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La Izquierda Diario
15 de novembre de 2019 Twitter Faceboock

Edito : Acte 53 des Gilets jaunes, un an de mobilisation !
Explosion sociale, convergence et radicalisation des classes populaires : un anniversaire sous haute tension pour le gouvernement
Jules Fevre

Le mouvement des Gilets jaunes s’apprête à fêter son premier anniversaire. Après plus de 52 actes d’une mobilisation inédite sous la Ve République, par sa durée et par son intensité, le paysage et les perspectives politiques sont totalement différentes. Loin du champ parlementaire, c’est désormais sur le terrain de la lutte des classes que de nombreux secteurs ont décidé de se battre, avec comme horizon la grève reconductible du 5 décembre.

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Il y a bientôt un an, au lendemain de l’acte III du mouvement des Gilets jaunes et de la “prise” de l’Arc de Triomphe, l’exécutif prenait la mesure des événements : pour la première fois depuis Mai 68, l’Etat se voyait débordé. Quelques temps après, face à la crise, Emmanuel Macron cédait quelques milliards d’euros, avant d’inaugurer “l’acte II” de son quinquennat. Un grand débat et des Européennes plus tard, le Président ne sera pas parvenu à amplifier sa base sociale, qu’il voudrait élargir à droite par coups d’offensives islamophobes et d’attaques contre l’immigration avec, par exemple, la remise en cause de l’Aide Médicale d’Etat (AME), ou encore des polémiques sur le voile.

Aujourd’hui, selon les derniers sondages Odoxa-Dentsu Consulting, “69% des personnes interrogées trouvent le mouvement plutôt voire tout à fait « justifié »”. De quoi mettre à mal les éléments de langages du gouvernement, qui s’efforce de marteler que les Français ne “veulent pas du retour des gilets jaunes”. Par ailleurs, près de 60% des Français se disent “prêts à soutenir la grève programmée le 5 décembre prochain” contre la réforme des retraites. De leur côté, les Gilets jaunes, à partir d’une Assemblée des assemblées du mouvement réunit le 3 novembre dernier, ont d’ores et déjà lancé un appel à rejoindre la grève du 5 décembre : “L’heure est à la convergence avec le monde du travail et son maillage de milliers de syndicalistes qui, comme nous, n’acceptent pas”.

En parallèle, Emmanuel Macron continue de s’isoler et gouverne seul, jusqu’à prendre des initiatives sans en avertir ses plus proches collaborateurs, comme l’entretien dans Valeurs Actuelles. Et son socle n’en finit pas de trembler, tiraillé par une contradiction difficilement solvable : celle de “pédaler en appuyant sur le frein”, d’après la formule d’un conseiller du gouvernement. Néanmoins, le chef de l’Etat le sait, une incapacité à réformer en profondeur, symbolisée par la réforme des retraites, se résumerait à signer son arrêt de mort politique. C’est ce qu’expriment Bruno Le Maire et Gérald Darmanin dans Les Echos jeudi : “Nous sommes dans l’obligation de continuer à réformer”.

Devant la coagulation des colères sociales qui se cristallise autour des appels à la grève interprofessionnelle et reconductible le 5 décembre, la consigne qui circule dans les rangs de la macronie est double : gagner la bataille de l’opinion et se ménager des portes de sortie telle la “clause du grand-père” afin de pouvoir négocier à la carte avec les directions syndicales, secteur par secteur, les modalités de mise en application de la réforme. “Non, il n’y a pas de chiraquisation, poursuit ce même conseiller. Ce n’est pas une option sur la table. On est attentifs aux mouvements sociaux mais on avance. Il n’y a pas le choix. Pas question d’acheter la paix sociale par le statu quo pour se retrouver avec davantage de tensions dans quelques mois.”

Dans ce contexte, le mouvement des Gilets jaunes, après avoir fait sur le terrain de la lutte des classes la démonstration de la faiblesse du gouvernement, fait figure d’exemple pour nombre de secteurs en luttes décidés à aller jusqu’au bout : pompiers, urgentistes, hospitaliers, professeurs, étudiants, cheminots, conducteurs de la RATP, entre autres. Cette « gilet-jaunisation » du mouvement ouvrier pourrait bien permettre une explosion radicale de la colère accumulée. Dans cette bataille, un secteur des Gilets jaunes continue de jouer un rôle important en participant à la jonctions de nombreuses luttes – écologiques, antiracistes, anti-islamophobie, anticapitalistes. Ce samedi, après 52 actes d’une mobilisation inédite sous la Ve République, consigne est donnée de faire de nouveau briller un gilet jaune devenu symbole, partout dans le monde. De plus, ce premier anniversaire ne signifie pas – loin de là – la fin du mouvement ; l’appel à rejoindre la grève du 5 et des jours suivants ouvre la voie à un véritable « tous ensemble ».

Ce samedi 16 novembre, dans les rues de la capitale, des milliers de Gilets jaunes battrons le pavé à partir de nombreux points de rassemblements. Mais aussi dans toute la France, près de 200 actions diverses ont été prévues, parmi lesquelles l’occupation de ronds-points. Du côté des forces de l’ordre d’important dispositifs policiers sont prévus : "Le mot d’ordre sera la mobilité. Parmi les quelques milliers de policiers et gendarmes mobilisés, 180 motos. Leur objectif : aller au contact le plus rapidement possible en cas de débordement" indique Diane Schlienger, journaliste à France 2. Ces moyens policiers témoignent de la fébrilité d’un gouvernement encore profondément hanté par un mouvement qui, au fil des actes, se renforce lui aussi face à la répression.

 
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