaux seront touchés par la réforme des retraites, c’est faux : c’est l’ensemble des pensions qui seront amenés à baisser avec le système par points, comme l’expliquait François Fillon en 2016 !.

C’est donc logiquement que ces dernières semaines, la Fédération Nationale des Industries Chimiques (FNIC) de la CGT a ainsi appelé à la grève « à partir du 5 décembre », tout comme les électriciens, les gaziers et les miniers de la FNME-CGT, FO Air France, ainsi que la fédération FO-Transports et logistique, troisième chez les chauffeurs routiers. Des secteurs stratégiques, qui ont le pouvoir de bloquer l’économie pour faire plier le gouvernement, et dans lesquels la colère gronde là-aussi depuis plusieurs semaines, même si les directions syndicales sont restés flous sur les modalités du conflit. La raffinerie Total de Feyzin, près de Lyon, est en grève depuis le 7 octobre, organisant de véritables blocages de la production, tandis que dans le secteur des transports et de la logistique, plusieurs journées de grève ont déjà eu lieu en Ile-de-France. On peut aussi noter l’inquiétude qui monte du côté des patrons de l’automobile, la direction de PSA Poissy ayant décidé de décaler au 5 et 6 décembre les journées chômées initialement annoncées pour les 22 et 29 novembre pour casser une potentielle grève.

Le ras-le-bol contre un gouvernement toujours plus au service des patrons, qui vise à faire toujours plus d’économies sur le social pour entretenir le capital, est en effet une préoccupation pour tous les travailleurs. Les réformes en cours auront un impact d’autant plus fort sur le secteur privé que la majorité des emplois y est aujourd’hui constituée de CDD et de contrats précaires, reconductibles et transformables selon la bonne volonté de l’employeur.
Ce sont aussi ces raisons qui expliquent qu’il est souvent plus difficile aux employés du secteur privé de faire grève, bien que ce droit existe.

Contrairement aux employés du service public, les salariés du secteur privé ont en effet le droit d’entrer en grève sans préavis, les seules conditions étant que leur employeur connaisseur les revendications au moment du déclenchement de la grève, qu’ils agissent à plusieurs (au moins 2) ou à l’appel d’un syndicat, et qu’ils cessent totalement le travail (les grèves perlées, par exemple, sont interdites). Néanmoins, la loi laisse aujourd’hui la porte largement ouverte à l’employeur pour interrompre ou ne pas renouveler un contrat, et la grève représente un risque accru pour les travailleurs du secteur privé, surtout dans les métiers où la syndicalisation est faible.

Ainsi, la grève ne peut représenter une véritable force que lorsqu’elle est majoritaire. C’est pourquoi les travailleurs du privé doivent joindre leurs forces avec celles du public, mais aussi ne pas se lancer en solitaire au sein de leurs lieux de travail dans la mobilisation. En s’organisant pour créer des mouvements collectifs, en convainquant les collègues d’investir le mouvement, les travailleurs du secteur privé peuvent créer les pressions suffisantes pour faire reconnaitre leur droit à faire grève et participer aux luttes en cours, qui concernent tous les secteurs de la société. Il ne faut pas croire que les travailleurs du privé sont incapables de s’organiser pour emporter des victoires. De même, les travailleurs du privé ne doivent pas hésiter, comme l’ont déjà fait ceux du secteur public, à faire pression sur leurs directions syndicales pour qu’elles prennent position et appellent à la reconductible. Essentiels à la société, les travailleurs du privé sont aussi essentiels à la lutte !

 
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