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La Izquierda Diario
23 de novembre de 2019 Twitter Faceboock

Généralisons la grève à partir du 5 !
Retraites. Et si les cheminots n’y allaient pas tous seuls cette fois-ci ?
Laura Varlet, cheminote syndicaliste

Dans les discussions avec des collègues cheminots, dans les tournées de préparation de la grève à partir du 5 décembre et sur le terrain, une discussion revient souvent : « La grève doit s’étendre à tous les secteurs ! Macron ne reculera pas face à une grève cantonnée à la SNCF et la RATP ! ». Mais, comment construire cette généralisation de la grève ?

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Une colère généralisée… un embrasement général à portée de main ?

Ces derniers jours, nous avons vu Macron radicaliser son discours et sa réforme et se préparer à la guerre contre l’ensemble du monde du travail et de la jeunesse. Ce changement de ton s’explique probablement par l’échec de l’opération « déminage » que le gouvernement a tenté ces derniers jours, que ce soit auprès des hospitaliers en lutte depuis plusieurs mois, ou encore de la jeunesse. Le gouvernement a compris que sa réforme ne passera pas comme une lettre à la poste et que nous serons nombreux et nombreuses à lui opposer une ferme résistance et à être dans la rue et en grève à partir du 5 décembre. Macron a donc tranché, il a décidé d’enlever toute ambigüité, il a envoyé aux calendes grecques une éventuelle « clause grand-père » et part à l’offensive.

Dans ce contexte, et pour de nombreux travailleurs à la base, toute tentative ou discours de négociations avec le gouvernement apparaît de plus en plus comme de l’enfumage, de la diversion, sinon directement comme une trahison. Ce qui est à l’ordre du jour aujourd’hui, c’est clairement la construction d’un vrai plan de bataille pour la généralisation de la grève aux différents secteurs du public, mais aussi du privé, pour faire reculer le gouvernement sur cette réforme, et ouvrir la voie à la contestation de l’ensemble de sa politique. L’embrasement général est donc à portée de main, que ce soit chez les cheminots, à la RATP, les enseignants, la jeunesse, les hospitaliers, les gilets jaunes et encore d’autres secteurs, la colère monte…

Les cheminots ne veulent plus se retrouver tous seuls dans la bataille

Un constat revient souvent dans les tournées et les discussions avec les cheminots sur le terrain : « si nous partons tous seuls en grève, nous n’aurons pas le rapport de forces nécessaire pour faire plier Macron ». Le fait que les agents de la RATP soient de la partie, avec une énorme pression à la base pour un départ en grève illimitée est une excellente nouvelle, et nombreux sont les cheminots qui ont envie de battre le pavé tous ensemble avec nos collègues de la RATP. Mais nous sommes également conscients que cela ne suffira pas, qu’il faudra étendre la grève à d’autres secteurs, du public comme du privé, à la jeunesse, pas seulement pour faire peur au gouvernement, mais pour le faire reculer et lui faire avaler sa réforme et l’envie de casser nos conditions de vie et de travail. Il est important de souligner qu’une grève forte et dans la durée aussi bien à la SNCF qu’à la RATP est néanmoins indispensable si on veut songer à la possibilité d’entraîner d’autres secteurs dans une mobilisation d’ensemble.

Les sondages, même dans les grands médias, montrent que la majorité des travailleurs ne veulent pas de cette réforme. Les retours que nous avons pu voir ces derniers jours sur le terrain, y compris lorsque nous nous adressons aux usagers dans les grandes gares parisiennes, vont dans le même sens d’un soutien large de la part de la population, et c’est très encourageant pour la suite. Par ailleurs, les grèves et mobilisations, avec une dose importante de « gilet-jaunisation », se sont étendues ces dernières semaines à de nombreux secteurs. Le grain de sable de chacun et chacune, de chaque secteur est donc très important pour construire une vraie riposte face à la politique du gouvernement. Le soutien aux cheminots et aux agents RATP dans la lutte contre une réforme qui est de plus en plus impopulaire aux yeux de tous et toutes est encourageant. Mais un soutien passif, ou même ce qu’on a tendance à appeler la « grève par procuration », ne suffiront pas à faire reculer Macron. Les ingrédients sont là, la colère est généralisée, il manque l’étincelle pour embraser l’ensemble du monde du travail et de la jeunesse, et convaincre largement de la nécessité de s’engager dans une lutte du tous ensemble.

Construire l’auto-organisation pour que la grève appartienne aux grévistes

Si nous écoutons les directions des confédérations syndicales, nous avons souvent l’impression qu’elles passent plus de temps à quémander des miettes et des négociations au gouvernement qu’à préparer la bataille qui s’annonce. Les cheminots, les agents de la RATP et tous ceux qui s’organisent à la base pour préparer la grève illimitée et reconductible à partir du 5 décembre ont le droit d’interpeller les directions syndicales pour qu’elles arrêtent de tergiverser, mais qu’elles construisent et qu’elles appellent véritablement à la grève reconductible dans tous les secteurs, et non seulement à la SNCF et la RATP. Il s’agit de montrer une vraie détermination face à un gouvernement de plus en plus déterminé à aller jusqu’au bout dans sa volonté de nous écraser.

Mais sans attendre passivement un changement d’attitude de ces mêmes directions syndicales et tout en les interpellant, nous avons également le devoir de chercher à construire dès maintenant une alternative, à la base, pour que les travailleurs et travailleuses des différents secteurs, tous ceux qui veulent construire le rapport de forces, puissent s’organiser démocratiquement. L’organisation d’assemblées générales les plus massives possibles, des assemblées souveraines sur les lieux de travail et d’étude où les grévistes décident des suites du mouvement devient une question clé. Il s’agit de créer les conditions pour que les mots d’ordre et les modalités de la lutte soient décidés exclusivement par les grévistes auto-organisés et par personne d’autres. C’est la seule manière de faire en sorte que personne ne décide à notre place.

La grève générale interprofessionnelle, il faut aller la chercher !

La dizaine de jours qui nous séparent du 5 décembre est donc un moment précieux pour aller chercher les autres secteurs, et pour construire toutes les initiatives possibles qui vont dans le sens d’un mouvement de grève interprofessionnelle qui aille au-delà même du 5 décembre pour s’inscrire dans la durée. La réunion appelée par des cheminots et des salariés de la RATP, ouverte aux autres secteurs professionnels et à la jeunesse, ce mercredi 27 novembre à la bourse de travail de Saint Denis en région parisienne est un point d’appui en ce sens. D’autres initiatives se construisent également dans les régions, comme par exemple à Mulhouse ce mardi 26, contre la répression et pour la mobilisation à partir du 5 décembre, en présence de cheminots, postiers, gilets jaunes, enseignants, etc..

A partir du 5 décembre, il s’agira donc d’avancer dans la construction de cadre d’assemblées générales interprofessionnelles pour regrouper l’ensemble des grévistes, syndiqués ou non-syndiqués, pour décider des actions, des mots d’ordre et des suites de la grève.

Après un an du mouvement des gilets jaunes, avec tout ce que cela implique dans l’expérience avec la répression, mais également dans un contexte où les symptômes d’une « gilet-jaunisation » du monde du travail se généralisent, les ingrédients semblent réunis pour une véritable explosion sociale dans le pays, à l’image de ce qui se passe dans plusieurs pays du monde. La question qui reste pour l’instant sans réponse est de savoir si nous arriverons à construire une grève générale capable non seulement de faire peur au gouvernement, mais surtout de gagner. En ce qui nous concerne, nous pensons qu’il faut tout faire pour le tenter !

Crédits photo : MATTHIEU ALEXANDRE / AFP

 
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