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La Izquierda Diario
18 de novembre de 2019 Twitter Faceboock

Acte 53
« Pas dans le même camp » : Lallement s’en va-t-en guerre
Elsa Marcel

Dimanche, après la manifestation des Gilets Jaunes, le préfet Lallement est venu constater « les dégâts » suite à l’immense nasse organisée la veille. Il a lancé à cette occasion à une femme Gilet Jaune qu’il n’était pas du « même du camp », phrase qui a suscité une vive réaction sur les réseaux sociaux. D’un véritable piège tendu aux manifestants à l’affirmation décomplexée de dimanche après-midi, la répression sauce Lallement est l’expression de plus en plus visible de la crainte du gouvernement à l’approche de la réforme des retraites.

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« On est tombé dans un guet-apens que nous a tendu la préfecture de police de Paris », a expliqué Olivier Besancenot au micro de BFMTV samedi après la manifestation des Gilets Jaunes. En effet, retenus pendant des heures sur la place d’Italie, les manifestants ont été pris au piège puis assaillis de grenades lacrymogènes, de GLI-F4 et de tirs de flash-ball. Plus encore, alors que la manifestation était déposée, elle a été interdite une fois la nasse refermée sur tous ceux qui étaient sur la place afin de les empêcher de défiler et de rejoindre les autres cortèges un peu partout dans Paris.

Si le préfet a donné une conférence de presse affirmant que « tout était sous contrôle » et qu’il ne fallait pas se fier aux « images spectaculaires » de la place d’Italie, ce n’est absolument la réalité vécue par des milliers de manifestants samedi. Appelés à quitter les lieux pour ceux qui seraient de « bonne foi », l’issue était en réalité close, et cette annonce visait seulement à préparer et à légitimer l’offensive répressive qu’il était en train de mettre en place. C’est aussi sur cette même place, qu’ont été gravement blessés ou mutilés des Gilets Jaunes ou des journalistes, venus couvrir les événements.

La nomination de Lallement comme préfet de Paris après le limogeage de Delpuech correspond à la volonté de l’exécutif de défendre un profil « ferme » et « autoritaire ». Fin avril 2019, un rapport de l’Observatoire girondin des libertés publiques (qui regroupe des associations comme la Ligue des droits de l’homme ou le Syndicat des avocats de France) désigne les méthodes de Didier Lallement comme relevant d’une « politique d’intimidation », en particulier à l’encontre des manifestions des Gilets Jaunes. Ce rapport alerte sur le retour des escadrons de voltigeurs (ayant causé la mort de Malik Oussekine en 1986), l’usage extrêmement fréquent de nasses ou encore l’absence de sommations avant de procéder à des charges.

La nomination à la préfecture de police de Paris de Lallement a donc une mission bien précise : celle d’opérer un tournant dans le maintien de l’ordre dans la capitale Parisienne, centre névralgique et politique. Quand Lallement affirme ne pas être « dans le même camp » que les Gilets Jaunes, ce sont les oripeaux guerriers qui sont mis en avant. La mise en scène de la police scientifique sur Twitter venue récupérer les empreintes des fameux « casseurs » sur les « lieux du crimes » participe à la construction de ce nouvel « ennemi intérieur ». Une manière pour Macron de remettre le maintien de l’ordre au cœur de la séquence des plus troubles pour l’exécutif qui compte tenter de reprendre l’initiative alors qu’il se trouvait à la défensive depuis la rentrée. Le retour de LREM en tant que parti de l’ordre avait été clé pour éteindre la crise des Gilets jaunes tout en consolidant une nouvelle base sociale chez LR.

Ces annonces de Lallement ont en effet été suivies de déclarations de plusieurs ministres et membres du gouvernement qui se sont empressés de condamner les « violences », le « black bloc » et les « manifestants radicaux ». Même rengaine d’ailleurs côté étudiant, après que la grille du ministère a été déboulonnée. Le pari du gouvernement à l’approche de la réforme des retraites est de gagner l’opinion de la majorité sur le terrain sécuritaire. Toujours en difficulté depuis la rentrée, contesté par de larges franges de la population, il doit chercher à construire l’image d’un affrontement dirigé par une minorité violente et de « blocages » redoutables. Mais ce qui justifie une telle crainte du gouvernement, c’est précisément ce qui se prépare le 5 décembre : une mobilisation d’ampleur de nombreux secteurs du monde du travail, rejoints par les étudiants qui commencent à relever la tête dans plusieurs universités du pays.

 
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