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La Izquierda Diario
14 de novembre de 2019 Twitter Faceboock

« Le viol ce n’est pas du cinéma »
Boycott Polanski : quand l’impunité des hommes de pouvoir ne passe plus
Cécile Manchette

Depuis quelques jours des militantes féministes appellent au boycott du film de Polanski, accusé par 12 femmes de violences sexuelles sur une période de 40 ans. Mardi soir, elles ont réussi à faire annuler la première du film. Aujourd’hui, l’impunité des hommes de pouvoir comme Polanski qui abusent de leur position pour violer et agresser des filles et des femmes, ne passe plus auprès de toute une génération qui se politise sur la lutte contre les violences faites aux femmes.

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Le réalisateur Polanski est accusé depuis 40 ans d’agressions sexuelles et de viols sur douze jeunes femmes. En 1977, suite à la plainte de sa première victime, il est condamné pour "détournement de mineur", et non pour viol sur mineur avec prise de stupéfiants, ce qui était le véritable chef d’inculpation. Il est condamné à 90 jours de prison mais est libéré avant la fin de sa peine, part pour la France, et est toujours, jusqu’à aujourd’hui, sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Dans une émission réalisée en 1979 il avait déclaré qu’avoir une relation sexuelle avec une enfant de 14 ans n’était pas un crime.

Depuis, les arguments ne manquent pas dans le cinéma français, et au-delà, pour défendre l’artiste avec comme adage préféré celui selon lequel "il faut séparer l’homme de l’artiste". Pourtant, ce que dénonce les féministes depuis des années, et aujourd’hui à l’occasion de la sortie de son film, c’est que c’est sa situation sociale et son statut de "star" du cinéma qui expliquent les agressions abusives à répétition et la totale impunité dont jouit le réalisateur. 

La campagne "Boycott Polanski" est une campagne qui s’inscrit dans une colère grandissante notamment chez les jeunes femmes qui s’indignent des violences sexistes et sexuelles toujours si prégnantes dans toutes les sphères de la société, et accusent de plus en plus la complicité et la responsabilité des grandes industries comme celle du cinéma, des médias, de la justice, de la police et aussi du gouvernement. C’est pour cela que le témoignage d’Adèle Haenel à Médiapart il y a quelques jours a rencontré un si grand soutien, et provoqué de l’indignation et de la colère.

Une colère toute particulière s’exprime contre les figures comme Polanski, à l’image de celle qui s’était exprimée au moment des affaires Dominique Strauss Kahn ou Denis Baupin. Si toute violence sexiste est à dénoncer et condamner, l’asymétrie dans les relations de pouvoir constitue un élément, souvent exploité par les agresseurs, particulièrement choquant, et qui exprime toute l’impunité et la violence de la classe dominante. Il en va ainsi des viols à répétition de la part d’un réalisateur reconnu mondialement pour son travail et doté d’un capital important, d’un patron ou d’un haut fonctionnaire d’Etat qui droguait des jeunes femmes pour les voir s’uriner dessus.

Dans nos lieux d’études et de travail face aux violences sexistes et sexuelles, nous défendons l’organisation de commission de femmes (avec les travailleuses ou/et les étudiantes, c’est à dire en indépendance des instances de direction, de l’Etat et de la justice) dans lesquelles doivent être mis en place des protocoles qui prennent en compte les différences dans les relations de pouvoir (si c’est un patron, le directeur, un professeur ou bien un élève, un étudiant qui à l’origine de l’acte) et les différents niveaux de violence (entre une insulte, du harcèlement ou un viol avec prise de sédatif). L’objectif étant de pouvoir protéger les victimes, prendre des mesures adéquates - la nécessité de discussions à des fins éducatives dans le cas d’insultes par exemple, une mesure d’éloignement temporaire, une exclusion définitive, ou bien la campagne acharnée pour exiger la démission d’un patron qui exploite les salariés et abuse sexuellement d’employées - et mettre au cœur de la lutte du collectif des travailleurs et travailleuses, des étudiants et étudiantes, la question du combat contre toutes les violences faites aux femmes.

Dans le cas de Polanski, il est légitime de mener une campagne pour que les crimes sexuels du réalisateur ne restent pas impunis, qu’il soit reconnu comme étant coupable, et dénoncer la complicité et la responsabilité de la justice et des gouvernements. Une justice qui fonctionne à deux vitesses, croit, écoute et protège les crimes des plus puissants quand à côté elle dénigre et méprise les plaintes de milliers de femmes.

 
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