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La Izquierda Diario
3 de décembre de 2019 Twitter Faceboock

Gilets jaunes, travailleurs et étudiants débattent avec Révolution Permanente
Toulouse. Une centaine de personnes à la réunion publique « Des Gilets jaunes à la Grève générale »
RP Toulouse

Ce samedi 30 novembre, Révolution Permanente et Communard.e.s ont organisé, à Toulouse, une réunion publique « Des Gilets jaunes à la Grève générale, s’organiser pour faire tomber Macron ». Avec une centaine de Gilets jaunes, travailleurs et étudiants présents, l’événement a été un succès.

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La réunion publique, organisée par les militants du Courant Communiste Révolutionnaire au sein du NPA, a réuni plus d’une centaine de personnes, ce 30 novembre à Toulouse, et a permis un dialogue riche entre différents secteurs, étudiants, gilets jaunes, travailleurs, autour de la bataille qui va s’ouvrir le 5 décembre. Au coeur des discussions : quel plan de bataille pour gagner ? Et de quelles méthodes et outils doit-on se doter ?

Les militants animant le journal Révolution Permanente sont d’abord intervenus autour des bilans que nous tirons de la séquence ouverte par les gilets jaunes. Avec une tribune représentative de secteurs qui ont été contaminé par l’expérience et la radicalité des gilets jaunes. 

Anna Bronstein, étudiante au Mirail et militante du collectif féministe révolutionnaire Du Pain et des Roses a ouvert la discussion en rappelant l’importance et le choc qu’a représenté, y compris pour les militants révolutionnaires, le mouvement des gilets jaunes. Étudiante, précaire et féministe, elle s’est mobilisée comme près de 150 000 femmes dans tout le pays ce 23 novembre. « Nous on pense que la lutte qui va s’engager le 5 décembre est une occasion unique pour que le mouvement féministe vienne grossir les rangs des grévistes et des manifestants, en portant des revendications, un programme de lutte qui permet de répondre à ces problématiques. » Le mouvement étudiant aussi peut et doit se poser le défi de construire une mobilisation de masse contre le gouvernement, la précarité, et ce avec tous les secteurs prêts à entrer bientôt dans la bataille. 

Clément Allochon , cheminot à la SNCF et gréviste du technicentre de Châtillon est quant à lui revenu sur les grèves spontanées et radicales qui ont éclaté ces dernières semaines dans trois technicentres de région parisienne. Après avoir expliqué le sentiment général qui existait dans le technicentre de Châtillon avant même la grève, à savoir un ras le bol général des travailleurs contre la direction du fait des faibles salaires et de la pénibilité du travail, qui s’est accentué suite aux demandes de la direction de supprimer plusieurs jours de repos par an, Clément est revenu sur le caractère inédit de la grève. Grève sauvage, forte auto organisation des travailleurs et refus de toute conciliation et négociations avec la direction. 

Enfin, Gaëtan Gracia, ouvrier et militant CGT dans la sous-traitance aéronautique à Toulouse a quant à lui fait un état des forces pour le 5 décembre. Des forces de l’adversaire, comme des forces de notre camp à nous. « A chaque réforme, il disent que c’est nous qui n’avons pas compris. Ensuite, ils nous accusent de corporatisme, le gouvernement parle déjà de "fourre-tout de la colère", de "coagulation des opportunismes", comme Juppé en 95 parlait "d’addition des corporatismes. C’est à nous d’agréger ces colères, alors que plus de 66% des francais déclarent déjà soutenir la grève du 5 décembre ». Rappelant pourquoi nos militants défendront l’auto organisation, l’organisation démocratique des travailleurs, pas seulement depuis nos lieux de travail et d’études, mais aussi en lien avec tout les autres secteurs en lutte, à l’instar des rencontres entre les travailleurs de la SNCF et de la RATP qui en est une démonstration à Paris.

De gauche à droite : Clément Allochon, Anna Bronstein et Gaëtan Gracia

« Ce n’est plus à eux de décider »

La discussion s’est ensuite ouverte sur un débat très riche entre gilets jaunes, étudiant.e.s, femmes et travailleurs, autant de secteurs qui se préparent actuellement au 5 décembre. Un débat qui a notamment fait surgir un questionnement de fond central pour la suite, à savoir comment faire pour qu’ils ne nous volent pas notre lutte ?

