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20 de novembre de 2019 Twitter Faceboock

Education Nationale
Le gouvernement veut imposer des formations aux enseignants pendant les vacances

Un décret adopté début septembre prévoit de mettre en place des formations obligatoires pour les personnels enseignants... pendant les vacances scolaires. Alors que la profession continue de subir de plein fouet les attaques néolibérales de la Macronie, la nécessité de se battre contre le gouvernement le mois prochain se fait de plus en plus forte.

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Crédits photo : STR / AFP

« Une allocation de formation est attribuée aux personnels enseignants de l’Éducation nationale qui bénéficient lors des périodes de vacance des classes, à l’initiative de l’autorité compétente ou après son accord, d’actions de formation professionnelle... Dès lors qu’elles sont réalisées à l’initiative de l’autorité compétente, ces actions de formation n’excèdent pas, pour une année scolaire donnée, cinq jours lors des périodes de vacance de classes. L’autorité compétente informe les personnels, dès le début de l’année scolaire, des périodes de vacance de classes pendant lesquelles pourraient se dérouler de telles actions de formation. » Voilà donc l’une des dernières inventions du gouvernement et de son ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer.

À partir du 1er avril, les personnels enseignants pourront donc désormais se voir imposer jusqu’à cinq jours de formation obligatoires pendant les vacances scolaires, soit pendant leurs congés. Comme si le travail d’enseignant n’était pas déjà assez pénible. Le décret, adopté le 6 septembre dernier – au moment où M. Blanquer s’apprêtait à vivre « l’une des meilleures rentrées qu’[il ait] connu » – précise l’allocation prévue pour les enseignants concernés.

Cette dernière sera de 20€ brut de l’heure, plafonnée à 60€ par demi-journée et 120€ par journée - rappelons tout de même que ces formations seront susceptibles d’entraîner d’importantes dépenses de déplacement (les formations ne se dérouleront pas dans l’établissement de rattachement de chacun) ou de garde par exemple, puisqu’organisées en période de vacances scolaires. Ce qui soulève quelques interrogations : d’où viennent les fonds censés financer ces formations et ne seraient-ils pas mieux utilisés ailleurs ? Comme par exemple investis dans la rénovation des trop nombreuses écoles délabrées, dans l’achat de matériel scolaire qui fait trop souvent défaut ou dans le recrutement de nouveaux personnels enseignants, à rebours de la politique menée actuellement.

Cette mesure, voulue par la Macronie, entérine de fait les formations des enseignants pendant leurs vacances, une pratique déjà existante dans certains cas. Une mesure refusée en bloc par l’ensemble des syndicats de l’Éducation nationale en juin dernier, lors du Comité Technique Ministériel, ces derniers réclamant au minimum l’introduction du volontariat pour les enseignants. Le résultat de cette concertation ? Une nouvelle illustration de la propension du gouvernement à passer en force.

Une mesure qui ne tient pas compte des préoccupations des enseignants

Alors que depuis le début de l’année scolaire, les enseignants n’ont de cesse de dénoncer la pénibilité grandissante de leur profession et leur ras-le-bol – illustré notamment lors de la mobilisation du 24 septembre dernier – et que la profession connaît une vague de suicides des plus inquiétantes, le gouvernement continue de se refuser à les écouter. Au contraire, il leur impose de nouvelles tâches administratives pendant leur temps de congés, omettant de préciser que ces périodes sont généralement mises à profit pour la préparation de cours, la correction de copies ou tous ces à-côtés inhérents à la profession, qui ne sont pas comptabilisés en heures de travail et qui constituent donc autant d’heures déjà travaillées et non rémunérées.

À cela s’ajoute la question de l’organisation en amont. Le texte précise : « l’autorité compétente informe les personnels, dès le début de l’année scolaire, des périodes de vacance de classes pendant lesquelles pourraient se dérouler de telles actions de formation ». Autrement dit, si la hiérarchie décide en début d’année que toutes les vacances scolaires sont susceptibles d’être concernées, il devient impossible pour les enseignants de prévoir leurs congés en avance. Rien ne réglemente précisément dans le texte le délai auquel ils doivent être prévenus des jours précis de formation. Cette mesure laisse donc les enseignants à la merci des décisions de leur direction.

Loin de rejeter en soi l’idée de bénéficier de formations – la France fait d’ailleurs partie des pays de l’OCDE les plus à la traîne en la matière – nombre d’enseignants s’opposent aux modalités de mise en place de ces journées. Désireux de pousser à son paroxysme les logiques d’austérité et de réductions de postes, le gouvernement se refuse à recruter les remplaçants nécessaires pour assurer des formations sur les périodes d’enseignement pour les professeurs. De plus, aucune précision n’est donnée concernant le contenu de ces formations décidées « par en haut » et qui risquent fort de ne pas correspondre aux attentes et aux réalités des enseignants sur le terrain.

La nécessité de s’organiser

La question se pose dès lors pour l’ensemble des enseignants : comment se faire entendre face à ces multiples attaques du gouvernement contre leurs conditions de travail et alors que se profile la réforme des retraites. Une réforme qui va toucher de plain fouet les personnels enseignants, au même titre que l’ensemble des travailleurs.

Alors que de nombreux syndicats ont appelé à une grève illimitée à partir du 5 décembre prochain, la nécessité d’un « tous ensemble » dans la rue avec les différents secteurs mobilisés devient de plus en plus forte. Plusieurs syndicats au sein de l’Éducation nationale ont déjà appelé à rejoindre la mobilisation, à l’image de la Fédération des Enseignants, de la Recherche, et de la Culture de la CGT. Depuis la semaine dernière, ce sont les étudiants qui sont entrés dans la danse pour lutter contre la précarité, après que l’un d’entre eux se soit immolé par le feu à Lyon en accusant la succession de gouvernements néolibéraux de l’avoir tué. Plus que jamais, il est temps que tous ces secteurs descendent ensemble dans la rue pour dire non à cette réforme, avec la perceptive d’infliger à Macron et son monde une défaite cruciale, un peu plus d’un an après le début du mouvement des Gilets jaunes.

 
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