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La Izquierda Diario
28 de septembre de 2015 Twitter Faceboock

Cagnottes et casseroles
Claude Guéant, ripoublicain de catégorie A

Pierre Reip

Claude Guéant collectionne les affaires comme jadis il accumulait les fonctions. Notre homme, qui fut trois fois préfet, puis secrétaire général de l’Élysée et ministre sous Sarko, comparait cette semaine devant le tribunal correctionnel de Paris aux côtés de son vieil ami, également énarque, Michel Gaudin. Ce dernier, ex-préfet de Police de Paname de mai 2007 à mai 2012 est aujourd’hui directeur de cabinet de l’ex-président de la Ripoublique.
Les chefs d’inculpation ? Détournements de fonds publics, complicité et recel, ou comment nos deux larrons se sont sucrés sur les fonds spéciaux de la poulaille entre 2002 et 2004.

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« Claude Guéant, un homme d’intérieur »

C’est ainsi que Paris Match titrait son interview complaisante d’octobre 2013, réalisée dans l’appartement cossu de l’ex premier flic de France. Acquérir 90 m² pour 715.000 euros en « vendant » deux tableaux à un mystérieux homme d’affaires malaisien dans des circonstances douteuses ne suffit pas. Encore faut-il songer à la décoration. En la matière et comme à son habitude, Guéant ne fait pas dans la demi-mesure.

Le 27 février 2013, lors d’une perquisition dans le cadre de l’affaire Tapie, les enquêteurs tombent sur une vingtaine de factures d’électroménager, d’aménagement et d’ameublement, toutes réglées en liquide, pour un total de 47.614,80 euros. Interrogé en garde à vue, et face aux soupçons d’une provenance libyenne des biftons, Guéant se défend : « Ces paiements tiennent à une facilité qui consistait en ce que le ministère de l’Intérieur payait les primes de cabinet en espèces ». Patatrac ! Ainsi débute la nouvelle affaire : « Quel con j’ai été de garder des factures ! Franchement… » dira, pataud, mais lucide, Guéant à son comparse Gaudin le 13 juin 2013…le chasseur (de primes) ne se sachant pas écouté.

La valise de billets, antique tradition républicaine

Guéant fait partie de ces aficionados des plus anciens privilèges républicains. Nommé secrétaire de cabinet du ministre de l’intérieur Sarkozy en 2002, il digère mal la suppression des très opaques fonds secrets de Matignon alloués aux cabinets ministériels. Ceux-ci ont été remplacés in extremis sous Jospin par les indemnités de sujétion particulières (ISP), primes légales, légèrement plus contrôlées. Trouvant le nouveau système « un peu trop étriqué », Guéant va faire appel à son ami Gaudin, alors Directeur général de la Police Nationale (DGPN). Une chance pour nos compères, les frais d’enquête et de surveillance (FES), créés en 1926, ont toujours cours dans la Police. Conçus pour s’adapter avec souplesse aux situations particulières qu’exige le si beau métier de flic (recueil de renseignements, rémunération des informateurs, achat de matériel d’enquête etc…), ces fonds, qui se chiffraient à une dizaine de millions d’euros par an, ont pendant des lustres été alloués de façon purement discrétionnaire, au point de devenir l’équivalent de primes supra-légales et –cela va sans dire – non fiscalisées.

Ainsi marchait la ficelle : Gaudin piochait 10.000 euros par mois dans la cassette du FES pour Guéant qui en gardait 5000 et refilait le reste à ses collaborateurs. Ce qui lui a tout de même permis d’accumuler 210.000 euros pour sa pomme en deux ans. Ses adjoints Daniel Canepa et Gérard Moisselin et le chef de cabinet Michel Camux qui ont admis avoir perçu des biftons sont également poursuivis.
Depuis, les FES sont supprimés et les poulets sont priés de fournir des factures…ce qui fait grincer des dents chez nos habitués des petits billets. Il est des traditions auxquelles la Police reste très attachée…

 
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