En effet, nombreux sont ensuite intervenus pour témoigner ou réfléchir avec les autres participants des méthodes de lutte que nous pouvons adopter depuis les secteurs desquels nous luttons. Caisse de grève, radicalité des méthodes à l’instar de celles des travailleurs de Châtillon, tout cela dépendra de la construction de l’auto organisation des travailleurs, contre la spoliation de leur grève par les directions syndicales, comme Martinez qui se vante de s’être réuni plus de 22 fois avec l’Elysée pour négocier la réforme des retraites. « Ce n’est plus à eux de décider, les Martinez et compagnie, c’est à nous, mais nous on est Gilets Jaunes, ça sera difficile de faire la grève quand on a touche très peu par mois.” Une autre présente lui répond “Moi je touche 1080 euros par mois et j’ai deux gosses, je ferai tout pour faire la grève, ne serait ce qu’une journée. Plus on sera nombreux, plus facilement on aura une caisse de grève conséquente ». Elle se rappelle avoir été à d’autres moments foncièrement pacifiste. Mais le mouvement des gilets jaunes, la répression tout comme la solidarité dans la rue avec les autres l’ont fait changer d’opinion « s’ils veulent casser une banque qu’ils le fassent ». Beaucoup de combativité témoigné chez cette femme, qui a ensuite exprimé sa volonté de se battre pour construire une autre société, voyant que celle qu’on nous impose aujourd’hui n’offre que la misère.

La plus grande des préoccupations qui a émergé, comment s’inspirer et apprendre de l’expérience des gilets jaunes pour construire une grève massive et généralisée à partir du 5 décembre ? Les gilets jaunes ont en effet mis un gros pied dans la fourmilière du syndicalisme routinier, des manifestations plan-plan et des stratégies de conciliations et de défaites orchestrées par les directions syndicales. Permettant de rompre avec toute forme de scepticisme en montrant que lorsque l’on reprends nos luttes en main et qu’on instaure un rapport de force conséquent, il est possible de faire reculer le gouvernement et d’obtenir des victoires. 

Des présents ont également exprimé que la mobilisation contre la réforme des retraites sera aussi le moment de manifester de nombreuses colères. Le débat a par exemple touché la question de l’islamophobie. Contre toutes les différences et oppressions que l’Etat cherche à vivifier d’ici le 5 décembre, Jinane, militante de Révolution Permanente a rappelé que nous nous opposerons fermement à cette offensive raciste menée par l’Etat. Face à ce racisme d’Etat, qui s’approfondit dans la période, la riposte s’intensifie elle aussi et la marche massive contre l’islamophobie du 10 novembre dernier en témoigne. Mais aujourd’hui il est central que cette réponse s’approfondisse et se durcisse. Que la bataille qui s’ouvre autour du 5 permette d’agréger les différentes colères, secteurs en lutte, et pose les bases pour un combat plus large que les retraites, contre le gouvernement et la société d’inégalités et d’oppressions qu’on nous impose. Contre toutes tentatives de divisions. 

Les différentes interventions, l’ambiance dans la salle et l’état d’esprit des personnes présentes ont par ailleurs témoigné que ce qui se joue aujourd’hui, ce n’est pas seulement une lutte contre la réforme des retraites, mais que cela va bien au delà. 

Auto-organisation et nécessité de la construction d’un grand parti révolutionnaire

Cependant, pour construire cette auto organisation et aspirer à construire une autre société, un facteur important ne peut pas rester absent. En effet, on s’aperçoit qu’il y a un décalage entre la radicalité qui existe dans les méthodes de lutte des gilets jaunes, de la classe ouvrière et de nombreux secteurs de la société aujourd’hui organisée, et l’absence d’une organisation politique qui souhaite faire des prochaines révoltes des révolutions. Les militants de Révolution permanente ont alors avancé la perspective d’un grand parti révolutionnaire. 

Face à cette proposition, les personnes présentes ont reconnu que le problème de l’organisation se posait et la question d’un grand parti révolutionnaire a été débattue. Reçu avec enthousiasme par certains, mais aussi questionnements pour d’autres. Tout d’abord autour de la possibilité de le construire, mais aussi des contours de celui ci. « Les classes populaires ont toujours été divisées en deux par la gauche et la droite, alors qu’ils appliquaient le même programme ». Pour résoudre cela, un des premiers critères, c’est l’unité des travailleurs et de tout ceux que l’État opprime. Marisol, mexicaine installée en France et ouvrière à Toulouse raconte émue « c’est quand on a dû aider un français qui était dans la merde en tant que mexicains que j’ai compris qu’on souffrait tous de cette société. La précarité elle est partout, au Mexique, en Colombie, au Chili, en France. » Oscar, étudiant étranger et précaire lui aussi prend la parole « c’est bien pour ça qu’il faut s’organiser. Le capitalisme il tue, ici et là bas, et nous on doit s’organiser parce que eux en face ils sont très organisés. »

Le débat a donc permis de faire un état de nos forces avant le 5 décembre, tout en posant la question de nos perspectives. S’auto organiser, se doter d’organes de coordinations, à la base, permettant de lier les différents secteurs en lutte et impulser des plateformes de discussions autour de la fondation d’un parti révolutionnaire, sont les différents thèmes centraux de la conférence abordés.

 
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