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La Izquierda Diario
23 de novembre de 2019 Twitter Faceboock

TOUTES ET TOUS ENSEMBLE
150 000 personnes contre les violences faites aux femmes. Vers une jonction le 5 décembre ?
Cléo Rivierre
Rafif Moussa

La manifestation de ce 23 novembre a été une manifestation historique, rassemblant presque trois fois plus de monde que l’an dernier. Dans un contexte social explosif, avec la grève à partir du 5 décembre qui se profile, se pose la perspective d’un renouveau du mouvement féministe et d’un ralliement à un mouvement d’ensemble contre la réforme des retraites et le gouvernement.

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Ce sont 150 000 personnes qui ont manifesté dans toute la France, dont 100 000 à Paris. Les manifestant.e.s ont été presque trois fois plus nombreuses et nombreux que l’an dernier, où les organisatrices revendiquaient 60 000 participants. La manifestation a eu lieu dans une trentaine de villes en France. Selon le collectif Nous Toutes, qui compte parmi les principaux organisateurs de la manifestation, il s’agit de « la plus grande marche de l’histoire de France contre les violences ».

Il faut dire que les raisons de sortir dans les rues étaient, elles aussi, nombreuses en cette journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. L’organisation féministe Nous Toutes dénombre à ce jour 137 féminicides en 2019 en France. Ce chiffre est en augmentation par rapport aux dernières années et équivaut presque à une femme tuée tous les deux jours en France par son conjoint ou ex-conjoint.

Pendant ce temps, les voies institutionnelles apparaissent de plus en plus clairement comme incapables de résoudre le problème des violences faites aux femmes. Seulement 19% des femmes victimes de violences portent plainte. En effet, le fait de chercher à fuir les violences du foyer et de porter plainte à la police expose les femmes au risque de se retrouver à la rue, isolées, ou encore de perdre la garde de leurs enfants. À ces pressions matérielles s’ajoute l’emprise psychologique que peut exercer leur conjoint, les retenant ainsi au sein du foyer. Ce pourcentage s’explique aussi par la crainte de ne pas être entendue, voire d’être humiliée par l’appareil policier et judiciaire. De fait, alors que 80% des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite, de nombreux témoignages rapportent les remarques sexistes, la culture du viol et les mécanismes de culpabilisation des femmes qui ont cours dans les bureaux de la police et de la gendarmerie. En témoignent les nombreux témoignages, par exemple sur le Tumblr Paye ta police qui rapporte les propos de policiers devant une plaignante : « Mais c’est quoi cette mode de porter plainte pour viol ? Depuis Balance ton porc, c’est devenu du n’importe quoi. Mais qu’est ce que vous voulez qu’on fasse ? ; « Et puis vous vous êtes pas débattue » ;« Mais c’est pas un VRAI viol », etc.

Les solutions que le gouvernement tente d’apporter à cette crise de confiance, telle que la réduction d’impôts pour les dons aux « associations de lutte contre les violences domestiques », ne peuvent apparaître que comme dérisoires face à l’ampleur du problème. Lors du lancement du « Grenelle des violences conjugales » organisé par Marlène Schiappa, le premier ministre annonçait la mise en place d’un audit des commissariats, censé se dérouler sur au moins deux ans. Autant dire une éternité pour celles qui vivent les violences au quotidien, et surtout une solution qui n’apporte qu’une réponse répressive et individualisante à ces violences alors qu’elles sont de plus en plus largement reconnues comme structurelles, comme le pointait récemment l’actrice Adèle Haenel dans une interview à Mediapart.

« Puisque les institutions ne nous sont d’aucune utilité, nous prendrons la rue ! » semblent avoir répondu les femmes ce 23 novembre. D’autant plus qu’après une année de mobilisation des Gilets jaunes, les conséquences anti-sociales de quarante années de néo-libéralisme sont étalées au grand jour. Il en va de même de la précarité étudiante, dont le tabou commence, depuis quelques semaines, à sauter. Dans les deux cas, les femmes sont les premières victimes de la précarité. Le féminicide apparaît de plus en plus clairement comme le dernier maillon d’une chaîne de violences sociales infligées par le système capitaliste et patriarcal.

La réforme des retraites que prépare le gouvernement vient renforcer cet état de fait En calculant notamment le taux des pensions sur la base de l’ensemble de la carrière professionnelle et non plus des meilleures années cotisées, elle promet aux femmes – qui ont bien souvent des carrières hachées, qui travaillent pendant de longues périodes à temps partiel, ou qui se mettent en congé maternité – une retraite largement en dessous de celle des hommes, insuffisante pour vivre dignement.

C’est en ce sens que nous scandions, avec le collectif Du Pain et Des Roses : « Le 23, dans la rue, le 5, on continue ! ». Pour les nombreuses jeunes femmes qui ne veulent ni « perdre leur vie à la gagner », ni perdre la vie sous les coups de l’oppression, il s’agit de réaliser la jonction avec la grève interprofessionnelle et reconductible du 5 décembre contre la réforme des retraites. S’ouvre ici la perspective d’un renouveau du mouvement féministe, et d’un ralliement à un mouvement d’ensemble contre la réforme des retraites et contre Macron et son monde néo-libéral.

Par ailleurs, le slogan « solidarité avec les femmes du monde entier », qui résonnait dans les rues de Paris et des autres villes de France, est une référence à la nouvelle vague féministe et au mouvement de masse pour les droits des femmes sur la scène internationale ces dernières années. Mais c’est aussi un hommage aux femmes qui se battent contre le pouvoir néo-libéral au Chili, en Irak, au Liban, en Algérie, etc., qui font face à une répression qui dévoile la complicité de l’État dans la reproduction d’une longue chaîne de violences patriarcales, mais qui sont et resteront déterminées à changer ce système.

Construire un mouvement féministe internationaliste, anti-impérialiste et anti-raciste, anticapitaliste, contre toute forme d’exploitation et d’oppression, pour une transformation radicale de la société et pour la révolution socialiste, tel est l’objectif que se fixe le collectif Du Pain et Des Roses – Révolution Permanente.

 
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