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27 de novembre de 2019 Twitter Faceboock

SNCF
Après Martinez à Matignon, la CGT Cheminots reçue par le secrétaire d’État chargé des transports
Julian Vadis

Au sortir de sa rencontre avec Édouard Philippe, Philippe Martinez annonçait qu’une rencontre entre le secrétaire d’État aux transports et la CGT Cheminots était programmée pour ce jeudi 28 novembre.

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Crédits photo : afp.com/Eric Cabanis

Au sortir de sa rencontre avec le Premier Ministre Édouard Philippe ce mardi 26 novembre, Philippe Martinez a annoncé ce qu’il caractérise comme une « bonne nouvelle ». Ce jeudi 26 novembre, Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d’État chargé des transports, recevra la CGT Cheminots « pour parler de son portefeuille, c’est-à-dire des transports et de la SNCF ».

Une réjouissance qui tranche avec le reste du retour de Philippe Martinez face aux journalistes après son entrevue à Matignon, lui qui a pointé du doigt une impossibilité de dialogue avec un gouvernement arc-bouté sur ses positions, tout en laissant une porte de sortie ouverte avant le 5 décembre. Ce même gouvernement qui, par ailleurs, avait maintenu une ligne jusqu’au-boutiste lors de la bataille du rail en 2018.

On peut donc légitimement se demander en quoi le fait d’aller discuter avec le secrétaire d’État chargé des transports est une « bonne nouvelle », d’autant plus que la manœuvre du gouvernement semble pourtant assez évidente, alors que la CGT Cheminots a appelé à un mouvement de grève reconductible à partir du 5 décembre, dont le secteur cheminot sera l’un des moteurs. Il s’agit pour le gouvernement de chercher, sur le plan de la communication tout du moins, à envoyer un signal d’ouverture pour juguler la colère sociale, éviter toute généralisation et, plus encore, la convergence des différents secteurs.

Comme nous le disait Mathieu Roux dans l’article Retraites. Fermer la porte aux négociations catégorielles, c’est l’ouvrir à la victoire pour tous le piège qui se cache derrière les négociations par secteurs est double :« Premièrement, accepter aujourd’hui cette stratégie comme une potentielle sortie de conflit affaiblit énormément le mouvement de grève, notamment avec le pouvoir de blocage qu’ont les salariés des transports. Une grève se gagne avant tout avec la solidarité de ceux qui la mènent. Ceux qui lutteront à la base ne pourront pas se priver de cette arme formidable et devront œuvrer à la construire et à la renforcer, dans les Assemblées Générales, les comités de grève ou de mobilisation, dans les rencontres ou coordinations interprofessionnelles, dans les actions, dans les écrits et dans leurs têtes. Ce qu’ils défendront demain c’est le droit à la dignité dans la vieillesse de l’ensemble de la population et les générations futures. Cela dépasse de loin le cadre exigu de la défense des conquêtes sociales des uns ou des autres.

Deuxièmement, en imaginant que les cheminots soient épargnés sur certains points de la réforme, cela creuserait encore l’écart entre leur régime de retraite et les autres. Que pourront faire quelques 150 000 cheminots quand, au prochain quinquennat, le pantin en charge de servir le capital décidera d’en finir avec les spécificités liées au travail dans le chemin de fer ? Et oui, mettre sa force de blocage au seul service de sa propre défense ne peut mener qu’à un isolement fatal. Pour ceux qui n’auraient pas souvenir de la grève de 2003, à laquelle les cheminots ont refusé de participer car « pas concernés », pour se retrouver seuls et sans soutiens en 2007, quand ils ont été attaqués de plein fouet et ont voulu défendre leur droit... ».

Préparer la grève du 5 décembre et ses suites

Il n’y a donc aucune raison, pour la CGT Cheminots, d’aller discuter avec nos adversaires, à quelques jours de la journée du 5 décembre et alors que le gouvernement est déjà en ordre de bataille. C’est à la construction de la grève, pour que le 5 décembre soit une réussite, mais surtout à sa reconduction qu’il est aujourd’hui urgent de s’atteler, pour remporter le bras de fer face à Macron et obtenir le retrait sans négociation ni amendement de la réforme des retraites dans son intégralité. Mais aussi œuvrer à l’élaboration d’un programme unifiant pour l’ensemble des secteurs de travailleurs, de la jeunesse et des classes populaires, pour un mouvement d’ensemble et éviter le poison qu’est la division corporatiste.

La question qui se pose aujourd’hui, c’est autour de quel programme et de quel plan d’action s’unir pour gagner la bataille des retraites ?

Bien sur, il y a la question essentielle du retrait pur et simple de la réforme du gouvernement, sans aucune négociation et sans réforme « à la marge ». Mais il est clair que, en soi, un ensemble de points revendicatifs en positif sont indispensables, tant pour éviter tout éclatement corporatiste que pour répondre aux problématiques réelles qui existent, en premier lieu sur la misère qui touche les retraités actuels et à venir, et que la réforme par point du gouvernement ne fera qu’aggraver, comme l’a expliqué François Fillon en 2016. François Fillon, que l’on peut soupçonner de tout, mais pas d’être un léniniste fanatique.

En premier lieu, il s’agit d’exiger la retraite pleine et entière à 60 ans, et à 55 ans pour les métiers pénibles. Une réforme des retraites permettant de partir en bonne santé, et qui doit être financer par une taxation du capital et des grandes fortunes. Comme pour les salaires, il s’agit d’exiger aussi la hausse des pensions et leur indexation sur l’évolution du salaire moyen, pour pallier les aléas économiques, et notamment la hausse du coût de la vie, pour mettre un terme à la spirale infernale de la misère qui touche les plus précaires. Des revendications qui doivent aussi englober les revendications des différents secteurs, dans un plan global pour lequel « il vaille la peine de se mobiliser » et qui soit à même de renverser la table.

C’est autour d’axes programmatiques, transversaux à l’ensemble des secteurs sans renier les revendications sectorielles, qu’il sera possible de passer de « l’incantatoire » à la possibilité de la concrétisation d’une convergence effective, à même d’imposer le rapport de force à un degré amplement supérieur. Il s’agit là d’une condition pour donner corps non seulement à la prise en charge par la base de leur lutte - par le biais d’assemblées générales décisionnaires sur tout les aspects de la lutte - et l’émergence de coordinations interprofessionnelles, locales comme nationale, pour battre en brèche la peste que représente la division des différents secteurs de travailleurs, de la jeunesse et des classes populaires. Dans le cadre de la préparation du 5 décembre et de ses suites, ce sont ces questions brûlantes qui se posent aujourd’hui.

 
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